20.50 Cinéma Le doulos Minutieuse peinture du « milieu », l’hommage de Melville au cinéma de John Huston et Howard Hawks. Une valse des menteurs qui enterre le polar traditionnel pour jouer avec nos nerfs. Faugel est un homme brisé. Pour se venger de l’assassinat de sa femme, il abat Gilbert Varnove, un receleur de bijoux qui l’héberge depuis sa sortie de prison. Puis il prépare avec son ami Rémy un cambriolage dans une villa de Neuilly et fait appel à Silien pour le matériel nécessaire au perçage du coffre-fort. Mais ce dernier passe pour un indicateur  : on l’appelle « le doulos » (le mouchard). La police survient pendant le casse. Dans la jungle des villes Cette troisième incursion de Melville dans le film noir, après Bob le flambeur et Deux hommes dans Manhattan, marque son entrée dans la cour des grands. La mise en scène dense et sobre, le climat à la fois réaliste et tragique confèrent au Doulos un ton nouveau, affranchi des « pigalleries » en vogue après la guerre. Variation sur le thème du double, du mensonge et du faux-semblant, le scénario impose au spectateur, habitué à classer les héros en bons et en méchants, une véritable guerre des nerfs. Première entorse à la dramaturgie habituelle  : Silien a deux amis, un flic et un truand. Incapable de choisir, il navigue à vue entre les deux mondes en tentant de sauver sa peau. Le tout jeune Belmondo insuffle sa grâce et son mystère à ce héros « melvillien ». Film français de Jean-Pierre Melville (France, 1962, 1h48mn) – Scénario  : Jean-Pierre Melville, d’après le roman de Pierre Lesou – Avec  : Serge Reggiani (Maurice Faugel), Jean-Paul Belmondo (Silien), Jean Desailly (le commissaire Clain), Michel Piccoli (Nutteccio), Monique Hennessy (Thérèse), Fabienne Dali (Fabienne) Image  : Nicolas Hayer – Montage  : Monique Bonnot – Musique  : Paul Misraki – Production  : Compagnia Cinematografica Champion, Rome Paris Films – (R. du 20/10/1997) Studiocanal/Raymond vOinquel 22.35 CINÉMA The limits of control Conte minimaliste et sartrien, ce périple d’un tueur à gages mutique à travers l’Espagne impressionne par sa maîtrise et sa poésie. Le synopsis tient en une phrase. Un homme dont on ne connaît pas le nom parcourt l’Espagne, à la rencontre d’autres anonymes. Étrange exercice auquel se livre Jim Jarmusch, probablement seul réalisateur actuel à pouvoir rendre un tel concept passionnant. Les personnages sont désignés par un adjectif – « le solitaire », « la blonde » – ou une nationalité – « le Français », « le Mexicain ». Tueur à gages de profession, le solitaire (Isaach de Bankolé) est un homme mutique, sans passé ni avenir, qui obéit à des codes précis. À chacune de ses rencontres, il commande deux cafés. On lui donne une boîte d’allumettes, il rend une autre boîte d’allumettes. Quelques phrases énigmatiques sont échangées, et le solitaire reprend sa route. Multifacettes On ne saura rien de la mission, rien des motivations du personnage principal. À chaque rencontre, pourtant, apparaît une facette différente de l’humanité, qui laisse le solitaire impassible. N’est-il qu’un témoin sans émotion ? On le verra seulement esquisser un sourire devant les circonvolutions hypnotiques d’une danseuse de flamenco... Lire aussi page 7 Film de Jim Jarmusch (États-Unis/Japon, 2009, 1h56mn, VF) – Scénario  : Jim Jarmusch – Avec  : Isaach de Bankolé (le solitaire), Jean-François Stévenin (le Français), Tilda Swinton (la blonde), John Hurt (le guitariste), Gael García Bernal (le Mexicain), Bill Murray (l’Américain) – Image  : Christopher Doyle Montage  : Jay Rabinowitz – Musique  : Carter Logan Production  : Focus Features, Entertainment Farm(EF), PointBlank Films N°5 – semaine du 24 au 30 janvier 2015 – ARTE Magazine Uriel Sinai/Getty Images ARD/DegeTO 0.30 LA LUCARNE UN NumÉrO sur ma Peau Près de 1 400 000 personnes ont été privées de leur identité à Auschwitz et dans les camps des alentours  : tatouées, elles n’étaient plus qu’un numéro. Histoire(s) de cette marque au fer rouge. Vera Rosenzweig et Zoka Lévy ont vécu l’holocauste. Le numéro gris-bleu tatoué sur leurs bras à Auschwitz leur rappelle cette époque indicible. Comment vivre avec cette mémoire dans la peau ? Est-ce un mémorial ou le symbole du triomphe sur les nazis ? Aussi divers que puissent être les destins, rares sont ceux qui l’ont fait effacer. Devenu code secret du coffrefort ou mot de passe du wi-fi, il unit aujourd’hui les générations. Des portraits touchants et une formidable leçon d’espoir, éclairés par une remarquable mise en image. Documentaire d’Uriel Sinai et Dana Doron (Israël, 2012, 54mn) janvier 26 lundi 13