Art de Ville n°67 avr/mai 2020
Art de Ville n°67 avr/mai 2020
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°67 de avr/mai 2020

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Chicxulub

  • Format : (205 x 270) mm

  • Nombre de pages : 54

  • Taille du fichier PDF : 17,1 Mo

  • Dans ce numéro : spécial covid, quand la ville s'évanouit en Occitanie.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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artdeville - Édition chicxulub Dossier Covid-19 USA : « Nous voyons beaucoup plus de personnes qu'auparavant » Bruno Lombard - Bloomfield Hills, mardi 31 mars Nous habitons dans le Michigan, un des États les plus touchés. Le télétravail est obligatoire à moins d'être considéré essentiel. Certaines compagnies ont commencé à faire prendre des congés forcés, d'autres imposent des réductions de salaire, d'autres imposent des jours sans solde. Les supermarchés sont ouverts mais les heures d'ouverture sont réduites, le nombre de personnes à l'intérieur des supermarchés est également limité. Il y a de longues queues (environ 30 minutes d'attente) avant de pouvoir entrer dans un supermarché. Les restaurants sont fermés au public mais la plupart des restaurants offrent de livrer à domicile. On peut toujours se promener/courir dehors, d'ailleurs nous voyons beaucoup plus de personnes qu'auparavant, des personnes du voisinage que nous ne voyions jamais avant la crise. Nous profitons pleinement de notre maison, donc ça ne nous dérange pas, on en profite pour finir toutes les petites bricoles qu'on avait jamais le temps de finir. On trie beaucoup aussi, on se débarrasse de pas mal de choses dont nous ne nous servions plus depuis des lustres. On fait pas mal de sport à la maison aussi. Netflix le soir. n Serbie : « Des séries télévisées sans sexe, sans violence, sans jurons » Philippe le Toulonnais - Belgrade, mercredi 1 er avrilAprès 20 ans passés à Seattle aux États- Unis, nous voici à Belgrade en Serbie. Nos trois fils sont restés en Amérique. Ici, les personnes du troisième âge sont confinées 24h/24, les autres sont libres de sortir de 5 heures du matin jusqu’à 5 heures de l’après-midi. Après, c’est le couvre-feu. Vu mon âge, je reste donc à la maison, ma femme, qui est plus jeune, fait les courses, va à la poste, paie les factures, etc. En temps normal, nous faisons 10 km par jour, longeant le Danube. Ce n’est plus possible. Puisque j’ai la permission de sortie le dimanche de 5 à 8 heures du matin, notre longue promenade quotidienne est devenue hebdomadaire. Cependant, je me sers de mon vélo stationnaire 26 tous les jours, en rallongeant progressivement la durée de mon entraînement. Je me sers aussi de mes haltères. La télé est allumée toute la journée. En musique de fond, nous écoutons des cantiques spirituels français ou de la musique gospel américaine. Le matin, nous lisons la Bible en français, à haute voix. Le soir, d’habitude, nous recherchons des séries télévisées sans sexe, sans violence, sans jurons. Les psychologues américains nous persuadent que les personnes grossières sont plus intelligentes, mais mon expérience pédagogique et académique aux États-Unis m’a démontré le contraire. Nous avons découvert « Highway to Heaven » (Les Routes du paradis) avec Michael London. Je sais que c’est idyllique et un peu naïf, mais cela correspond à nos critères. Nous écoutons aussi des prédications télévisées, en anglais ou en français. J’ai un peu l’impression d’être au monastère. Mon frère Daniel, qui vit à Strasbourg, me disait l’autre jour sur Skype : « Cesse de répéter que tu te prépares pour l’éternité, c’est un peu dépressif. » Pourtant ma femme et moi, nous ne sommes pas dépressifs du tout, mais pleins de vie. Je ne veux pas faire de prêchiprêcha, juste un verset biblique pour terminer, Esaïe 55:6 « Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve ; invoquez-le, tandis qu'il est près. » Prions pour que l’Éternel rallume la flamme huguenote en France ! n Québec : « C’est le temps des sucres » Cécile Lazartigues-Chartier - Montréal, mardi 31 mars La situation change de jour en jour. Si au début de la pandémie, nous avions un certain recul, là comme partout dans le monde nous sommes dans la tourmente. Les consignes d’isolement sont plus souples, peut-être parce que les Québécois sont généralement plus dociles que les Français. Ce qui permet encore de s’aérer, même si les parcs viennent d’être fermés officiellement. Nous vivons au ralenti, pour ceux qui le peuvent on travaille de la maison. La situation est critique pour bon nombre d’entreprises et les travailleurs autonomes comme moi ne peuvent imaginer comment va se dérouler la suite. Mais nous restons axés sur le positif, on souligne le travail fantastique du corps médical mais aussi les anonymes qui, comme les caissières ou les services essentiels, font que notre vie peut malgré tout continuer. Les initiatives positives se multiplient : regroupement des artisans locaux pouvant livrer, restaurants offrant la livraison et incitant à offrir des livraisons à ceux qui sont isolés ou démunis, des initiatives créatives de
mise en commun de compétences, des artistes qui offrent des alternatives originales pour soutenir l’esprit de la communauté. S’il n’y a plus de neige à Montréal, la neige est partout ailleurs. C’est le temps des sucres, de la récolte de l’eau d’érable à faire bouillir pour obtenir le sirop d’érable. Il s’agit d’un moment très attendu au Québec car on se réunit pour festoyer dans les cabanes à sucre, c’est traditionnel et très social. Ce sera pour l’année prochaine ! Bref, on garde à cœur ceux qui sont à Montpellier, mais aussi notre réseau ici. Et l’entraide s’impose encore plus, avec cœur. n Danemark : « Consensus et pragmatisme comme valeurs pour sortir de la crise » Xavier Lucas-Sennenwaldt - Copenhague, Jeudi 9 avril LCela fait maintenant cinq semaines que le pays est « fermé ». Peuple traditionnellement pragmatique et consensuel, les Danois, (population : 5,7 millions habitants et un des PIB/hab les plus élevés au monde) ont immédiatement appliqué les règles de confinement, à la demande de la Première ministre Mette Frederiksen. Nous nous sommes mis au télétravail (très répandu ici depuis longtemps). Pour ceux d’entre nous qui ont des enfants en bas âge, nous avons endossé le métier d’enseignant, les élèves étant en permanence connectés avec les écoles grâce à Internet et aux vidéo-conférences trois fois par semaine avec les enseignants. L’arrêt brutal de l’ensemble des acteurs économiques à l’exception de la filière agro-alimentaire et de la distribution alimentaire a évidemment plongé dans un immobilisme économique dangereux dans ce pays où l’export représente plus de 60 % du PNB et occupe presque 50 % de la population active. Pays de consensus séculaire, les différents partis politiques et organisations syndicales ont, comme de coutume, adopté très vite un plan commun débloquant 300 milliards de couronnes danoises (1 euro = 7,45 dkr) destinés à aider les entreprises. Pour éviter le chômage, le gouvernement a également décidé de garantir le paiement des salaires avec un plafond de 30 000 dkr/mois), le reste étant à la charge des entreprises. Il est vrai que la santé économique du Danemark est très bonne et ce depuis longtemps, ce qui confère aux dirigeants qui gouvernent le pays un volant d’action considérable. Dans ce contexte évidemment inattendu, le Danemark encaisse, comme tous les autres pays, un choc lourd mais la rapidité des mesures prises et la discipline générale et la notion d’intérêt pour tous qui domine largement la culture danoise devraient permettre d’absorber le choc du Covid-19 relativement bien. Après… ? Nous avons tous hâte de nous remettre au travail normalement, voyager pour aller faire du commerce avec de nombreux pays : La chance du Danemark est que son économie ne place pas « tous ses œufs dans le même panier » : le pays exporte beaucoup, partout ; les Danois sont, grands et petits, polyglottes et très ouverts vers l’étranger. De ce fait, les risques sont répartis et à la lumière de ces caractéristiques, il faut aussi que la France considère le Danemark comme un partenaire économique sérieux et fiable avec lequel développer de nouveaux courants d’affaires devrait être une priorité dans les plans des entreprises qui, fragilisées par le Covid-19, auront besoin (et intérêt ?) de considérer leur développement international comme une priorité à l’heure où le contexte économique et social est très dégradé dans l’Hexagone. Vivant à Copenhague depuis de nombreuses années, je me tiens à votre disposition pour partager mon expérience du pays et les opportunités de développement et de partenariats qui sont envisageables entre la France et le Danemark. n lucas.sennenwaldt@gmail.com



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