Gallicolombes de Polynésie, 86 fragiles et méconnues DANS CHAQUE NUMÉRO DE NOTRE MAGAZINE, EN PARTENARIAT AVEC MANU, ASSOCIATION DE PROTECTION DES OISEAUX DE POLYNÉSIE FRANÇAISE, NOUS VOUS PROPOSONS UN ÉCLAIRAGE SUR LES ESPÈCES MENACÉES DE NOS ÎLES AFIN DE DÉCOUVRIR ET PRENDRE CONSCIENCE DE L’IMPORTANCE DE CETTE RICHESSE DE NOTRE PATRIMOINE NATUREL. Oiseaux très rares et peu connus du public, les gallicolombes vivent dans certaines îles reculées et peu ou pas habitées de Polynésie française. Plus précisément, il en existe deux espèces distinctes, l’une habitant l’archipel des Tuamotu-Gambier et l’autre celui des Marquises. La première, la Gallicolombe erythroptère, appelée Tutururu aux Tuamotu, est l’un des oiseaux les plus rares au monde, avec une population comptant moins de 200 individus. Jadis, l’espèce était présente dans au moins vingt-quatre îles et atolls de la Société (dont Tahiti et Moorea) et des Tuamotu-Gambier. La dernière île habitée des Tuamotu où elle fut présente est Rangiroa, mais les deux dernières femelles y ont disparu après un épisode de la variole aviaire, maladie transmise par les moustiques. Rappelons que les Polynésiens eux-mêmes, à cause de leur isolement géographique, ont été décimés par la variole humaine, une maladie désormais éradiquée de la surface de la planète, lors de leurs premiers contacts avec les Européens. Aujourd’hui, le Tutururu survit seulement dans quatre atolls inhabités et isolés des Tuamotu du Sud-Est, des îles qu’il convient de laisser sans visiteurs pour préserver leur tranquillité et leur environnement. Le Tutururu se MiR TFIHiTi GALLICOLOMBE DE LA SOCIÉTÉ OU TUTURURU TUAMOTU GROUND-DOVE OR TUTURURU. T. GHESTEMME – SOP MANU déplace essentiellement sur le sol, comme l’attestent ses solides pattes très surprenantes pour un pigeon, et n’a aucun réflexe de fuite devant un nouvel arrivant puisqu’il a vécu isolé des prédateurs pendant des milliers d’années. Ainsi, toute introduction sur son île de chats et de rats – ces derniers mangeant ses œufs - lui est fatale. Dans le but de sauvegarder l’espèce, un grand projet international mené en 2015 par l’association Manu en collaboration avec BirdLife International et Island Conservation a permis l’éradication de plusieurs prédateurs introduits sur cinq îles des Tuamotu- Gambier. La réussite de ce projet, qui a requis énormément de travail et de fonds, a doublé la surface d’habitat favorable au Tutururu. Il est désormais primordial que ces îles restent indemnes d’espèces introduites afin que la population précaire du Tutururu puisse enfin augmenter. L’association Manu accompagne dans cette perspective la Société Civile Agricole qui envoie chaque année des coprahculteurs (NDLR : les cultivateurs de coprah) et leur équipement afin d’assurer la biosécurité de ces îles et éviter ainsi l’arrivée des rats, chats ou même fourmis. L’éradication des rats a largement amélioré les conditions de travail des coprahculteurs ce qui a permis une augmentation de la production. |