UN GRAND NOMBRE DE VARIÉTÉS TROPICALES SE SONT AUJOURD’HUI PARFAITEMENT ADAPTÉES AU CLIMAT ET AUX SOLS. ICI, MANGUES ET GINGEMBRE. NUMEROUS TROPICAL PLANT SPECIES ARE TODAY PERFECTLY ADAPTED TO THE CLIMATE AND SOIL. HERE, MANGOS AND GINGER. Tahiti et ses îles sont dans beaucoup d’esprits le symbole du paradis terrestre auquel aspirent nombre de nos contemporains de l’hémisphère nord. C’est ainsi en tout cas que les perçurent et les décrivirent les premiers voyageurs européens à les « découvrir » dès la fin des années 1760. Louis Antoine de Bougainville écrit dans son Voyage autour du monde : « Je me croyais transporté dans le jardin d’Éden ». La beauté des paysages, les qualités d’hospitalité de leurs habitants, le « mythe » de la vahiné auxquelles elles ont donné lieu, y ont largement contribué. Avec son climat tropical tempéré par les alizés, elles offrent aussi toute une palette de paysages variés où s’exprime une nature généreuse. « Dans toute l'étendue de la côte il règne, sur les bords de la mer, au pied du pays haut, une lisière de terre basse et unie, couverte de plantations. C'est là qu'au milieu des bananiers, des cocotiers et d'autres arbres chargés de fruits, nous apercevions les maisons des insulaires », précise encore Bougainville dans son ouvrage. Les différents équipages qui se succéderont à Tahiti durant les décennies qui suivirent viendront s’y ravitailler. Cette impression d’abondance n’était pas sans ambigüité, les populations polynésiennes devant faire face à des périodes de restriction à certaines époques de l’année. La diversité des productions était aussi limitée. Très rapidement, néanmoins, les arbres à pain, cocotiers, bananiers et autres tubercules, déjà cultivés par les premiers occupants, furent complétés par un grand nombre de variétés fruitières tropicales qui se sont aujourd’hui parfaitement adaptées. Pamplemousses et ananas, pour ne citer qu’eux, font les délices des papilles gustatives de MiR TFIHiTi ceux qui les découvrent pour la première fois. La situation économique et sociale de la Polynésie française n’est cependant, et évidemment, plus la même que ce qu’elle pouvait être autrefois. Afin de nourrir une population qui n’a plus le même mode de vie et dont les habitudes alimentaires ont beaucoup changé, les pratiques agricoles ont également suivi le courant productiviste mondial. De nos jours, des maraîchers complètent en légumes et en salades la proportion de productions alimentaires locales. Mais engrais et intrants de synthèse ont aussi fait leur apparition dans les années 1960, notamment pour augmenter la production et lutter contre les maladies et les ravageurs. Comme dans beaucoup de pays désormais, une prise de conscience s’est cependant faite jour. Depuis une petite vingtaine d’années, des précurseurs (individus, associations) alertent sur les dangers d’une agriculture chimique. Enjeux environnementaux, sanitaires et économiques… peut-on vraiment faire avec moins de pesticides, voire sans ? Comment faire pour réduire leur utilisation ? Aujourd’hui, la situation a évolué et, comme dans le reste du monde, le sujet des pesticides est au cœur de l’actualité. Les autorités en charge de l’agriculture se sont saisies du sujet et préconisent des méthodes plus respectueuses de l’environnement et de la santé. La législation a permis la reconnaissance de pratiques agro-écologiques identifiables faisant l’objet de labels en agriculture biologique. Une pluralité d’expériences ou de réalisations s’organise ainsi à Tahiti, mais aussi dans les divers archipels qui constituent la Polynésie française, autorisant à rêver de l’émergence d’îles « bio ». * Les réserves de biosphère sont des zones comprenant des écosystèmes terrestres, marins et côtiers. Chaque réserve favorise des solutions conciliant la conservation de la biodiversité et son utilisation durable. Elles sont « des sites de soutien pour la science au service de la durabilité » – des lieux spéciaux où tester des approches interdisciplinaires afin de comprendre et de gérer les changements et les interactions entre systèmes sociaux et écologiques, y compris la prévention des conflits et la gestion de la biodiversité. (Source : unesco.org) 72 |