Agir Par la Culture n°24 oct/nov/déc 2010
Agir Par la Culture n°24 oct/nov/déc 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°24 de oct/nov/déc 2010

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Présence et Action Culturelles

  • Format : (210 x 297) mm

  • Nombre de pages : 16

  • Taille du fichier PDF : 1,7 Mo

  • Dans ce numéro : à livres ouverts... le monstre doux de Raffaele Simone.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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DE L'HIVER 60 AU PRINTEMPS DE LA WALLONIE 1960 : dépôt du projet de loi unique. Réaction immédiate et négative des syndicats : la CSC veut amender le texte, la FGTB le rejette totalement. Alors que le Gouvernement Eyskens ne veut rien entendre, la grève démarre le 20 décembre. D’opposition radicale à la loi unique et alors qu’elle est plus massivement suivie en Wallonie qu’en Flandre, la grève porte aussi et de plus en plus les revendications fédéralistes de la FGTB wallonne incarnées par André Renard qui précise : « En tant que fédéraliste, je suis pour une Wallonie indépendante dans le cadre d’un Etat fédéral. Nous ne demandons qu’une chose : tenir compte de la différence de mentalités des hommes qui vivent dans des entités économiques différentes ». Nous savons comment l’histoire s’est terminée. Par une fin de grève au goût amer. Par la création de l’hebdomadaire Combat. Par des élections en mars 1961 qui conduiront à la constitution d’un Gouvernement Lefèvre-Spaak… qui a fait sortir du recensement les questions relatives à l’usage des langues. Par l’établissement de la frontière linguistique, du système des facilités, du rattachement des Fourons au Limbourg. Et par la création du Mouvement Populaire Wallon qui deviendra le principal porte-voix des revendications fédéralistes wallonnes. Puis par une succession de réformes de l’Etat. Celle de 1970 qui consacre trois Communautés culturelles et prévoit, à travers le fameux article 107 quater, trois Régions. Celle de 1980, qui donne des compétences en matières économique et d’aménagement du territoire aux Régions wallonne et flamande tout en laissant la Région de Bruxelles dans les limbes. Celle de 1988, qui crée notamment la Région de Bruxelles-Capitale grâce au sacrifice, unilatéral, des Fouronnais, qui communautarise l’enseignement et 10 LES 1. raju.knie.11 W. spaacria&E ÇIS LL233111 nr, rLa qui met en place les mécanismes de financement des entités fédérées. Celle de 1993 qui inscrit, dans la Constitution, que la Belgique est désormais un Etat fédéral et que les Régions disposent d’un parlement élu directement. Puis enfin, en 2001, les accords du Lambermont et du Lombard qui organisent le transfert de nouvelles compétences et répondent aux revendications flamandes sur une autonomie fiscale partielle. Quelles leçons tirer de ce bref rappel historique ? Si l’on envisage la réalité comme on regarde un verre à demi rempli comme étant à moitié plein, on peut en conclure que malgré une tension communautaire permanente, avec des poussées de fièvres régulières, l’Etat a continué à fonctionner vaille que vaille. Qu’il n’y pas eu de bain de sang, même s’il y a eu, régulièrement, des actes de violence, dans les Fourons et à Bruxelles. La seule certitude, inscrite dans l’histoire depuis au moins un demi-siècle, c’est que désormais les Régions seront le centre de gravité de la sphère politique. Cette affirmation de la prééminence des Régions résulte d’une longue marche des régionalistes wallons. Elle puise aussi sa vigueur, et ce fait est tout sauf anecdotique, dans l’émergence d’abord, la confirmation ensuite du fait régional bruxellois. L’émancipation de la Région Bruxelles-Capitale a en effet permis, contre la volonté flamande de baser le fédéralisme belge sur les Communautés et malgré certains atermoiements côté francophone, de faire des Régions le socle, je dirais les fondations de la construction belge. Dorénavant, c’est entre Régions dotées d’une large autonomie que cela va se jouer. Ce qui conduira à redéfinir le mode de fonctionnement de l’espace Wallonie-Bruxelles sur la base d’une coopération entre les deux régions. Wallonle'L org h : r P 1.0 ICA - -EH:Una Des toncentrations de masse Lal..r An-Jon-, réaffirmal la Valalté tes ri -. ; 04 ; Si on considère le verre comme étant à moitié vide, on ne peut que constater que les différentes réformes de l’Etat n’ont jamais répondu que partiellement et temporairement aux revendications des uns et des autres, revendications flamandes principalement. La vérité a ses droits et si les revendications sont presque toujours venues du Nord, c’est essentiellement dû à l’incapacité de l’ensemble du personnel politique wallon à définir un projet collectif pour la Wallonie. On ne peut que constater aussi que l’Etat n’a continué à fonctionner que plus ou moins correctement, les services qu’il doit à sa population étant régulièrement pris en tenailles pour ne pas dire en otages. Que depuis 50 ans la solidarité interpersonnelle, garantie par la sécurité sociale, est régulièrement attaquée. Que la Wallonie n’a pas toujours eu, loin s’en faut, l’attention et les moyens, légitimes, pour retrouver son rang économique. Personnellement, je suis de ceux qui préfèrent agir plutôt que subir, proposer plutôt que se résigner, revendiquer et non se soumettre. Nous avons mis et continuons à mettre en place des politiques structurelles qui réforment la Wallonie en profondeur et dont les retombées s’évalueront au cours des prochaines années. La mobilisation qui s’est faite autour du Plan Marshall est remarquable. Nombreux sont ceux qui estiment aujourd’hui que, sans l’existence de ce plan, une série d’entreprises innovantes n’auraient pas vu le jour. Les Wallons ont un jour fait le choix de la Région pour faire valoir leurs revendications économiques, c’est à travers leur région qu’ils réussissent aujourd’hui le redéploiement économique de la Wallonie 1161 tilliddlElownlimulirrAai. Ii 7 - ciimanANŒ 7 I. I.'I LI.1 I -1. -.—n- N. Jean-Claude Marcourt Ministre wallon de l'économie et de l'emploi
1960-2010, MéDIA ET CONFLITS SOCIAUX : DE LA PRESSE D’OPINIONS AU CONSENSUS TéLéVISUEL Au moment du conflit social de l’hiver 60, la presse écrite dominait le paysage médiatique. Plusieurs journaux se revendiquaient de la gauche politique ou syndicale : « Le Monde du travail », « Le Peuple », « La Wallonie », « La Cité » et « Le Drapeau rouge » à coté d’une presse qui exprimait clairement des opinions de droite : « La Libre Belgique », « Le Soir », « Vers l’Avenir », « la Meuse », « La Nouvelle gazette », etc. Un conflit social -et c’est vrai encore aujourd’huiest toujours un bon indicateur du positionnement d’un média sur l’axe gauche–droite. Les grèves de 60, par l’ampleur, la densité et la durée du conflit sont éclairantes à cet égard. A titre d’exemple, rappelons que le journal « La Wallonie » défendait le point de vue des travailleurs et dans une « Une » restée célèbre, appela les miliciens à fraterniser avec la classe ouvrière. Au même moment, « La Libre Belgique » titrait : « La Belgique livrée à l’anarchie » et demanda au pouvoir politique et à la police de rétablir l’ordre. D’un point de vue médiatique, il est intéressant de constater, que des opinions opposées sur le conflit étaient exprimées dans deux journaux différents, des supports distincts, physiquement identifiables. En clair, si vous achetiez La Wallonie de gauche, la défense des travailleurs était la ligne éditoriale et si vous achetiez La Libre Belgique de droite, les intérêts des patrons et du Gouvernement étaient mis en avant. Et aujourd’hui ? 1 : Coll. ILHS 2&3 : Doc. IHOES Depuis 1960, le tirage de la presse écrite est en régression permanente et la presse de gauche a disparu dans la partie francophone du pays. La télévision est devenue en 50 ans le média dominant. Toute l’info (les faits et les points de vue) passe par le même support, atténuant le clivage gauchedroite, effaçant même la divergence d’intérêts dont témoigne pourtant par essence tout conflit social, au profit d’un consensus télévisuel dont voici quelques éléments : - Lors d’un conflit, la télévision abuse de portraits individuels (psychologiques) des travailleurs, faisant passer au second rang la dimension collective du conflit : l’émotion est privilégiée au détriment des enjeux sociaux forts. - La télévision préfère l’opinion des sondés à l’opinion des mobilisés. Elle privilégie une suite de points de vue individuels triés sur la base du « bon client » : celui qui passe bien à la télévision. - La télévision a tendance à dévier le conflit travailleurs/patrons ou gouvernement vers un conflit travailleurs/usagers, passant souvent sous silence les raisons du conflit. - La hiérarchisation de l’info donne aux faits divers spectaculaires la première place mais aussi plus de temps au JT que 100.000 personnes qui manifestent contre l’austérité. - La télévision est pour la paix civile comme valeur ultime. Une manifestation doit être « bon enfant » sinon la télévision n’adhère plus… Et demain ? La télévision a-t-elle ses meilleures années derrière elle, face à la montée en puissance d’internet ? Sous nos yeux, une convergence technologique est.. I1T3. eL Eclp - 1'1111 11 Ici T 10.1111grsiow 1 en marche vers un média nouveau, mondialisé, aux mains d’entreprises privées (Google en tête), diffusant, en flux continu et à toute vitesse, des images, des sons et du texte sur les mêmes écrans, qu’ils soient fixes ou mobiles, exacerbant encore le consensus télévisuel. Bien sûr, une autre façon de penser le monde existe sur le net mais reléguée sur des sites et blogs à la marge de la toile, ils ressemblent déjà à des réserves d’indiens. Certes ils peuvent décocher quelques flèches, -et parfois ils font mouche- mais le plus souvent, ils prêchent à des convaincus et restent confidentiels. Comment élargir le cercle ? Comment être entendus par plus de citoyens et de travailleurs ? Faisons un rêve. Créer sur cette toile, un projet médiatique crédible qui rassemble des initiatives de gauche en Wallonie et à Bruxelles, et ainsi atteindre une masse critique suffisante (en moyens financiers et humains), pour faire entendre une autre musique. Un défi colossal pour la gauche mais c’est en relevant ce défi culturel et éducationnel que celle-ci existera encore demain… Giovanni Lentini Responsable de l'émission télévisée : « Regards FGTB » 11



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