102 Se poser sur les lagons ne devait pas toujours être facile… oui ! il fallait tenir compte du clapot et de la houle. Parfois, on ne pouvait pas amerrir et il fallait faire demi-tour. Je me souviens d’un vol où nous transportions des élus qui faisaient la tournée des îles. Nous sommes allés jusqu’aux Marquises puis ensuite à Rangiroa. Mais là, le pilote a annoncé que la météo n’était pas bonne et qu’il ne pouvait pas amerrir. Les élus ont vraiment insisté pour qu’on se pose ! Le pilote a fait une tentative mais l’hydravion s’est mis à taper et à rebondir sur les vagues. C’était impressionnant et on a tous été secoués. en fait, le pilote voulait démontrer qu’il n’était pas possible de se poser ! Cela a marché ! (rires) Cela arrivait souvent de ne pas pouvoir se poser ? Oui ! Plus d’une fois nous avons dû faire demi-tour. Il y avait aussi les pannes et les problèmes techniques. Les avions de l’époque n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Les vols étaient longs. Les avions étaient deux fois moins rapides que ceux d’aujourd’hui… quelle était l’ambiance de travail ? Elle était excellente à cette époque de pionniers. Nous étions tous des frères, des amis. Nous travaillions main dans la main ! L’époque était à la débrouille. Par exemple, quand nous allions sur l’atoll de Manihi pour emmener des touristes à ce qui était le club Med, le personnel de la compagnie avait sa petite maison pour être accueilli pendant l’escale. Nous faisions notre ma’a (nDlr : repas, en tahitien) nous-mêmes. On allait à la pêche dans le lagon ! PhoTo ProvenanT De la FAMILLE WINCHESTER MONTRANT L’HyDRAvION BERMUDA AU Mouillage à Moorea/A PhOTO FrOm The WiNCheSTer FAmily, ShOWiNg A SeAPlANe mOOred iN mOOreA. Et la suite de votre parcours ? Après avoir travaillé pour le Réseau, j’ai poursuivi sur la TAI et UTA. J’ai été steward sur des liaisons internationales et je faisais des vols sur hawaii, entre autres. Mais il fallait rester en escale à l’extérieur longtemps. J’ai donc demandé à travailler sur les lignes domestiques. Tout au long de ma carrière j’ai donc travaillé d’abord sur Catalina, Bermuda, DC8, Fokker et, enin, sur les ATR d’Air Tahiti ! Je suis parti à la retraite en décembre 1989, date à laquelle j’ai quitté Air Tahiti. Comment s’est terminée l’époque des hydravions ? Les vols par hydravions se sont progressivement arrêtés après la construction de la piste de l’aéroport de Faa’a. J’ai efectué le dernier vol du Bermuda, de l’atoll de Manihi vers Tahiti. Pour l’occasion, un certain nombre de personnalités du territoire étaient là dont un prêtre, le directeur local de la Banque d’Indochine et une équipe de télévision de RFO avec ses caméras et son matériel. Ils étaient tous dans la même embarcation. ils se sont approchés mais ils étaient trop loin de la coque de l’hydravion pour pouvoir y monter. Pour essayer de se rapprocher, ils se sont tous mis du même côté de leur embarcation qui a été complètement déséquilibrée et s’est mise à pencher. Une partie des passagers est tombée à l’eau dont le prêtre, les journalistes de RFO avec leur matériel et même le directeur de la banque… Nous, on s’est dit que pour son dernier vol, inalement, le Bermuda ne voulait pas être ilmé… Dr |