La cathédrale Saint-Michel est située au centre de Rikitea. Bâtie au XIXe siècle, elle fut admirablement restaurée en 2011. Saint-Michel’s cathedral lies right in the middle of Rikitea. Built in the 19th century, it was beautifully restored in 2011. 40 L’arrivée de missionnaires catholiques, les Frères des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie – dits de Picpus, une congrégation religieuse fondée en France en 1800 – amorça aussi un tournant radical dans le mode de vie des Mangaréviens. Un petit groupe de huit jeunes religieux, menés par l’évêque Étienne Rouchouze, y installa une mission en 1834. En l’espace de quelques années toute la population fut convertie au christianisme. Jusqu’en 1871, ceux-ci dominèrent la vie sociale, économique et spirituelle de l’archipel, y instaurant ce qui s’apparente à une quasi-théocratie tant la vie quotidienne était régie par les commandements religieux autoritaires, sous la férule notamment de deux d’entre eux, les pères Caret et Laval. Ainsi, le port de vêtements européens, même sales et déchirés, fut dès lors jugé préférable à la nudité simple mais « immorale » qui prévalait aux temps païens. Les habitants participèrent alors eux-mêmes à l’entreprise d’éradication du paganisme dont la destruction des anciens lieux et objets de culte. Paradoxalement, sans doute pour justifier la mission de christianisation, leurs mythes et leurs coutumes furent heureusement en partie recueillis par le Père Laval. Son ouvrage Mangareva. Histoire ancienne d’un peuple polynésien, fut publié en 1938 par l’ethnologue Alfred Métraux. Mais un rapport très critique établi en 1871 par un représentant du Protectorat français à Tahiti sur la théocratie des Gambier entraîna la disgrâce du père Laval et son exil à Tahiti où il mourut en 1880. L’archipel fut alors officiellement annexé RiR TFIHiTi à la France en 1881 et intégra les Établissements français de l’Océanie (EFO). Dès lors, la vie des habitants – essentiellement pêcheurs et agriculteurs s’organisa en relation lointaine avec l’évolution du reste des archipels de l’actuelle Polynésie française. Du moins jusqu’aux années 1960, avec l’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) qui vit notamment, en 1967, la construction d’une piste d’aviation sur le motu Totegegie, en soutien à des installations militaires. Ce qui permit aussi le désenclavement de l’archipel. La première liaison aérienne commerciale Papeete-Totegegie eut lieu en 1978. Dès cette époque se développa l’une des activités économiques phare de Mangareva, la culture de la perle de Tahiti, la poe rava, et l’occasion de créer un revenu pour les habitants de ces îles isolées tentés d’émigrer vers Tahiti. Ouvert à un tourisme de niche, l’archipel connaît depuis une vingtaine d’années un essor à la fois économique et démographique tout en conservant son originalité. Et si la modernité s’y est invitée, cela s’est fait en préservant une qualité de vie unique. Une destination originale Ayant cet historique en tête, partons à la découverte de l’archipel. Après environ quatre heures de vol depuis l’aéroport de Tahiti-Faa’a, l’atterrissage se fait sur le motu Totegegie. |