Ci-dessus, Claire Allard dans son bureau de Carrefour City donne l’impression de s’être muée en infirmière. © FM artdeville - Édition chicxulub « Au début, il y avait des comportements un peu agressifs, des gens un peu paniqués ou chiants, qui ne respectaient pas les distances ou la queue. Il y a eu aussi plus de vols. » En témoignent les nombreuses copies de cartes d’identité, celles des indélicats, punaisées au mur de la réserve. Mais ce qui préoccupe le plus Claire, c’est l’état de son père, malade, qu’elle ne peut pas aller voir. « Heureusement, avec l’équipe, ça se passe bien. Seule une personne à l’essai a pris peur et n’a pas souhaité prolonger son contrat. » L’équipe en question, également très jeune, accepte les heures supplémentaires. Insouciance de l’âge ou résignation ? Tous témoignent en tout cas de l’étrange chorégraphie qui se joue parmi l’exiguïté des rayons : « Quand on passe, les gens font quelques pas de côté. » Difficile, en effet, de respecter les gestes barrières dans ces allées si 30 étroites. La livraison à domicile pourrait-elle limiter la fréquentation du magasin ? Au sol, dans le minuscule bureau de Claire, une dizaine de sacs attestent que le service est opérationnel, notamment auprès des personnes âgées. « On a un peu peur, quand même. Si l’un d’entre nous l’attrape, il faudra fermer le magasin », s’inquiète Claire. n Les Pousses de Louise Jean-Luc Coyère, agriculteur urbain, a connu solidarite-occitanie-alimentation.fr par la Chambre de commerce et d’industrie, qui l’en a informé par mail. Ce site, lancé par la Région Occitanie pour répondre à l’urgence face à la crise Covid-19, recense « les initiatives des professionnels de l’agriculture, de l’agroalimentaire et commerces alimentaires en Occitanie qui se mobilisent pour nous livrer à manger à domicile » (voir encadré). Une bouffée d’oxygène inespérée pour Jean- Luc, 48 ans, qui a créé sa société en 2018 ? À quelques rues de la gare St-Roch de Montpellier et quasi voisin de l’auteur de ses lignes, nul ne connaissait l’existence de l’autre. Jean-Luc cultive des micropousses de capucine, radis, wasabi, oseille, moutarde, pois, shiso, toona, hysope anisée, etc. Sa clientèle principale : les restaurants aujourd’hui fermés ; une perte de près de 100 % de son chiffre d’affaires. Seuls quelques particuliers continuent de lui passer commande. Quant au site, mis en ligne l’avant-veille ? « Pour l’instant, je reçois des messages par mail de personnes intéressées et j’attends qu’elles passent commande ». Visiter ses locaux ? Impossible. Non seulement les gestes barrières ne pourraient pas être respectés, mais se mouvoir tout court y est un problème constant, à partir de deux personnes : 10 m 2 seulement de son propre appartement lui permettent de faire germer ses plants. « Grace à des étagères, la surface totale avoisine les 50 m 2 . Et la croissance est très rapide. Entre 8 jours et 3 semaines. » Suffisant pour se dégager un salaire, affirme-t-il. En temps normal. Hyper concrentrés en goût – jusqu’à 40 fois plus de nutriments qu’une même variété adulte – les micropousses sont vendues en barquettes pour quelques euros. Pour la coriandre, les radis, la roquette ou les petits pois, comptez environ 3 euros. Idéal pour des |