32 àParis portrait Un naturaliste des rues Paris foisonne de plantes et d’animaux méconnus, et parfois surprenants… Xavier Japiot, un naturaliste pas comme les autres, nous aide à les découvrir. « Quand on pense qu’un tichodrome échelette s’est posé sur la façade de l’Odéon, le 30 janvier dernier ! » C’est peu dire qu’il est tombé dedans quand il était petit ! Haut comme trois pommes, Xavier Japiot est déjà intrigué par une pomme et ce qu’il peut bien y avoir dedans. A 5 ans, du côté de Châlons-en-Champagne, il fait ses premiers élevages d’insectes, observe les papillons, collectionne les plantes. Cet infatigable curieux, autodidacte acharné, est avant tout, homme de terrain : « J’ai fait mon service militaire dans la jungle, à la reconnaissance des frontières, en Guyane. J’initiais les soldats en mission à la manipulation et au comportement face à la faune et la flore pour prévenir les accidents mais aussi pour les émerveiller à cette nature foisonnante. Un an et demi de bonheur ! » De retour à la vie civile, Xavier Japiot enseigne la nature à la jeunesse en tant qu’intervenant dans les écoles et au sein d’associations naturalistes. Un ami entomologiste au Museum national d’histoire naturelle de Paris lui apprend que le Parc floral de Paris monte la première volière de papillons indigènes d’Europe. Il propose ses services, se passionne et entre à la Direction des Parcs et Jardins, Espaces verts de la Mairie. A chaque animal son quartier La biodiversité est la variété d’animaux et de plantes d’un site. Xavier Japiot a pour laboratoire, la nature entière. Depuis quinze ans, il étudie, recense la population animale qui partage nos murs, ce qui ne va pas sans surprise: « Quand j’ai commencé, la Seine abritait une douzaine d’espèces, on en dénombre trente-cinq, aujourd’hui. » Comment fait-on pour compter les poissons dans la Seine ? « A la pêche électrique. On envoie du courant dans un secteur délimité et les poissons, assommés, remontent à la surface. On peut également profiter de la vidange d’un canal, lorsqu’on déplace ses occupants. Pour les oiseaux et les mammifères, on utilise notamment des jumelles. Saviez-vous que des faucons crécerelles planent dans le ciel de Paris ? Que des renards peuplent le Bois de Vincennes ? » Rien moins que des prédateurs qui, en bons Parisiens, ont leurs quartiers, leurs arrondissements : « Le faucon crécerelle préfère la tour Eiffel, l’Arc de triomphe, le lycée Henri-IV, et les tours de la Défense. La chouette hulotte a ses quartiers aux Buttes-Chaumont, au parc Montsouris. Les mouettes et les goélands se sont installés à demeure le long des berges. Dans la Seine, le brochet et le silure glane se portent à merveille. Il y a peu, on a pêché un silure glane d’1,62 mètre près du pont de Neuilly. Maître renard – vrai Parisien depuis 1983 – préfère, quant à lui, le Bois de Vincennes au Bois de Boulogne. « Quand on pense qu’un tichodrome échelette, un petit oiseau des Pyrénées, s’est posé sur la façade de l’Odéon le 30 janvier dernier ! Alors qu’on ne l’avait observé que deux fois en deux siècles, à l’automne 1804 et le 21 mars 1963 ! » Eh oui, nous ne sommes pas seuls, avec nos chiens et nos chats. N’est-il pas bon de prendre, de temps en temps, les chemins de traverse en compagnie d’un naturaliste pas comme les autres ? ■ > Pour connaître la Charte régionale de la biodiversité et des milieux naturels et consulter la brochure L’Environnement naturel de Paris : www.paris.fr > Environnement/Parcs et jardins |