Art de Ville n°36 oct/nov 2012
Art de Ville n°36 oct/nov 2012
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°36 de oct/nov 2012

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Chicxulub

  • Format : (205 x 271) mm

  • Nombre de pages : 24

  • Taille du fichier PDF : 2,7 Mo

  • Dans ce numéro : Zaha Hadid, la "starchitecte" livre Pierre Vives, la Cité des savoirs et du sport pour tous.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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* événement Bill EvansAu Jam, Montpellier, jeudi 1 er novembre le grand jazz, version « americana » Bill Evans est surtout connu en France pour être l’un des rares saxophonistes ténor et soprano à avoir joué avec Miles Davis. Une notoriété très honorable, mais bigrement réductrice ! A vingt-deux ans, il enregistre certes avec le maître six albums dont The Man with the Horn (1981), We Want Miles (1982), Star People (1983) et Decoy (1984) ; des plages musicales qui intègrent désormais la grande histoire. Mais avec des débuts aussi prestigieux, la carrière de Bill Evans ne s’est évidemment pas arrêtée là. Il joue dans plusieurs orchestres dont le Mahavishnu de John McLaughlin. Avec son propre groupe, il joue plus de 90 concerts par an. A la scène comme en studio, il est accompagné d'artistes notoires tels que Herbie Hancock, Mick Jagger, Randy Brecker, Danny Gottlieb, Mark Egan, les Allman Brothers, Bela Fleck, entre autres. Soul Insider (2000), Soulgrass (2006) et Bill Evans - Vans Joint with WDR Orchestra (2009) sont récompensés d’un Grammy Award. Interview Photo DR Un autre célèbre Bill Evans a joué avec Miles Davis avant vous. La confusion qu’on a pu faire entre vous ne vous a-t-elle pas gêné ? En fait, Bill Evans est un des noms les plus populaires aux Etats-Unis. Dans chaque annuaire de chaque ville vous y trouverez un Bill Evans. A ma connaissance aucun artiste n'a changé son nom pour éviter toute confusion. Pour être honnête, cela n'a jamais été un problème. En effet, au début de ma carrière, les gens retenaient mon nom en pensant à l'autre artiste, mais quand j'ai débuté ma carrière, celle de Bill Evans, le pianiste, s'achevait. Il est mort en 1980, j'ai rencontré Miles Davis à la même époque, ceux qui étaient au courant n'ont fait aucune confusion. Collaborez-vous toujours avec les musiciens qui comme vous ont joué avec Miles Davis ? Oui ! Darryl Jones, Mike Stern… attendez, je réfléchis. C'était il y a longtemps. C’est arrivé en juillet dernier au festival international de jazz de Montréal, pour un « Tribute to Miles » avec Dell Jones, Wallace Roney, Larry Coryell, et Omar Hakim. Que du beau monde ! Oui, c’était un concert en hommage à Miles Davis. Mais nous ne sommes pas si nombreux à avoir joué avec Miles Davis, il y a donc peu de musiciens avec qui jouer. N’en avez-vous pas assez qu’on vous parle de cette période de votre vie ? En fait, on ne m’en parle pas tant que ça. Depuis vingt ans c’est quelque chose dont on peut être fier mais c’était il y a longtemps et la musique a beaucoup changé depuis. Pour ce qui me concerne, j’ai fait partie de tant de groupes et j’en ai monté tant que ma musique a évolué ; je suis un musicien différent que celui que j’étais à l’époque. Ç’a été un grand moment pour moi, mais j’étais très jeune et musicalement, j’étais à un stade très différent. J’imagine qu’entre-temps vous avez fait pas mal de choses… J’ai eu un groupe de 1992 à 1997 qui s’appelait Bill Evans and Push, nous avons vendu beaucoup de disques en Europe. Nous avons tourné jusqu’à 100 concerts par an. C’était une combinaison de hip-hop, de jazz, et de 20
Bill Evans en compagnie de Carlos Santana Photo Dino Perruci funk. Et on a fait plutôt de grands concerts, la plupart du temps dans des théâtres. C’était une musique très progressive et innovante. Beaucoup de jeunes venaient nous écouter. Mais la plupart des critiques plus intéressés par le jazz n'ont pas vraiment réalisé que les foules que nous déplacions étaient aussi importantes que celles présentes aux concerts de Miles Davis. Elles ne s'en sont pas rendu compte car leur curiosité principale était le jazz mais ce que nous jouions était du jazz mélangé à du hip-hop, à du rock et du funk, qui par essence est l’étape suivante pour le jazz. J’avais des rappeurs sur scène, des chanteurs, des percussionnistes : un grand groupe. Je tournais avec un groupe de funk acoustique, avec Jim Beard, Vinnie Colaiuta Dennis Chambers, de bons musiciens. Depuis cette époque je suis toujours resté très impliqué. Comment décririez-vous votre style ? J’aime les différentes combinaisons de musiques, qui utilisent des instruments qu’on pourrait considérer comme n’étant pas des instruments pour le jazz. Par exemple le banjo, violon, instruments plus « americana ». Parce que ces instruments sonnent bien ensemble avec le saxophone. Vous pouvez créer des improvisations vraiment intéressantes car même la musique comme le bluegrass est une forme d’improvisation. Et le jazz est improvisation. En combinant les formations, vous obtenez quelque chose d’intéressant pour celui qui écoute, parce que c’est frais, ça n’a pas été entendu très souvent. C’est ce qui m’inspire. Le jazz peut-il exister par lui-même ou a-t-il besoin d’être mixé à un autre genre de musique ? Eh bien, c’est ainsi qu’il a été inventé initialement. Ce mélange a commencé il y a cent ans avec des évolutions et des changements constants. Des gens comme Miles l’ont changé, John Coltrane, Chick Corea, et de nombreux musiciens ont contribué à ce changement. Les gens ont des périodes qu’ils préfèrent, y compris moi-même. J’adore écouter du vieux Miles Davis, du vieux John Coltrane, ou du Sonny Rollins. Pour moi ce sont les meilleurs morceaux. Pas plus tard qu’il y a un quart d’heure, je le jouais encore à tuetête. C’est de là que je viens. J’aime chanter également. J'ai un batteur, Josh Dion, incroyable chanteur qui joue avec moi à présent, c'est très intéressant également pour les auditeurs, le public me dit souvent je n'avais jamais ce type de son qui est nouveau, et ils aiment ça. Votre dernier disque, Dragonfly, est très rock J’enregistre la musique qui m’inspire. J’adore cette musique et j’en joue pour cela. Si tel n’était pas le cas, je ne pourrais pas le faire. Que je joue du saxophone en acoustique ou avec mon groupe Soulgrass, j’improvise exactement comme j’improviserais lors des concerts de jazz. Soulgrass et Dragonfly sont très différents Ils le sont et ils ne le sont pas. Je joue toujours du saxophone, il y a toujours du banjo, j’utilise plus de voix. La musique doit changer ; je ne peux pas faire toujours le même disque. De Soulgrass, le disque précédant, à Dragonfly, les choses ont évolué. Et cela amène beaucoup de jeunes à ma musique, aux Etats-Unis. Le premier disque qu’ils connaissent de moi, c’est Dragonfly. Et parmi eux la plupart n’ont jamais entendu parler de Miles Davis. Mais ils me connaissent parce que je joue de temps en temps avec les Allman Brothers, un guitariste nommé Warren Haynes, et Willie Nelson aussi. Ils me disent : « Oh, vous êtes le saxophoniste qui joue avec les Allman Brothers ! » (rires) Et je leur dis : « J’ai joué du jazz avant ces gars », et ils me répondent : « Je ne les connais pas. » Avec le bluegrass, le rock ou encore la soul, vous semblez plus intéressé par le passé que regarder vers l’avant Je ne raisonne pas comme ça. Quand je suis dans mon studio ou avec mon groupe, je joue la musique que j’aime et on peut l’appeler comme on veut : je ne pense pas à ça. Et même si on essayait en pensant que cela pourrait plaire au public, ça ne marcherait pas. Alors mieux vaut s’occuper de ce qu’on veut faire. Il n’y a pas de garanties. A moi, la techno n’a rien apporté encore. Maintenant, dans le futur, peut-être y aura-t-il des choses à faire, mais… La techno ne vous inspire donc pas Je suis plus intéressé par les gens qui écoutent de la musique pour ce qu’il y a dans la musique, et non juste par un rythme. Je suis allé à un concert techno il y a deux semaines et les gosses qui étaient là avaient entre 21 et 28 ans. Et c’est juste un « groove ». Ils dansaient et se rendaient dingues. Et ils n’ont même pas prêté attention au saxophoniste qui jouait. Ils n’en avaient d’ailleurs rien à faire ! Tout ce qui leur importait c’était la puissance du rythme, celle des basses et de la batterie. Ce qui m’intéresse ce sont les personnes qui écoutent les cordes, qui sont sensibles à l’harmonie. Ces jeunes auraient tout aussi bien pu se contenter d’une boîte à rythmes. Etes-vous heureux avec votre musique ? Oui, j’aime ce qu’elle m’apporte en ce moment. Nous changeons tout le temps. Les gens apprécient d'autant plus que notre musique offre un mélange de nouveaux ingrédients. L'important c'est d'avoir des musiciens qui savent jouer. Vous parlez un peu le français ? Je le parlais mieux avant (en français). Je joue avec John Mclaughlin qui le parle très bien. J'ai appris à l'école et ma soeur vit à Avignon depuis cinq ans, elle le parle parfaitement. n Propos recueillis par Fabrice Massé, et retranscrits avec la collaboration de Laetitia Ngoué Renseignement réservation : http://www.lejam.com/21



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