beRnARd sALvAT, une vie enTièRe consAcRée à L'éTude eT LA sAuvegARde des Récifs coRALLiens./BerNArd sAlvAT hAs devoTed his eNTire liFe To sTudyiNg ANd proTeCTiNg CorAl reeFs. 76 pouvez-vous nous dire depuis quand des récifs coralliens existent sur notre planète ? Bernard Salvat : Les coraux actuels constructeurs de récifs coralliens ont des ancêtres très lointains qui remontent à quelques centaines de millions d’années. Disons que les récifs coralliens du temps des dinosaures, il y a une centaine de millions d’années, ressemblaient un peu à nos récifs actuels, bien qu’il ne s’agisse pas des mêmes espèces. Comment des coraux arrivent-ils à construire ces imposants récifs et former des îles ? Leur secret réside dans leur association avec des algues minuscules que l’on appelle des zooxanthelles ; elles n’ont qu’une seule cellule et mesurent quelques microns (NDLR : unité de mesure, un micron correspond à millième de millimètre). Les parties vivantes du corail que sont ses polypes, sorte de petites anémones de mer les unes à coté des autres, en contiennent des millions par centimètre cube. C’est par cette association qui bénéficie aux deux partenaires animal et végétal, aussi appelée symbiose, que les coraux ont cette capacité à construire un squelette externe calcaire. Des coraux recouvrant une surface d’1 mètre carré produisent chaque année environ 10 kg de squelette. Quand le corail meurt, son squelette calcaire demeure et ainsi grandit le récif. Actuellement on compte quelque 800 espèces de coraux qui construisent des récifs coralliens. Piî Tfl-l7 existe-t-il différents « types » de récifs coralliens ? Oui, il existe plusieurs types de récifs coralliens, du moins peut-on les classer bien que la nature s’accommode mal de nos exigences de classification. Les plus communs en Polynésie française sont les récifs frangeants et les récifs-barrière qui bordent les îles hautes volcaniques et qui forment un complexe récifal très développé, allant du rivage au front du récif qui reçoit les vagues de l’océan. Et même au-delà puisque les peuplements coralliens se poursuivent sur la pente externe jusqu’à des profondeurs avoisinant les 80 mètres grâce à des eaux très claires. Et puis il y a les atolls, où il n’y a que du corail, des débris de leur squelette qui constituent les motu émergés de la couronne de l’atoll, et du corail vivant sur les pentes externes abruptes face à l’océan et dans le lagon avec les pâtés coralliens. La différence entre les récifs d’une île haute volcanique comme Moorea et un atoll, est que pour l’atoll l’édifice volcanique s’est enfoncé par son propre poids dans le plancher océanique, alors que les coraux ont continué à croître les uns sur les autres au fur et à mesure de cet enfoncement. Le volcan des atolls est en profondeur ; pour un atoll comme Mataiva ou Takapoto sous plusieurs centaines de mètres, sinon davantage. Le cRiobe esT imPLAnTé en bAie d'oPunohu à mooReA. CrioBe’s Field sTATioN is siTuATed iN mooreA’s opuNohu BAy. Photos : P.BACChet |