Le climat de l’Hérault change son agriculture aussi Spécialistes ou non, les témoins de ce changement nous éclairent de leurs points de vue et de leurs idées pour faire face, pas forcément pessimistes. Par Magali Reinert Pour mémoire, seuls cinq degrés nous séparent du dernier épisode glaciaire d’il y a - 20 000 ans. En trente ans, la température est déjà montée de 1,5 °C dans l’Hérault, une tendance qui devrait se poursuivre selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Cette augmentation transforme déjà la faune et la flore du département : le hêtre trouve la région de moins en moins vivable, le barracuda vient rôder au large de la côte d’azur et les oiseaux migrateurs ne traversent plus forcément la Méditerranée en hiver. André Castel, président de la cave coopérative de Roquebrun, n’a d’ailleurs pas besoin d’interprétation scientifique pour constater que les rendements de sa vigne ont baissé d’un quart ces dernières années. Le viticulteur doit démarrer ses vendanges quinze jours plus tôt, en période de sécheresse. Frédéric Laget, de l’Association climatologique de l’Hérault (ACH), confirme que l’augmentation de la température avance la floraison, ce qui, combiné avec l’allongement de la sécheresse entre fin juin à début septembre, entraîne une baisse de la production. Et si l’irrigation de la vigne peut sembler une énormité, les experts s’accordent pour dire qu’un apport d’eau ponctuel est aujourd’hui nécessaire pour conserver une régularité de la production. L’agroforesterie, une assurance risque Le réchauffement annonce donc une série de problèmes pour l’agriculture qu’il va falloir pallier, comme le manque d’eau estival, le développement de nouveaux ravageurs et les risques de crues. Certains se plaisent néanmoins à imaginer de nouveaux horizons. Car un climat méditerranéen plus chaud, c’est aussi « de nouvelles opportunités », selon Michel Pieyre, de la mission développement durable du Département. Avec la translation des espèces cultivées vers le nord, l’Hérault pourrait se mettre à accueillir des plantes qui n’arriveraient plus à pousser plus au sud, devenu trop chaud. Frédéric Laget rappelle en effet qu’à 35 °C, la photosynthèse de la plante est divisée par deux, et qu’au-delà de 40 °C, elle s’arrête ! Si en 2050, le département a gagné trois degrés, exit le blé dur et bienvenu au pois chiche, une culture typiquement méditerranéenne adaptée aux terrains secs. 16 |