FAUT QU’ON EN PARLE 1 t Tout a commencé un peu par hasard. « J’étais en apprentissage chez un fleuriste et je m’ennuyais un peu. Un jour, un client – qui s’est avéré être le directeur de l’institut médico-éducatif voisin – est entré en nous disant qu’il recherchait des gens pour animer des ateliers dans son établissement. J’ai proposé d’y donner des cours d’art floral. Les enfants ont adoré… et moi aussi ! Pour la première fois de ma vie, je me sentais utile. Ça a été une véritable révélation », explique Mégane, 28 ans. Depuis, la jeune femme n’a plus jamais cessé d’aider. En huit ans, elle a été bénévole aux Restos du cœur, fait des maraudes pour aider les sans-domicile fixe lyonnais, participé à des collectes de denrées alimentaires, donné des cours du soir, travaillé dans un centre pour enfants autistes. Aujourd’hui, elle cumule un job d’autoentrepreneuse dans le soutien scolaire, des responsabilités au sein de l’association SOS Familles Emmaüs, qui lutte contre le mal-endettement, et un poste de présidente dans une épicerie solidaire de sa ville. « C’est sûr, cela fait des journées bien remplies. Mais aider les autres est un besoin vital. Plus que mon travail, c’est vraiment ça qui donne un sens à ma vie », dit-elle. #CHANGERLEMONDE Mégane est loin d’être une exception. Aujourd’hui, un jeune sur cinq est bénévole dans au moins une association, révèle un sondage Médiamétrie mené pour Solidaime en 2018. Un chiffre en hausse, puisque les 15-34 ans n’étaient que 15 % à s’engager par le passé, selon la même étude. La raison d’une telle mobilisation ? L’envie d’être utile, exprimée par plus de 45 % des jeunes interrogés. 36 36 FAUT QU’ON I r Neeteleek 4 1 11 M Mais aussi la volonté d’infl uer sur le cours des choses autrement que par l’engagement citoyen traditionnel. Les chiffres sur la participation des jeunes aux élections le montrent à chaque fois. Une enquête menée par le Centre national d’études du système scolaire (Cnesco) en 2018 le confirme : 87 % des élèves de Terminale inter- Tit rogés disent n’avoir pas ou peu confiance dans les partis politiques et 78 % pas ou peu confiance dans le gouvernement. Une défiance qui se retrouve également dans les chiffres de l’OCDE, où la France apparaît nettement en deçà de la moyenne des 15-29 ans interrogés sur le sujet. À l’inverse, l’engagement des Français de moins de 35 ans y est parmi les plus élevés d’Europe. Parmi les causes les plus en vogue ? La solidarité, la lutte contre la précarité, et l’environnement, qui marque la progression la plus franche, dans toutes les études faites sur le sujet. « Logique », rétorque Vipulan, 17 ans, qui a rejoint l’association Little Citizens for Climate en réponse à l’appel lancé en 2018 par Greta Thunberg. « Avec Internet, il n’est plus possible d’ignorer les ravages du réchauffement climatique. C’est là, partout, tout le temps, sur Twitter, Facebook, Instagram, dans tes notifications, tes e-mails, ton fil info… comme une petite voix qui te dirait : Et toi, qu’est-ce que tu fais ? » “ Dans un CV, le paragraphe « bénévolat » intéresse les recruteurs... ” Septembre 2021 |