WEB Terrain miné pour Areva 8 N°26 – semaine du 20 au 26 juin 2015 – ARTE Magazine artPINFO Le 4 mars dernier, Areva annonçait une perte historique de près de 5 milliards d’euros pour l’année 2014. Comment un tel fiasco industriel a-t-il pu se produire ? C’est le point de départ d’une enquête exclusive d’ARTE Info sur ce qui pourrait constituer un nouveau scandale d’État. L’histoire démarre en 2007. Uramin, une société canadienne, dispose de trois gisements d’uranium en Afrique. Areva, alors dirigée par Anne Lauvergeon, en fait l’acquisition, espérant diversifier ses sources d’approvisionnement. Le fleuron du nucléaire français compte à l’époque y extraire un quart de l’approvisionnement nécessaire aux centrales du groupe pendant dix ans. De quoi justifier une facture dodue, dont le montant total dépasse les 3 milliards d’euros. Mais l’affaire commerciale tourne à l’échec retentissant. Des trois mines, dont celle de Bakouma, en République centrafricaine, ne sortira pas le moindre caillou exploitable. Simple erreur stratégique de la part d’Areva ? Cette gabegie s’avère d’autant plus mystérieuse que ces sites miniers avaient déjà été expertisés dans les années 1970 et jugés sans intérêt par la Cogema, l’ancêtre d’Areva. La transaction auraitelle servi à fournir à Areva un «trésor de guerre» financier, permettant l’octroi de commissions dans le cadre de futurs marchés ? C’est cette histoire à tiroirs que déroule en quatre chapitres le webdocumentaire Areva Uramin, bombe à retardement du nucléaire français. Dans une navigation tout en douceur qui privilégie l’utilisation du scroll, l’enquête exclusive réalisée par les journalistes de Slug News, d’Hexagones.fr et d’ARTE Info fait la part belle à des photos et des graphiques éclairants. Les parties en vidéo montrent comment un tel fiasco a pu se produire et surtout à qui il profite. Car dans cette saga aux multiples personnages, racontée comme un polar, les gros sous transitent aussi sous forme de commissions. La République centrafricaine accuse le députémaire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, d’en avoir bénéficié. De la défunte mine inexploitée de Bakouma aux portes closes des principaux protagonistes parisiens, les journalistes ont filmé pour la première fois et reconstitué un à un les éléments d’un puzzle sur le point de devenir une affaire politico-judiciaire. Le rachat d’Uramin, longtemps passé sous silence par Areva, est en effet revenu sur le devant de la scène au moment où le géant de l’atome a annoncé des résultats catastrophiques, début 2015, avec de la casse sociale en perspective. Les pertes du groupe, de près de 5 milliards d’euros en 2014, en grande partie liées à l’opération Uramin, font craindre un plan social d’envergure et des dettes épongées par le contribuable, puisque l’État détient 87% de l’entreprise. Nicolas Bole areva URAMIN, BOMBE À RETARDEMENT DU NUCLÉAIRE FRANÇAIS Webdocumentaire de Marina Ladous et Étienne Huver Production : Slug News, Hexagones.fr et ARTE Info arte.tv/uramin-bombe-a-retardement |