FAUT QU’ON EN PARLE u Ça a commencé par un Vélib’emprunté un jour de grève. Puis, Mathilde a décidé de s’abonner pour en faire son moyen de transport principal. Mais les difficultés à trouver un engin en bon état aux bornes ont incité cette trentenaire parisienne à investir dans sa propre bicyclette. Un joli modèle vintage qui lui permet d’arriver chaque jour à l’heure à son travail. Deux ans et un bébé plus tard, la jeune femme s’interroge sur la possibilité de prendre un vélo à assistance électrique (VAE), afin de transporter plus facilement son fils. Pour elle, il n’est en tout cas plus question de revenir à une autre façon de se véhiculer. « C’est écolo, plus rapide que n’importe quel moyen de transport urbain, gratuit et cela me permet de faire de l’exercice », résume-t-elle. PASSAGE AU BRAQUET SUPÉRIEUR Des arguments qui ont convaincu les quelque 2,4 millions de Français de plus de 15 ans qui, comme elle, avaient une pratique quotidienne du vélo, si on en croit l’étude réalisée pour la Direction générale des entreprises en 2018. Ainsi, le vélo représente 4,6% des trajets quotidiens réalisés dans l’Hexagone. Bien sûr, on est loin des 24% affichés par le Danemark et des 36% aux Pays-Bas. « Mais l’année 2020 a incontestablement été celle du vélo en France », se félicite Catherine Pilon, secrétaire générale du Club des villes et territoires cyclables, et ancienne élue à Montreuil, une commune francilienne souvent citée en exemple sur le sujet. De fait, entre 2019 et en 2020, 29% de passages journaliers en plus ont été enregistrés par les compteurs installés le long des pistes cyclables par l’association Vélo & Territoires. Une « vélorution » à plusieurs vitesses cependant, puisque les villes ont constaté une augmentation de leur trafi c de 31%, pendant que les zones périurbaines et rurales ne l’ont vu progresser que 36 36 CULTUR Le « bouq 2020, l’année du vélo en France ! » de « seulement » 14% et 15%. La raison d’une telle progression ? La crise sanitaire, la volonté des Français d’éviter la promiscuité des transports en commun, et le réaménagement des chaussées par les municipalités, bien obligées de faire face à cet afflux massif de vélos. Résultat : 640 kilomètres de pistes cyclables provisoires ont vu le jour en France en 2020 ! Si toutes n’ont pas été pérennisées, la construction de ces voies a été la plupart du temps accompagnée de la mise en place de panneaux et de feux de signalisation spécifiques, de l’installation de stationnements, de bornes de réparation en accès libre, de solutions de location courte, moyenne et longue durée, d’aides financières à l’achat, de campagnes de sensibilisation à la sécurité routière, etc. Une façon de pallier les principaux freins à l’utilisation de ce mode de déplacement : la crainte des vols et des accidents. AU RAYON DESIGN Et puis, le vélo – comme, avant lui, la moto et la voiture – est devenu un objet de désir, qu’on bichonne, qu’on expose comme un objet de décoration dans son deuxpièces et, bien sûr, qu’on affiche sur Instagram (#bike #bicycle #bikelife #bikeoftheday #cycles #instacycling). Octobre 2021 |