60 Le placenta, objet symbolique ou « déchet opératoire » ? Sans obstacle juridique de la part des autorités médicales locales, cette pratique est encore courante en Polynésie française, sauf contre-indications pathologiques. Elle l’est aussi dans d’autres parties de l’Océanie et dans certains pays d’Afrique, d’Amérique et d’Asie. Qu’en est-il dans les pays occidentaux ? En France, c’était encore le cas, dans certaines familles, dans les années 1950. Si aujourd’hui les professionnels accordent beaucoup d’importance à l’examen du placenta après la délivrance, néanmoins, peu de temps après ils le jettent. Tout comme le sang du cordon ombilical, celui-ci est en effet considéré comme un déchet opératoire aux yeux de la loi. Et, en tant que « déchets d’activités à soins à risques infectieux et assimilés », ceux-ci doivent être incinérés ou spécifiquement traités. Daphné Meyer, sage-femme, lui a consacré un mémoire 5 dans lequel elle s’interroge sur la pertinence de cette qualification de « déchet », eu égard aux avancées scientifiques en lien avec ce « qui est tantôt un organe, tantôt une chose, ou qui est même parfois identifié comme un être vivant… ». L’on sait aussi aujourd’hui que « des recherches médicales aux résultats déjà prometteurs vantent les bienfaits de l’utilisation de cellules cordonales ou placentaires et font même d’elles une source de greffons... ». Des modifications dans le cadre juridique de leur utilisation, réalisées depuis la dernière décennie, témoignent d’une importance nouvelle accordée au placenta dans notre société, constate Daphné Meyer, tout en remarquant à propos de sa potentielle marchandisation : « à présent que les cellules placentaires ont trouvé une utilité médicale et que leur valeur est loin d’être médicale, la question de leur propriété se pose. » Assurément, les traditions d’enterrement du placenta conféraient une valeur symbolique, autrement plus gratifiante à cet organe éphémère, indispensable durant la grossesse, et qui était parfois considéré comme un « jumeau « du nouveau-né. FliR TRI-liTi The placenta, a symbolic object or « medical waste » ? The tradition remains common in French Polynesia, there being no legal obstacles imposed by the local medical authorities, unless there are pathological reasons not to. It is also a common practice in other regions of Oceania and certain countries in Africa, America and Asia. And what about in Europe ? In France, keeping the placenta was a practice that occurred in certain families,up to the 1950s. Today while medical professionals consider that examining the placenta after birth is of great importance, it is nevertheless disposed of rapidly afterwards. Just like theumbilical cord blood, that is in fact considered to be surgical waste in the eyes of the law. Being « waste and related material from care activities involving a risk of infection » it should be incinerated or specially treated. Daphné Meyer, midwife, wrote a dissertation 5 on the subject, in which she questions the validity of continuing to classify the placenta as « waste », in the context of scientific advances concerning what « is at the same time an organ, an object, and sometimes even seen as a living thing… ». We know today that « medical research with already promising results extols the therapeutic value of cord or placental cells and even uses them as a source of grafts… ». Daphné Meyer observes that there have been modifications in the legal framework for their use as such over the past decade, demonstrating the importance that the placenta is given in our society once again, she also makes a remark about its potential to become a commodity : « now placental cells have been found to have a medical use and a value that is far from medical, questions of ownership come to the surface. » Surely, the tradition of placental burial confers a much more rewarding symbolic value to this ephemeral organ, which is vital during pregnancy, and is sometimes even said to be likened to the newborn infant’s « twin ». 5 Daphné Meyer, Le placenta des uns et des autres. Université de Nantes, UFR de médecine. 5 Daphné Meyer, Le placenta des uns et des autres. Université de Nantes, UFR de médecine. P.Bacchet |