aGriculTeur De ruruTu, reVenanT De sa cueilleTTe eT TransPorTanT sur son éPaule un réGiMe Mûr De Fē’i. A FArmer From ruruTu, CArryiNg A BuNCh oF ripe Fē’i oN his wAy BACk From his plANTATioNs. 90 Au commencement, Ta’aroa, dieu polynésien, créa le monde. De sa colonne vertébrale, il fit les montagnes, ses larmes devinrent des océans, des rivières ainsi que des lacs... De ses plumes et des premiers hommes furent engendrés plantes et verdures, dont la banane, mei’a de son nom en langue tahitienne. Elle est un des fruits les plus consommés au monde mais aussi en Polynésie française où chaque jardin, public ou privé, possède un ou plusieurs plants. Quelle place occupe donc ce fruit en Polynésie ? Comme pour de nombreuses plantes retrouvées en Polynésie française, certaines espèces de bananiers comme les Musa paradisiaca et Musa troglodytarum furent apportées par les premiers explorateurs polynésiens venus d’Asie du sud-est, il y a de cela plus de 1000 ans. D’autres espèces (Musa sapientum et Musa nana) et variétés furent, quant à elles, introduites après l’arrivée des premiers navigateurs européens. Ces introductions modernes ont conduit à la disparition de certaines variétés et à l’apparition d'autres. Il est ainsi diffcile de déterminer quelles espèces étaient initialement présentes. Les bananiers ont toujours fait partie intégrante de la vie des Polynésiens. Ces derniers avaient pour habitude de couper les régimes encore verts et de les laisser sous un abri pour empêcher tous vols ou dommages aux fruits causés par les oiseaux. nam "1"Pl-,r1" : Lorsqu’un tāmā’ara’a’a (un repas en tahitien) était prévu et que les fruits n’étaient pas encore mûrs, ces derniers étaient placés dans des fosses pour accélérer leur murissement ; après quelques jours, les bananes étaient prêtes à être consommées. Les feuilles étaient et sont encore utilisées de manière traditionnelle comme nappes et permettent également de recouvrir le ahimā’a, le four traditionnel. Aux Marquises, les troncs aplatis étaient disposés sur les pierres chaudes du four traditionnel pour éviter la combustion des aliments et favoriser une cuisson à l’étouffée. Ces multiples utilisations démontrent l’importance de cette plante dans la culture polynésienne. Présentation botanique PhoTos : P.BaccheT Contrairement aux idées reçues, les bananiers sont des herbacées. Appartenant à la famille des Musacées, ces grandes herbes peuvent atteindre jusqu'à 10 mètres de hauteur et sont retrouvées près des habitations en basse altitude et/ou en montagne en fonction des espèces et variétés. Plantes tropicales, les mei’a poussent préférentiellement dans des endroits humides et se développent sous exposition moyenne au soleil. |