C’est sur les exoplanètes que les astronomes cherchent aujourd’hui d’éventuelles traces de vie. Quels sont les moyens pour détecter ces planètes situées hors du Système solaire ? Serge Brunier : Leur distance de la Terre, en moyenne plus de 500 000 milliards de kilomètres, soit cinquante années-lumière, et le fait qu’elles émettent très peu de lumière, les rendent très difficiles à détecter. Elles sont quasiment invisibles. Mais depuis la découverte de 51 Peg b, la première exoplanète, en 1995, les astronomes ont eu la confirmation qu’une planète qui tourne autour de son étoile influence le mouvement de celle-ci et qu’il est possible de capter ce «va-et-vient». Depuis 2009, le télescope spatial Kepler, qui observe une région de la Voie lactée avec une caméra, a détecté deux mille exoplanètes. De puissants télescopes terrestres étudient leur taille, la durée de leur révolution, leur température, etc. en couverture Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Diffusé dans le cadre d’une programmation spéciale «La nuit des étoiles», le documentaire Planètes habitables fait le tour de la question. Analyse avec Serge Brunier, journaliste scientifique et auteur de la collection Entre Terre et ciel, autre temps fort de cette journée. Quelles sont les conditions pour que la vie puisse apparaître ailleurs que sur Terre ? On n’en sait rien ! Le problème de la recherche de la vie extraterrestre, c’est que personne ne sait pourquoi la vie est apparue sur Terre. Pour moi, la question fondamentale est de savoir si la vie peut émerger naturellement. C’est-à-dire : à partir du moment où les conditions qui la permettent sont réunies – eau liquide, matière organique, carbone, méthane, atmosphère, température stable, etc. –, la vie apparaît-elle ? Personne n’est en mesure de répondre. Sur Terre, les 4 N°33 – semaine du 8 au 14 août 2015 – ARTE Magazine êtres vivants sont issus d’une bactérie, née il y a quatre milliards d’années. Ce phénomène complexe est peut-être rarissime. Comment déterminer que la vie est apparue sur une autre planète ? Il faut parvenir à détecter des biomarqueurs, à savoir des marqueurs de la vie comme l’ozone, l’oxygène. C’est extraordinairement difficile. Mars en est l’exemple parfait. Depuis quatre siècles, l’homme y cherche de la vie sans jamais avoir été capable d’en trouver. Aujourd’hui, des télescopes terrestres supergéants sont en projet. Le plus grand est un télescope européen dans le désert d’Atacama au Chili. Il mesurera quarante mètres de diamètre et sera opérationnel vers 2025. Pourra-t-on savoir, grâce à ces «super télescopes», si nous sommes seuls dans l’univers ? Si la vie est un phénomène émergent, c’està-dire banal, ils seront sans doute en mesure de la détecter. Si des biomarqueurs sont repérés, nous pouvons imaginer que des fonds seront débloqués pour construire un hypertélescope spatial qui permettra d’observer cette vie. C’est un fantasme absolu. Pour ma part, je suis assez pessimiste. La recherche de la vie ailleurs pourrait s’avérer décevante. Depuis des décennies, nous écoutons le cosmos avec des antennes de radiotélescopes et il demeure silencieux. Une des réponses rationnelles est que nous sommes seuls dans l’univers ou, du moins, qu’il n’y a aucune civilisation similaire à la nôtre. Propos recueillis par Laure Naimski |