70 La Polynésie française est leader mondial de la production de perles de culture issues de l’espèce Pinctada margaritifera. Il y a 90% de chance qu’elle provienne de nos lagons, lorsque votre regard croise cette gemme en bijouterie, partout dans le monde. Près de 14 tonnes de perles de culture sont exportées par le territoire annuellement depuis 2010 (source officielle de l’Institut de la statistique de la Polynésie française, Service des douanes), avec de nombreuses ventes aux enchères organisées à Tahiti. C’est dire l’importance de cette véritable industrie perlière. La perle de Tahiti est une perle de couleur naturelle, provenant de la greffe et de l'élevage de Pinctada margaritifera, sans traitement susceptible de modifier ses caractéristiques après sa récolte. La perle de culture s’oppose à la perle naturelle ou fine, produite accidentellement par l’animal, sans intervention humaine. Plusieurs ingrédients sont requis pour produire une perle de culture. Comme toute « culture », elle nécessite avant tout un site propice, soumis à autorisation d’exploitation en Polynésie française, pour l’élevage, le stockage et l’entretien des « cheptels ». Enfin, et le plus important, il faut des huîtres perlières ! En Polynésie française, ces dernières sont collectées dans le milieu naturel à l’inverse des autres pays producteurs concurrents dont l’approvisionnement est réalisé par voie d’écloserie. Ces huîtres collectées dans la nature sont élevées en moyenne (et au minimum) 2 années, avant d’atteindre la taille suffisante pour être « exploitées » et produire des perles. À L’ORIGINE, UNE OPÉRATION « CHIRURGICALE » LA GREFFE DES NACRES EST UNE ÉTAPE CLEF DU LONG PROCESSUS MENANT À LA NAISSANCE D’UNE PERLE DE CULTURE. GRAFTING OF THE OYSTERS IS A KEY STAGE IN THE CULTURED- PEARL PRODUCTION PROCESS. MANU’A VECKER-SUE Pour produire une perle de culture, une opération « chirurgicale » est nécessaire. Cette dernière se décompose en plusieurs étapes et consiste successivement à : 1) prélever un morceau de manteau appelé greffon (de 3 à 4 mm 2) à partir d’une huître (qualifiée de donneuse de greffon) et 2) insérer ce greffon avec un nucléus sphérique (il est fabriqué à partir de coquille de moule du Mississipi) dans la gonade d’une huître (dite receveuse). Pour cela, cette dernière est entrouverte à l’aide d’une pince écarteur et la gonade est incisée afin de recevoir le nucléus, puis le greffon est délicatement apposé à son contact. Cette opération est pratiquée par des greffeurs très expérimentés. Hors découpe du greffon, le temps nécessaire est inférieur à la minute ! C’est dire l’adresse des greffeurs qui peuvent réaliser jusqu’à 500 greffes par jour. Comme tout acte de chirurgie, des rejets du nucléus peuvent avoir lieu. On les estime entre 30 et 5% selon la dextérité du greffeur et les paramètres physiologiques et/ou culturaux lors de la greffe. Sans rejet du nucléus, les cellules du greffon vont proliférer autour de lui et former la poche perlière, un organe dit biominéralisateur (dérivé des cellules du manteau et capable de produire des minéraux d’origine biologique). |