INSPIREZ-VOUS ! 58 gi3O jg, iffiC n - iffiCc FcF, ; c1 Cours d’éthique, ouverture aux sciences humaines, développement de l’économie sociale et solidaire… En ces temps d’incertitude, les écoles, confrontées à la crise existentielle de leurs diplômés, revoient leurs programmes. Texte : Claire Lefebvre. Illustration : Petica pour Air le mag Louise, fraîchement diplômée d’une école de management, vient d’être embauchée dans un cabinet de recrutement. Douée, elle se voit rapidement confier l’engagement du nouveau conseiller d’une société d’assurance. Le contrat pour sa boîte est important. La mission est valorisante et elle pourrait permettre à la jeune femme de transformer son CDD en CDI. Louise est aux anges… jusqu’à ce que le client lui précise qu’il souhaiterait un candidat homme, de 30-35 ans et d’apparence européenne. Les autres profils ne seront pas acceptés. Que doit faire la jeune femme ? L’ART EST DIFFICILE Voilà le genre de cas pratique que les étudiants de l’ISC Paris, une école de commerce réputée, sont appelés à traiter pendant leurs cours d’Éthique et responsabilité sociale d’entreprise. Le but ? « Confronter les futurs diplômés aux réalités complexes qu’ils devront affronter en tant que manager : licenciement abusif, harcèlement, homophobie, sexisme, handicap, discriminations, religion, malversations, etc. Et, ainsi, leur faire prendre conscience que l’avenir de l’entreprise ne se limite pas à sa seule rentabilité financière et à la rémunération des actionnaires. Ce qui, implicitement, les amène à se poser 58 J INSPIREZ nwwen nairmTit une question cruciale : quel impact ma décision aura-telle sur les différentes parties prenantes ? », résume la professeure Anne Sachet-Milliat. L’ISC Paris n’est pas la seule école de management à se soucier de la déontologie. Partout, la part octroyée à la responsabilité sociétale de l’entreprise, à l’économie sociale et solidaire et au développement durable augmente. Partout, des chaires dédiées se multiplient, et les cours de sciences humaines deviennent obligatoires. DES DOUTES EXISTENTIELS La crise de 2008 est passée par là. Accusées d’avoir formé des managers sans moralité, les business schools ont été contraintes de repenser leurs cursus. À cela s’ajoute un phénomène générationnel : celui de la quête de sens. Lorsqu’on les interroge sur ce qu’ils attendent de leur futur emploi*, les étudiants des grandes écoles placent en priorité l’intérêt du poste (91%), le climat de travail (86%), la nécessité d’être en phase avec les valeurs du poste (72%) et l’équilibre vie privée - vie professionnelle (72%). Quant à la rémunération, elle n’arrive qu’en neuvième position, derrière les perspectives d’évolution, la fierté que procure ce travail, les responsabilités et l’utilité. « Quand vous avez vu vos parents rentrer à la maison à 20 heures tous les soirs, pour se faire virer sans ménagement quelques années avant la retraite, ou fi nir en quasi - burn-out, vous vous dites : « À quoi bon » ? », argumente ainsi Léo, étudiant en management de 21 ans, qui se verrait vraiment bien travailler dans l’humanitaire ou le développement durable. Dans un monde de plus en plus incertain, les process absurdes et une organisation pyramidale où le seul but est de devenir chef (mais chef de quoi ? On ne sait pas…), la quête de sens apparaît comme la valeur principale. Février 2020 I |