eAiR TAHITI 42 Jennifer Bordes est une des quatre femmes pilotes d’Air Tahiti. Une fonction qu’elle est parvenue à occuper suite à un parcours hors norme mené avec ténacité. Elle est aussi le signe de la féminisation qui gagne de nombreux corps de métier de la compagnie, même ceux qui semblaient traditionnellement « réservés » aux hommes. Rencontre Jennifer Bordes : mon père était steward sur Air France. Au début, je voulais être hôtesse de l’air, être dans les avions, voyager… J’ai déterminé mon parcours scolaire avec cet objectif. en 1997, j’ai passé un baccalauréat scientifique au lycée la Mennais à papeete. J’ai eu ensuite diverses expériences professionnelles à l’étranger et j’ai travaillé dans le milieu du tourisme, notamment sur l’île de tahiti en tant que réceptionniste à l’hôtel Beachcomber à Faa’a (Ndlr : aujourd’hui l’intercontinental resort Tahiti). enfin, l’occasion s’est présentée de passer le css – le certificat de sécurité et sauvetage – qui permettait d’exercer le métier de personnel naviguant commercial, pnc, au sein d’une compagnie aérienne (nDlr : en 2008, le css a changé de nom devenant le cFs pour certificat de Formation à la sécurité). en 2003, après l’obtention du css, j’ai donc pu intégrer air tahiti. il m’a été proposé de travailler à bord de l’atr de la présidence de polynésie française lequel était réservé aux déplacements inter-îles des autorités du pays. Et comment est née cette ambition de piloter ? au début, je dois dire que devenir pilote n’était pas du tout mon but… Je n’avais pas entendu parler de femme pilote ici à tahiti… à cette époque, sandrine turquem (Ndlr : sandrine turquem fut la première polynésienne à devenir pilote sur Airbus A340 au sein de la compagnie Air Tahiti nui) venait juste de commencer sa formation. Mais un jour, le président de la polynésie française à l’époque, gaston Flosse, m’a interpellée JenniFer Bordes : un pArcours exemplAire. JeNNiFer Bordes : AN exeMplAry CAreer. photos : p.Bacchet au cours d’un vol en me demandant : « pourquoi tu ne fais pas comme tes collègues devant ? ». il parlait des pilotes… l’idée a fait son chemin et j’ai alors commencé à me renseigner sur les formations. puis, j’ai décidé de me lancer. Le métier était perçu comme masculin… oui, et à Tahiti on était encore moins au courant de l’existence de pilotes femmes… on n’osait pas envisager d’occuper un tel poste… cela me paraissait hors de portée… Pourtant, ce qui pourrait constituer un obstacle, les diffcultés et efforts physiques n’existent plus vraiment dans les avions modernes… oui, sauf que tu n’en a pas idée jusqu’à ce que tu mettes un pied dedans… et puis, je ne sais pas si beaucoup de femmes avaient envie de devenir pilote. en tout cas, les personnes que je côtoyais dans le milieu de l’aérien, et notamment mes collègues masculins issus des jeunes générations d’employés, m’ont encouragé dans cette voie. Quelle a été ta formation et quelles en ont été les principales diffcultés ? en 2004, j’ai passé un concours pour entrer dans une école de pilotes de ligne située à Agen dans le sud-ouest de la France. Je l’ai réussi. la formation théorique était très diffcile. il a fallu me replonger dans les études, acquérir des connaissances dans des domaines pointus liés à l’aéronautique, comme la physique, la météorologie, etc. |