68 Mike Teissier, la passion des himene PhoTos : PhiliPPe baccheT À 30 ans seulement, Mike Teissier, jeune ra’atira du pupu himene Te Reo Papara, reo signifiant en tahitien « la voix », ne cesse de surprendre le jury ainsi que les spectateurs du Heiva i Tahiti. Récompensé cette année par le 1 er prix dans la catégorie himene tarava tahiti, Te Reo Papara peut être fier de son chef de groupe. Deux années de suite, en 2015 et 2016, il a reçu le prix du meilleur ra’atira. Sa formation, Te Reo Papara, du nom de la commune de Papara sur la côte ouest de Tahiti d’où elle est originaire a reçu respectivement en 2015 le 2 e prix et en 2016, le 3 e prix dans sa spécialité le himene tarava tahiti. Ainsi ce jeune ra’atira, qui désormais compose lui-même ses himene, vit depuis son enfance un amour inconditionnel pour sa culture et particulièrement pour le himene, bien qu’il pratique aussi depuis son jeune âge, le ’ori tahiti, la danse traditionnelle. À 12 ans, il commence à chanter en tant que ha’u, plus tard, il devient maru tāmau, puis par la suite, maru ta’ita’i. En outre, il dispose de plusieurs cordes à son arc : diplômé du Centre des métiers d’art de la Polynésie française, le CMA, il maîtrise particulièrement l’art de la sculpture sur bois. Aussi, après avoir entamé son cursus au CMA, il obtient une licence en lettres, langues et civilisations polynésiennes à l’Université de la Polynésie française. Par la suite, Mike Teissier obtient une bourse afin de partir étudier à l’Institute of Technology de Wairiki en Nouvelle-Zélande où il se forme à l’art et au savoir-faire maori. À son retour de Nouvelle- Zélande, il crée le groupe Tamarii Papara, renommé cette année Te Reo Papara, et fonde l’association Papara e mo’e i te ahinavai avec l’objectif de participer au Heiva. Bien que les recherches de fonds pour la confection des costumes, ainsi que l’écriture des textes et les répétitions prennent énormément de temps, Mike Teissier relève chaque année le défi qu’il s’est fixé : concourir au Heiva dans la catégorie himene tarava tahiti et remettre au goût du jour l’ancienne façon de chanter de son district. De cette façon, il a réussi à fédérer des jeunes et des moins jeunes de sa commune. En ce moment, enseignant de himene au Conservatoire artistique de la Polynésie française, Mike Teissier ne peut que regretter le peu d’intérêt du public pour les groupes de chant, bien que ces derniers soient porteurs d’une des plus anciennes traditions polynésiennes. Mais il ne baisse pas pour autant les bras, en nous encourageant à tout âge, à l’apprentissage et à la pratique du himene particulier à chaque district et à chaque île. « Ce sont nos trésors sonores, nos anciens chantaient de cette façon, aussi, en y apportant notre innovation, consciemment ou non, nous préservons cet héritage, nos traditions et de là notre identité ». A pehe mai ! À vous de chanter maintenant ! ■ |