les Jeunes FeMMes s’accrochent des PluMes aux doigts Pour danser le haka Manu, la célèBre danse de l’oiseau/youNg woMeN ATTACh FeAThers To Their FiNgers To perForM The hAkA MANu, The FAMous Bird dANCe. 64 Transmission et croissance C’est tout l’enjeu du festival cette année dont le thème est « la croissance de la culture » L’événement doit être pris comme un moment d’échange et de partage pour transmettre cette culture aux générations futures, elles qui doivent se l’approprier à leur tour pour la faire grandir. Comme le rappelait Édouard Fritch, président de la Polynésie française lors de son discours d’ouverture « La diversité des cultures de la Polynésie française est une richesse. La culture marquisienne est l’une de ces richesses. Richesse transmise par nos parents, héritage que nous devons transmettre à nos enfants. Il est de notre devoir de préserver et de promouvoir cette diversité et vos capacités créatrices. L’héritage à transmettre doit être enrichi et non seulement préservé. » Chaque délégation compte quelques enfants dans ses rangs. Les jeunes garçons qui participent aux haka ont même parfois des rôles privilégiés. Leur âge n’enlève rien à l’énergie qu’ils déploient pendant les performances. On sent chez les anciens l’apaisement de voir la relève en marche. Dans le public, quelques touristes, mais la majorité sont des Marquisiens de toutes générations. Ils assistent aux représentations en famille. Une jeune fille s’approche de sa grand mère « Mamie, aide moi à rattacher la couronne à mes cheveux, je n’y arrive pas » On sent l’importance pour cette fillette d’être belle et la fierté de porter un costume confectionné en tapa, spécialité de l’île de Fatuiva. Il s’agit d’écorces d’arbres, choisies, qui sont battues à la main avec un bois dur jusqu’à obtenir une étoffe plus ou moins épaisse. Elles sont généralement imprégnées de curcuma, lequel leur donne une teinte jaune. Sa grand-mère lui répond en marquisien tout en ajustant sa coiffure. Elle l’embrasse et l’enfant court aussitôt rejoindre sa troupe de danse. Le festival de Tahuata se résumerait presque à cette scène. D’ailleurs, la langue parlée durant le festival est exclusivement le marquisien. Mais les touristes ne s’en plaignent pas : « C’est vrai qu’on ne comprend absolument rien. Mais ce qu’on ressent pendant les danses est tellement fort, il n’y aurait aucun mot pour décrire ça » assure Greg en escale sur son voilier. Le jeune homme de 30 ans se fait appelé Bryan en France, mais ici à Tahuata c’est Teiki, son deuxième prénom. Il est né et a grandi en France d’un père marquisien et d’une mère française. En quête d’identité, il revient tout juste sur la terre de ses ancêtres pour puiser dans ses racines. En quelques jours il a appris les chorégraphies des danses de son île Hiva Oa et performe avec les siens. « J’arrive à un âge où j’ai besoin de savoir d’où je viens pour savoir où aller. Faire partie de cette troupe de danse me ramène à ce que j’ai au plus profond de moi, ça me prend les tripes » assure Teiki. Sur scène, impossible de faire la différence entre un natif des Marquises et ce nouveau venu. L’énergie qu’il met est aussi intense, on le sent transcendé, son regard tendre devient dur quand il entame la danse du cochon. Comme si ces gestes, ces attitudes, il les connaissait depuis toujours. « Il se passe quelque chose quand je danse, je me sens connecté, je ne peux pas l’expliquer, rien que d’en parler j’en ai la chair de poule » explique-il. Le mana, l’énergie spirituelle des Marquises se ressent et s’exprime dans toutes ses formes à Tahuata. |