LES POISSONS-PERROQUETS AFFECTIONNENT LES ZONES CORALLIENNES RICHES, COMME ICI À RANGIROA./PARROTFISH FAVOR CORAL RICH ZONES, LIKE HERE IN RANGIROA. 84 À l’exception de quelques espèces bien reconnaissables, l’identification visuelle d’un poisson-perroquet peut être complexe car elle se base essentiellement sur les dessins et les couleurs, d’autant que ces dernières peuvent rapidement s’estomper à l’air libre. Mais les choses se compliquent quand on sait que ces couleurs évoluent considérablement tout au long de la croissance et de la maturité, devenant éclatantes par exemple chez les mâles adultes et reproducteurs. Et quand, de surcroît, on apprend que ce sont des poissons hermaphrodites (femelles pouvant se transformer en mâles selon le potentiel reproductif d’une population sur un territoire donné) et qu’il y a d’importantes disparités de couleurs entre mâles et femelles, on y perd volontiers son latin… Les pêcheurs polynésiens ne s’y trompent généralement pas. Ils ont subtilement géré toutes ces différences en attribuant à ces poissons un large répertoire de noms vernaculaires c’est à dire issus des langues qu’ils pratiquent (le tahitien, le paumotu et le marquisien pour ne citer que les plus courantes). Ces noms sont liés à la fois à la taille des spécimens et à leurs couleurs. Des appellations génériques sont toutefois fréquentes et peuvent englober plusieurs espèces. Ainsi, les pahoro désignent le plus souvent les individus immatures, marrons ou grisâtres, capturés dans les lagons, tandis que les spécimens de plus grande taille, colorés et bien plus convoités, sont quant à eux appelés uhu ou pa’ati. Ces derniers évoluent plus généralement à proximité du récif-barrière et sur sa pente externe. Les poissons-perroquets ont un comportement exclusivement diurne, très social pour les jeunes individus ; ils déambulent sans cesse au milieu des coraux en quête de nourriture, picorant par-ci par-là. Durant les périodes de reproduction (lune, marées…), on assiste à des regroupements conséquents à proximité des passes et sur le haut de la pente externe. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’ils peuvent se faire piéger en nombre dans les parcs à poissons. Enfin, à la nuit tombée, ces poissons se dispersent et se réfugient dans les multiples abris disponibles. Certains s’enveloppent alors d’un « cocon » durant quelques heures, ce qui les isole et les met ainsi à l’abri des prédateurs nocturnes. Facilement observables dans nos lagons ou dans l’océan et présentant une étonnante diversité de couleurs et de formes les poissons-perroquets sont indéniablement une des plus séduisantes richesses du monde marin de nos îles. |