Consultante formatrice en environnement et gestion des déchets, Brigitte Mouton est l’auteure de « Mettre en œuvre la propreté urbaine » (Territorial Éditions, 2014). Elle prépare un nouvel ouvrage sur la gestion des ordures ménagères. Jean-Claude Mouton " Le principal défi, c'est la lutte contre les incivilités" La gestion de la propreté dans les grandes villes est souvent pointée du doigt. Est-ce une critique justifiée ? Ce n’est pas toujours justifié. La propreté urbaine, c’est l’éternel recommencement, surtout dans les grandes villes à forte densité. Il suffit qu’une personne jette un déchet dans la rue et on a tout de suite une impression de saleté, alors que les engins ou le personnel peuvent être passés quelques minutes plus tôt. Des moyens importants sont développés par les grandes villes, mais souvent, ils le sont tôt le matin ou tard le soir, donc ça ne se voit pas forcément. S’équiper de machines « dernier cri », est-ce une réponse suffisante pour lutter contre la saleté ? La technologie, c’est bien, mais ça ne peut pas remplacer l’humain. Les collectivités ont compris depuis quelques années que l’avenir, c’est la coordination des moyens, car les machines ne peuvent pas accéder à tous les recoins où se loge la saleté. Même avec des moyens mécaniques importants, il y aura toujours besoin de ressources humaines pour accompagner les machines [Glutton, aspiratrice et souffleuse électriques, etc.ndlr]. GRAND ANGLE — Quels sont les défis à relever pour une ville comme Paris ? Le principal défi, c’est la lutte contre les incivilités et l’éducation des usagers. Les dépôts sauvages, les jets de mégots et les déjections canines sont les pollutions les plus visibles. C’est effarant de voir le nombre de mégots qu’il y a au sol dans les villes [près de 350 tonnes de mégots sont ramassés chaque année dans la capitale,ndlr]. Pour les équipes de nettoyage, le défi à relever est celui de la réactivité. Et pour être réactif, les outils modernes comme les tablettes pour alerter les équipes d’intervention compétentes sont des moyens à développer. Faut-il sensibiliser ou sanctionner pour responsabiliser ? Je dirais les deux. Il faut continuellement sensibiliser avec des outils différents : campagnes d’affichage, expositions, communication médiatique, etc. Il faudrait aussi faire comprendre aux gens que le ramassage des déchets représente un coût pour la collectivité. Coût pris en charge par leurs impôts… Mais on ne peut pas s’exonérer des sanctions, dans la mesure où vous aurez toujours des récidivistes et d’autres qui considèrent qu’ils paient des impôts pour ça. Argument qui ne tient pas. 20 — À PARIS HIVER 2019-2020 Poubelle compactante avec cendrier, rue de Rivoli (4 e). Concrètement, que peuvent les pouvoirs publics ? Il y a un gros travail à faire au niveau du législateur. Suite à une question écrite d’un député publiée au Journal officiel en mai dernier sur les dépôts sauvages, le législateur est en train de réfléchir à la mise en place de la vidéoprotection et à l’accès pour les agents municipaux au système d’immatriculation des véhicules afin de retrouver l’auteur de l’infraction. Certes, ça pose quand même des problèmes éthiques, car on ne peut pas mettre la vidéoprotection partout… — Toute l’interview sur Paris.fr À SAVOIR Le contrevenant payeur 68 euros, c'est le montant de l'amende dont doivent s'acquitter les citoyens pour les infractions suivantes : jets de mégots, déjections canines, épanchement d'urine et abandon d'encombrants ou d'ordures dans la rue. + d'infos : Paris.fr/incivilites Joséphine Brueder/Ville de Paris |