Art de Ville n°27 déc 10/jan-fév 2011
Art de Ville n°27 déc 10/jan-fév 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°27 de déc 10/jan-fév 2011

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Chicxulub

  • Format : (205 x 270) mm

  • Nombre de pages : 24

  • Taille du fichier PDF : 2,8 Mo

  • Dans ce numéro : les origines romaines de Montpellier découvertes à... Murviel.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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* art Annie Abrahams, A l’avant-garde du numérique, A. Abrahams explore les limites de la communication. Sylvain Duigou Il serait temps, enfin, de s'intéresser au cas d’Annie Abrahams. Cette artiste néerlandaise, à la fois docteur en biologie et diplômée des Beaux-Arts d'Arnhem, vit à Montpellier depuis de nombreuses années, relativement discrètement. Elle fait pourtant partie des pionniers du net-art et poursuit, décidée, sa carrière internationale loin du « star-system » de l'art contemporain. Le travail d'Annie Abrahams déconcerte. Dans ses performances, pas d'écran géant immersif, pas ou très peu de musique (sauf si c'est le sujet du travail), pas de mise en scène grandiose. La technologie est réduite à sa plus simple expression : un ordinateur, une webcam, un micro et un écran de taille standard ; le strict minimum. A propos de son travail, Annie parle plus volontiers de « performances télématiques », c'est-à-dire des performances où la notion de communication à distance est au centre du questionnement. Comment communiquer ? Comment travailler, interagir, construire un dialogue ou un non-dialogue ? Car en effet, dans ce contexte, la difficulté à communiquer ou l'absence totale de communication fait ici sens. La communication en question Quand Annie entre au collège, elle ne parle que le patois de sa région et ne connaît le néerlandais que pour lire ou écrire. Elle a donc forcément vécu un moment plus ou moins long d'isolement, peut-être de mise à l'écart par ses camarades. Annie ne peut alors qu'observer les autres. Cette expérience ne peut être que marquante dans une vie. Entendre sans comprendre, observer les autres et essayer d'apprendre, c'est certainement de cette façon que les premiers mois de collège se sont déroulés pour elle. On retrouve cette notion d'absence de compréhension et cette position d'observatrice dans la plupart des performances récentes d’Annie : « Je crée un protocole, je demande à des personnes d'utiliser ce protocole et j'observe, j'étudie, je guette le moment où l'imprévu va se dérouler ; le moment où la personne va laisser échapper quelque chose de lui-même, quelque chose qu'il cache. » Performance vs spectacle « Je me considère pourtant comme une performeuse, même si mon rôle d'actant est réduit au minimum. Et beaucoup de gens se trompent quand ils lisent performance dans un programme. Ils pensent à « spectacle » et s'attendent à autre chose, à un produit fini et spectaculaire, alors que ce que je montre, ce sont des expériences, des recherches, des tentatives. Ce que j'attends du spectateur, c'est 20 Photo Olga Westrate Nimk Amsterdam justement qu'il ne soit pas un spectateur. Je veux qu'il devienne observateur avec moi et qu'en même temps que moi, il apprenne de ces expériences… Et pour moi, ce qui m'intéresse c'est plus le fait de faire l'expérience que d'en obtenir un résultat. » « Par rapport au déroulement des performances, il y a juste le protocole technique et celui avec moi et les participants qui sont définis à l'avance, le reste se passe sans préparations, ni répétitions. D'ailleurs, récemment j'ai fait une résidence à Mons où j'ai travaillé avec des comédiens. Pour la première performance, ils étaient très bien, mais pour les suivantes, c'était beaucoup moins intéressant car ils avaient déjà commencé à intégrer une routine. C'est justement l'inverse qui m'intéresse, l'accident. » Influences « Je lis énormément, et ça m'influence beaucoup, j'achète des livres mais je lis surtout des documents qui ne sont disponibles que sur internet et que j'imprime, des textes critiques ou théoriques, des articles. Mais ça devient de plus en plus dur de trouver des choses pertinentes car elles sont noyées dans la masse. Dans les années quatre-vingt-dix, c'était plus simple. Nous n'étions pas nombreux à être présents sur le web. C'était facile de trouver ce qu'on voulait. Sinon, j'essaye de me tenir au courant de l'actualité artistique par l'intermédiaire de listes de diffusion. Il y a bien évidemment énormément d'artistes que je respecte, mais mes idées, je les puise surtout dans ma vie personnelle, les troubles R.S.I. (Repetitive Stress Injury) avant mon séjour en psychiatrie en 2000. » Les longues heures passées devant l'ordinateur, le stress engendré et les violents désordres physiques qui en résultent ont en effet conduit Annie Abrahams à la dépression. La situation fut telle qu'il convînt de l’éloigner de toute situation de stress, physique ou mental. « Fini le temps où je ne considérais mon corps que comme une enveloppe nécessaire ». Parfaitement remise, reste aujourd’hui l’artiste inclassable… et détendue. www.bram.org - http://aabrahams.free.fr Sujet réalisé à partir d'entretiens avec Annie Abrahams, mêlés à des éléments tirés de l'entretien d'Annie avec Maria Chatzichristodoulou pour www.digicult.it/digimag
artiste rescapée. Photo Sylvain Duigou 21



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