Jeudi 19 février à 20.50 THE CODE (1 & 2) Lire page 23 série TV hackers Le hacking dans la série télé a presque vingt ans. Mais avant d’apprécier une série comme The code, il aura fallu que les conventions s’affinent et que la société se réorganise. Explications. Depuis que Matthew Broderick, dans le film WarGames (1983), s’est infiltré par mégarde dans les bases de données du gouvernement, la figure du hacker n’a cessé de fasciner les scénaristes par son aptitude à menacer le pouvoir en solitaire. Cependant, la mise en scène de ses exploits s’est heurtée à la relative méconnaissance, dans le grand public, des arcanes de l’informatique, ainsi qu’à la difficulté de rendre visuels des enjeux qui sont essentiellement numériques et codés. Voir le cybercriminel Profit évoluer, dans la série du même nom (1996), dans une réplique « jeu vidéo » des multinationales qu’il infiltrait prêtait à sourire ; regarder la malicieuse Willow, dans Buffy contre les vampires (1998), créer des virus en huit secondes demandait une certaine propension à la crédulité ; entendre Scully déclarer « J’appelle l’Internet » dans les X-files poussait franchement à l’hilarité. Ce n’est qu’au XXI e siècle, avec la recomposition de la société autour des réseaux virtuels, qu’une série dédiée aux hackers a pu voir le jour. The lone gunmen – Au cœur du complot était un spin off (une série dérivée) des X-files, prenant pour héros les trois informaticiens paranos qui aidaient occasionnellement Mulder et Scully. Son pilote, diffusé en mars 2001, deviendra rétrospec- 6 N°8 – semaine du 14 au 20 février 2015 – arte Magazine tivement un favori des conspirationnistes en ce que les héros y déjouaient un complot gouvernemental visant à détourner des avions vers le World Trade Center. Complots déjoués également dans 24 heures chrono où, enfin, l’univers du thriller prenait en compte la mutation radicale de la société de l’information. Dans le sillage de Sherlock Mais les séries à avoir poussé le plus loin l’exploration psychologique, politique et même philosophique du phénomène, en proposant des solutions visuelles souvent stupéfiantes, sont à chercher du côté de l’animation japonaise, notamment les sagas Ghost in the shell, Serial experiment Lain ou Cowboy bebop. Leurs idées et leurs trouvailles visuelles seront abondamment reprises par la télévision anglaise, d’abord dans la SF avec la résurrection de la série Doctor Who (2005), avec sa petite sœur Torchwood (2006), et enfin dans la modernisation du personnage de Sherlock (2010) qui nous rappellera que le célèbre détective cryptologue de Baker Street est l’ancêtre de tous ces hackers magiciens, capables de percer les secrets en manipulant statistiques et variables. Rafik Djoumi Playmkaker Production |