ARchiPeL des TuAmoTu, L’AToLL de fAkARAvA Avec ses nombReux motu eT, Au second PLAn, LA PAsse TeTAmAnu. The TuAmoTu islANds, The AToll oF FAkArAvA wiTh iTs Numerous MoTu ANd, BehiNd ThAT The TeTAmANu pAss. 84 vous voulez parler du changement climatique ? et qu’en est-il du devenir de nos récifs ? Bien entendu l’avenir est très préoccupant pour les récifs et pour certaines îles. Le réchauffement des eaux océaniques est le plus inquiétant. Les coraux ne supportent pas une température estivale de 1°C au-dessus de la normale. Lorsque les eaux restent plusieurs jours au dessus de 29- 30 °C ils blanchissent et meurent. Les prévisions sont que vers 2040 ou 2050 selon les scénarios de rejets de gaz à effets de serre, avec une élévation de la température de 1,5 ou 2,5 °C, les phénomènes de blanchissements risquent d’être annuels et dans ce cas-là les récifs ne seront plus « résilients » : ils auront beaucoup de mal à récupérer. L’acidification des eaux, avec un ph qui baisse, diminue le potentiel de calcification des coraux, mais ce risque sera majeur à plus long terme. Dans l’immédiat c’est la température qui nous fait peur. Quant aux cyclones, les prédictions sont partagées : peut-être à peine plus nombreux mais sans doute plus intenses. Mais vous ne parlez pas du niveau marin qui va monter ? et pour nos îles ? Votre question précédente était sur les récifs coralliens. Pour ces derniers l’élévation du niveau de la mer est une bonne chose car ils vont gagner de l’espace. Mais pour l’habitabilité c’est une autre histoire. Les avis des chercheurs sont partagés sur le devenir des atolls dont l’altitude n’est que de 4m. Pour rester sur la Polynésie française, où l’élévation du niveau de la mer a été d’une vingtaine de centimètres en 70 ans (depuis 1950), les constats que nous avons fait sur des atolls du nord ouest des Tuamotu (Mataiva, Rangiroa, Takapoto…) montrent que la majorité des motu sont restés stables (77%) ou ont grandi (15%) et qu’une minorité (8%) ont vu leur surface réduite. que faire pour protéger nos récifs ? En dehors de la réponse à l’échelle mondiale qui est de réduire les rejets de gaz à effets de serre, il y a les actions de politique publique locale et les actions citoyennes. Pour les responsables politiques, il s’agit de réduire autant que faire se peut les dégradations et pollutions anthropiques qui endommagent les récifs depuis des années, car un récif en bonne santé se défendra mieux face aux conséquences du changement climatique. Il faut donc mieux gérer les récifs pour leur donner plus de résilience. Pour le citoyen, il s’agit d’être respectueux de l’environnement en pensant que « tout va à la mer » et de se mobiliser dans les associations de protection de la nature face à un développement trop souvent destructeur pour des intérêts immédiats. C’est de notre survie dont il est question ! Propos recueillis par Ludovic Lardière PHOTOS : tim mCkennA |