Docside Productions documentaire Arrêt sur débâcle Innovant et spectaculaire, le nouveau docu-fiction de Fabrice Hourlier reconstitue la désastreuse épopée russe de Napoléon grâce une documentation historique sans faille et une technique de pointe, la stop motion. Avec Napoléon, la campagne de Russie, Fabrice Hourlier nous offre un copieux docu-fiction sur une des pages les plus sombres de la grande épopée impériale. Elle débute le 24 juin 1812, quand Napoléon, fort d’une armée de 500 000 hommes, franchit le pont du Niémen, sûr de conquérir la Russie en deux mois. Elle se referme cinq mois plus tard sur la traversée dantesque de la Berezina. La Grande Armée a été anéantie par l’hiver russe, la famine, les maladies et les cosaques, mais l’empereur a réussi à franchir la rivière avec sa garde et ses officiers, privant le tsar Alexandre I er et le maréchal Koutouzov du prestige d’une victoire. Hyperréalisme Alliant reconstitution méticuleuse et images 3D spectaculaires, Fabrice Hourlier démontre une fois de plus sa maîtrise des grandes fresques historiques et des séquences de fiction (lors des 8 N°3 – semaine du 10 au 16 janvier 2015 – ARTE Magazine Samedi 10 janvier à 20.50 NAPOLÉON, LA Campagne DE russIE Lire page 11 reconstitutions) qui ont fait le succès du Destin de Rome et d’Au nom d’Athènes, diffusés par ARTE en 2011 et 2012. Il innove ici avec l’introduction d’une technique, la stop motion, qui, alliée à la photogrammétrie (système de mesures et de modélisation reconstituant le relief d’une scène), permet de voyager dans différents instants de cette grande tragédie napoléonienne. L’action est figée et la caméra plonge et évolue au milieu des détails infinis d’un tableau en 3D et en haute définition. Certaines images sont stupéfiantes, comme un travelling arrière qui permet de suivre, depuis son point d’impact, la trajectoire d’un boulet de canon qui a perforé le thorax du général Montbrun. Cette séquence rappelle, non sans humour, le jeu vidéo, mais l’image de l’infortuné militaire, immortalisé dans sa pose de bravoure et reconnaissable à sa fine moustache noire, montre aussi l’hyperréalisme de cette reconstitution. Celle-ci s’appuie également sur les interventions d’historiens, français, anglais et russe, et sur différents protagonistes qui alimentent la fiction documentaire. Ils permettent ainsi d’évoquer des épisodes méconnus de la campagne de Russie. La grande histoire rencontre la « petite », celle des oubliés, des « traînards », blessés et civils restés de l’autre côté de la Berezina, qui firent les principaux frais de ce désastre. Entre longue durée et instantanés en 3D, Fabrice Hourlier reconstruit habilement les temporalités contrastées de cette apocalypse napoléonienne. Jean Demerliac |