Le Monarque de Fatuiva revient de loin ! Jeune Monarque de Fatuiva./Young Monarch from Fatuiva - R. Luta – SOP Manu 92 Le Monarque de Fatuiva, est l’oiseau le plus menacé d’extinction de Polynésie française avec seulement 6 couples au monde ! Le rat noir, ce gros rat arboricole qui consomme aussi les noix de coco, atteint facilement les nids de monarques qui sont situés dans des purau ou fau (Hibiscus tiliaceus), une essence d’arbre, et il y dévore les œufs, les oisillons, voire les femelles en incubation. Ce rat est arrivé dans les années 80 sur l’île par les marchandises des bateaux et la vitesse du déclin de la population de Monarque a été impressionnante : de milliers d’individus dans les années 90 à moins de 30 individus en 2015, dont seulement 3 couples fertiles ! Le chat haret (chats domestiques retournés à l’état sauvage) est également responsable de la disparition de nombreux oiseaux pour cette population extrêmement réduite. La vulnérabilité des jeunes monarques est grande, car seulement 5% des jeunes sortis des nids parvenaient à l’âge adulte. En effet, les jeunes monarques sont très naïfs et passent beaucoup de temps au sol où ils constituent la proie idéale pour les chats. Endémique de Fatuiva (île la plus méridionale des Marquises), cet oiseau est nommé oma’o ke’eke’e en marquisien (nom scientifique Pomarea whitneyi). Il est classé « en danger critique d’extinction » selon les critères de la « liste rouge » des espèces mondiales menacées dressée par l’UICN (l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Il vit dans les purau et mange des insectes. Les habitants de plus de 40 ans se rappellent bien de l’époque où l’oiseau était commun. Des nombreuses histoires racontent que le monarque prévenait par son chant les habitants d’un évènement, heureux ou RiR 11=11-liTi malheureux. Sur l’île, une équipe locale de 4 personnes est tous les jours sur le terrain, très déterminée à sauver leur patrimoine naturel (le ‘oma’o ke’eke’e est la seule espèce endémique de Fatuiva). Afin d’éviter leur prolifération, la stérilisation des chats domestiques est également menée sur l’île par des vétérinaires de l’association (102 chats stérilisés à ce jour). Dans le cadre du programme Erasmus+, Maria, une volontaire espagnole, a passé 3 mois sur l’île pour aider l’équipe. Cette biologiste très motivée par la sauvegarde de la biodiversité souligne à quel point « ce travail de conservation, pourtant très difficile dans ces vallées pentues et humides, est crucial pour l’espèce ». Thomas Ghestemme, chargé du programme, signale « nous avons failli perdre l’espèce en 2008 (seulement 2 couples fertiles), puis en 2015 (3 couples fertiles) mais les actions ont permis d’éviter cette catastrophe. Désormais la population augmente de 15% par an et nous avons eu 2 nouveaux couples constitués de jeunes oiseaux au cours des 6 derniers mois ! » L’augmentation est peu rapide (1 seul petit par nid) mais régulière grâce aux 4 à 6 petits produits chaque année. Et maintenant, la majorité des jeunes arrivent à l’âge adulte ! Les efforts doivent se poursuivre pour sécuriser les sites qui sont colonisés par ces nouveaux individus contre les prédateurs, en posant des stations de raticide. Ce programme perdure grâce au soutien du Pays, de la Mairie de Fatuiva, du parrainage d’oiseaux par des particuliers, du sponsoring de sociétés locales, principalement Air Tahiti. a FB : Manu-SOP ; site web : www.manu.pf |