108 un BRITTen-noRMAn D’AIR POLYNéSIE SuR LE TARMAc De l’AéRoPoRT De uA Pou/A BriTTeN- NorMAN FroM Air polyNÉsie FleeT iN The TArMAC oF uA pou islANd AirporT. AIR TAHITI P.BAccHeT Du coup, j’ai bien été obligée de passer mon permis bateau car je transportais le personnel de l’escale. en speed boat, le trajet durait une heure et demie. Il fallait le faire quel que soit la météo et l’état de la mer ! nous naviguions de nuit et par mauvais temps ! on n’avait pas peur à l’époque… Aujourd’hui, ce serait perçu comme de l’inconscience ! une fois, de nuit, nous nous sommes perdus ! on nous a retrouvés loin de l’aéroport ! une autre fois, nous sommes tombés en panne, heureusement pas très loin de la côte. lucien kimitete s’est alors mis à l’eau avec ses palmes. en nageant, il a pu « remorquer » le bateau jusqu’à la terre ferme ! mais plus tard, vous aviez une route ! oui, entre Taiohae et Terre déserte. elle passait par le col de Toovii. Mais au début, c’était une piste, mauvaise et dangereuse, surtout lors des fortes pluies. Il y avait des éboulements. A certains endroits, elle était à lanc de falaise. Alors, je me suis achetée un 4x4 : un uMM Alter comme ceux des militaires, un tout terrain hors-pair. Tout le monde s’embourbait sauf moi ! J’emmenais le personnel dans mon véhicule. nous montions avec pelles et pioches pour dégager la piste si besoin. Je n’ai jamais manqué un avion ! nous arrivions à passer coûte que coûte. on descendait, on poussait la voiture, on mettait des cailloux sous les roues, on maniait la barre à mine... ce que nous avions fait dans un sens, il fallait ensuite le refaire dans l’autre. Parfois, on n’en revenait pas d’être passé ! on rentrait chez nous à 21h après être parti à 5h du matin. Le trajet durait trois heures, voire davantage en cas de diicultés et d’obstacles sur la piste. Mais c’était le bon temps quand même ! ensuite, la piste est devenue une route bien aménagée et le parcours se faisait facilement en 1h30 environ. étiez-vous nombreux ? à l’ouverture de l’escale, j’avais trouvé 4 garçons de l’île pour être manœuvres. entre autre, ils faisaient oice de bagagistes comme on dit maintenant. Ils n’étaient pas salariés d’Air Polynésie mais prestataires. et puis, il y avait le commandant de l’aérodrome, lucien kimitete. Je dois dire que j’ai fait cette ouverture d’escale sans avoir de grandes connaissances en la matière. J’ai dû me plonger dans des manuels aéronautiques. … J’ai potassé. J’ai acquis des connaissances sur les types d’avions que nous allions accueillir, leurs particularités et leur capacité de chargement. J’ai appris à faire un devis de masse (nDlR : ce document récapitule l’ensemble des charges transportables sur un vol incluant les passagers, les bagages en cabine et en soute, le fret, la masse de fuel transportée ainsi que la répartition dans l’avion du fret, des bagages et des passagers).comme j’étais seule à gérer l’escale, je faisais tous les documents et toutes les procédures : les réservations, les encaissements, l’enregistrement des passagers, le devis de masse, etc. en ce temps, on ne connaissait pas l’informatique ! on avait juste une calculette… Mais je m’en suis sortie ! le tout était d’être rigoureuse et logique. Je me rappelle bien que pour certains vols on pesait même les passagers ! Bien sûr, nous avions un poids « forfaitaire » c’est à dire que nous estimions le poids moyen par personne. Mais manifestement certains passagers le dépassaient alors il fallait les peser pour voir si on ne dépassait pas le poids total autorisé pour l’avion. évidemment, il était délicat de demander aux gens de monter sur la balance… Mais j’avais un très bon contact avec la population marquisienne. quel type d’avion accueilliez vous ? Les avions d’Air Polynésie étaient des Fokker. Après avoir fait une escale dans les Tuamotu, ils arrivaient à Nuku Hiva. Au commencement, nous avions juste un vol par semaine puis la fréquence a augmenté rapidement. |