22 àParis citoyenneté La République baptise ses enfants De plus en plus sollicité par les familles parisiennes, le baptême civil fait son retour. Dans la salle des mariages de la mairie du 19e, une conseillère parisienne rappelle à l’auditoire que le petit Horace, fils de Camille Desmoulins (1760-1794), a été l’un des premiers enfants à recevoir le baptême républicain. Bien calé dans les bras de son père d’origine mexicaine, les yeux tournés vers sa mère, fille unique d’une famille parisienne laïque, le petit Lino, 9 mois, écoute sagement. Après un rappel des valeurs de la République, l’élue s’adresse à la marraine et au parrain et les invite à confirmer leur engagement de s’occuper de l’enfant en cas d’empêchement ou de disparition des parents. Pas d’hésitation, c’est « oui », avec juste un peu d’émotion dans la voix. Au nom de la République Le petit Lino est désormais baptisé au nom de la République, selon une cérémonie qui remonte à la Révolution française. Depuis le décret du 20 prairial, an II (8 juin 1794), les municipalités sont en effet les seules institutions habilitées à établir des actes d’état civil. DES FUNERAILLES POUR TOUS Un bouquet de fleurs, quelques mots, une plaque, un nom… Les personnes décédées à Paris, dans la rue ou à l’hôpital, et qui n’ont aucun proche pour les accompagner au cimetière, ont droit à un enterrement digne et humain. Une initiative qui concerne environ 400 personnes par an. Ainsi, chaque lundi matin, le collectif Les Morts de la rue accompagne un convoi funéraire de l’Institut médico-légal du 12 e arrondissement au cimetière parisien de Thiais pour célébrer les obsèques Destiné à faire entrer l’enfant dans la communauté républicaine de manière symbolique et à le faire adhérer à ses valeurs, le baptême républicain, appelé aussi baptême civil ou parrainage, n’est cependant prévu par aucun texte législatif et les maires ne sont donc pas tenus de le célébrer. Aucun cérémonial n’est préétabli et l’officier d’état civil n’est pas autorisé à l’inscrire sur les registres. Pour en garder la mémoire, certaines de ces défunts. La même démarche a lieu le mercredi pour les personnes sans famille décédées dans les hôpitaux parisiens. Sur place, une cérémonie est organisée en présence de membres de l’association et de particuliers souhaitant y participer. Les cercueils mairies ont toutefois ouvert des registres officieux. « C’est surtout un beau moyen de faire vivre la citoyenneté », note le maire du 9 e et les demandes de parrainage sont de plus en plus nombreuses. Ainsi, dans la capitale, 14 maires d’arrondissements(1) y répondent favorablement. La plupart d’entre eux (sauf dans les 2e, 10e, et 11 e) exigent que les parents soient domiciliés dans l’arrondissement où doit se dérouler la cérémonie. Il suffit d’en faire la demande sont déposés dans des caveaux individuels identifiés par une plaque portant le nom du défunt. Et pour chacun, le collectif énonce le nom du défunt, lit un texte laïque (poème, extrait de livre…) et dépose des fleurs. Pendant cinq ans, les familles qui le souhaitent peuvent demander le corps pour l’enterrer dans un autre cimetière. Passé ce délai, les corps sont incinérés au Père Lachaise et les cendres dispersées au Jardin du souvenir. Cette initiative est née de la volonté conjointe du collectif Les Morts de la rue et de la Mairie de par écrit, assortie des justificatifs de domicile et d’identité des parents, des parrain et marraine, et de l’extrait d’acte de naissance de l’enfant. N’hésitez pas à contacter votre mairie, les pièces demandées pouvant tout de même varier selon les arrondissements. Les cérémonies, quant à elles, se déroulent généralement dans la salle des mariages, le plus souvent le samedi après-midi. Les parents, parrain et marraine repartent avec des certificats de baptême ou « cartes de parrainage » aux couleurs de la République. Toutefois, ces documents n’ont pas de valeur juridique, l’engagement pris étant moral. Pour désigner légalement les tuteurs de ses enfants, il faut recourir à un testament notarié, ou sous seing privé (article 398 du code civil). ■ (1) Dans les 1 er, 2e, 3e, 4e, 5e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 18e, 19 e et 20e. > Renseignements auprès de votre mairie d’arrondissement. Paris qui a versé cette année 80 000 euros à la Société anonyme d’économie mixte des pompes funèbres pour assurer le transport des personnes décédées, l’achat des cercueils et des plaques et 15 000 euros pour aider l’association à procéder aux inhumations (achat des fleurs, permanence …). Déjà mise en place à Lille et à Lyon, cette initiative pourrait l’être prochainement à Rouen, Grenoble, Marseille, Biarritz … > Les Morts de la rue 19, rue J.-J.-Rousseau, 1 er. Tél. 01 42 45 08 01 ou E-mail: mortsdelarue@free.fr |