74 LES MUTATIONS DE COLORATION DE LA P.MARGARITIFERA ET LEURS LIENS AVEC LA COULEUR DES PERLES. AVEC DE HAUT EN BAS ET DE GAUCHE À DROITE DES PERLES DE COULEUR DORÉE, CHAIR ORANGE, ALBINOS ET AUBERGINE./DIFFERENT P.MARGARITIFERA COLOR MUTATIONS AND THEIR LINK WITH PEARL COLORATION. FROM TOP TO BOTTOM AND LEFT TO RIGHT, GOLDEN, FLESH PINK/ORANGE, ALBINO AND EGGPLANT. LE LIEN INTIME ENTRE COULEUR DE COQUILLE ET COLORATION DES PERLES Parmi l’ensemble des paramètres définissant la qualité d’une perle de culture (qualité de surface, taille, forme et lustre), il en est un qui présente une grande diversité et un grand intérêt, permettant de surpasser celle des espèces concurrentes du genre Pinctada (P. fucata et P.maxima) : la couleur, spécifique à P.margaritifera ! Les espèces concurrentes ne peuvent rivaliser avec les couleurs foncées, à pigmentation verte, bleu, aubergine ou plus complexe, comme la perle dite « peacock » semblable à l’arc-en-ciel. En revanche, P.margaritifera est capable de produire les couleurs claires et pastel. spécifiques des espèces concurrentes, comme la perle dorée, prisée du marché international et fruit de génération de sélections génétiques chez les donneuses de P.maxima. La sélection de l’huître donneuse de greffon est un préalable indispensable à cette diversité de coloration. En effet, c’est elle qui transmet, oriente et détermine la couleur de la perle. La donneuse doit présenter une bande colorée au niveau de la face interne de sa coquille, plus ou moins importante. Cette bande est la zone de contact avec le manteau minéralisateur de l’huître perlière. Plus la bande est intensément colorée, plus le potentiel du manteau, du greffon et des cellules qui le composent sera élevé vis-à-vis du dépôt des pigments sur la perle en formation. Pour preuve, il suffit de coller un implant synthétique au niveau de cette bande colorée pour obtenir R:Ink TrIH.T : un « mabé » aux tonalités de celles de la coquille (l’implant est recouvert en fait de couches de nacre générées par le manteau du mollusque). Véritable bijou, le mabé doit subir plusieurs étapes de transformation avant d’être monté en joaillerie. Les huîtres qui présentent une bande grisâtre (la majorité) sont utilisées classiquement en tant que receveuses. Bien évidemment, les choses seraient trop simples et faciles s’il suffisait de choisir les donneuses les plus colorées (rares à l’état naturel) pour avoir la garantie d’une perle intensément colorée… L’environnement de culture contribue à complexifier le processus en assombrissant les couleurs, par exemple lorsque les huîtres greffées sont soumises à des températures saisonnières élevées (30 °C ou plus), cultivées en profondeur (supérieure à 10 mètres sous la surface, où la richesse en nutriments est moindre), ou bien encore perturbées par des densités d’élevage contre-nature trop importantes. VERS LA SÉLECTION ET LA PRODUCTION DE LIGNÉES DE COULEUR… C’est tout naturellement que la recherche déployée par l’Ifremer (Institut français pour la recherche et l’exploitation de la mer) avec le soutien de la DRM (Direction des ressources marines) s’est orientée vers la sélection de lignées de donneuses de greffons parmi toute la diversité de colorations offerte par l’espèce en Polynésie. PHOTOS : CHIN LONG KY |