DE L'HIVER 60 AU PRINTEMPS DE LA WALLONIE 1960 : dépôt du projet de loi unique. Réaction immédiate et négative des syndicats : la CSC veut amender le texte, la FGTB le rejette totalement. Alors que le Gouvernement Eyskens ne veut rien entendre, la grève démarre le 20 décembre. D’opposition radicale à la loi unique et alors qu’elle est plus massivement suivie en Wallonie qu’en Flandre, la grève porte aussi et de plus en plus les revendications fédéralistes de la FGTB wallonne incarnées par André Renard qui précise : « En tant que fédéraliste, je suis pour une Wallonie indépendante dans le cadre d’un Etat fédéral. Nous ne demandons qu’une chose : tenir compte de la différence de mentalités des hommes qui vivent dans des entités économiques différentes ». Nous savons comment l’histoire s’est terminée. Par une fin de grève au goût amer. Par la création de l’hebdomadaire Combat. Par des élections en mars 1961 qui conduiront à la constitution d’un Gouvernement Lefèvre-Spaak… qui a fait sortir du recensement les questions relatives à l’usage des langues. Par l’établissement de la frontière linguistique, du système des facilités, du rattachement des Fourons au Limbourg. Et par la création du Mouvement Populaire Wallon qui deviendra le principal porte-voix des revendications fédéralistes wallonnes. Puis par une succession de réformes de l’Etat. Celle de 1970 qui consacre trois Communautés culturelles et prévoit, à travers le fameux article 107 quater, trois Régions. Celle de 1980, qui donne des compétences en matières économique et d’aménagement du territoire aux Régions wallonne et flamande tout en laissant la Région de Bruxelles dans les limbes. Celle de 1988, qui crée notamment la Région de Bruxelles-Capitale grâce au sacrifice, unilatéral, des Fouronnais, qui communautarise l’enseignement et 10 LES 1. raju.knie.11 W. spaacria&E ÇIS LL233111 nr, rLa qui met en place les mécanismes de financement des entités fédérées. Celle de 1993 qui inscrit, dans la Constitution, que la Belgique est désormais un Etat fédéral et que les Régions disposent d’un parlement élu directement. Puis enfin, en 2001, les accords du Lambermont et du Lombard qui organisent le transfert de nouvelles compétences et répondent aux revendications flamandes sur une autonomie fiscale partielle. Quelles leçons tirer de ce bref rappel historique ? Si l’on envisage la réalité comme on regarde un verre à demi rempli comme étant à moitié plein, on peut en conclure que malgré une tension communautaire permanente, avec des poussées de fièvres régulières, l’Etat a continué à fonctionner vaille que vaille. Qu’il n’y pas eu de bain de sang, même s’il y a eu, régulièrement, des actes de violence, dans les Fourons et à Bruxelles. La seule certitude, inscrite dans l’histoire depuis au moins un demi-siècle, c’est que désormais les Régions seront le centre de gravité de la sphère politique. Cette affirmation de la prééminence des Régions résulte d’une longue marche des régionalistes wallons. Elle puise aussi sa vigueur, et ce fait est tout sauf anecdotique, dans l’émergence d’abord, la confirmation ensuite du fait régional bruxellois. L’émancipation de la Région Bruxelles-Capitale a en effet permis, contre la volonté flamande de baser le fédéralisme belge sur les Communautés et malgré certains atermoiements côté francophone, de faire des Régions le socle, je dirais les fondations de la construction belge. Dorénavant, c’est entre Régions dotées d’une large autonomie que cela va se jouer. Ce qui conduira à redéfinir le mode de fonctionnement de l’espace Wallonie-Bruxelles sur la base d’une coopération entre les deux régions. Wallonle'L org h : r P 1.0 ICA - -EH:Una Des toncentrations de masse Lal..r An-Jon-, réaffirmal la Valalté tes ri -. ; 04 ; Si on considère le verre comme étant à moitié vide, on ne peut que constater que les différentes réformes de l’Etat n’ont jamais répondu que partiellement et temporairement aux revendications des uns et des autres, revendications flamandes principalement. La vérité a ses droits et si les revendications sont presque toujours venues du Nord, c’est essentiellement dû à l’incapacité de l’ensemble du personnel politique wallon à définir un projet collectif pour la Wallonie. On ne peut que constater aussi que l’Etat n’a continué à fonctionner que plus ou moins correctement, les services qu’il doit à sa population étant régulièrement pris en tenailles pour ne pas dire en otages. Que depuis 50 ans la solidarité interpersonnelle, garantie par la sécurité sociale, est régulièrement attaquée. Que la Wallonie n’a pas toujours eu, loin s’en faut, l’attention et les moyens, légitimes, pour retrouver son rang économique. Personnellement, je suis de ceux qui préfèrent agir plutôt que subir, proposer plutôt que se résigner, revendiquer et non se soumettre. Nous avons mis et continuons à mettre en place des politiques structurelles qui réforment la Wallonie en profondeur et dont les retombées s’évalueront au cours des prochaines années. La mobilisation qui s’est faite autour du Plan Marshall est remarquable. Nombreux sont ceux qui estiment aujourd’hui que, sans l’existence de ce plan, une série d’entreprises innovantes n’auraient pas vu le jour. Les Wallons ont un jour fait le choix de la Région pour faire valoir leurs revendications économiques, c’est à travers leur région qu’ils réussissent aujourd’hui le redéploiement économique de la Wallonie 1161 tilliddlElownlimulirrAai. Ii 7 - ciimanANŒ 7 I. I.'I LI.1 I -1. -.—n- N. Jean-Claude Marcourt Ministre wallon de l'économie et de l'emploi |