Les Buttes-Chaumont, une ode à l’art paysager Imaginé par Napoléon III, le parc des Buttes-Chaumont est un chef-d’œuvre d’art paysager inauguré le 1er avril 1867, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris. Des falaises d’Étretat aux prairies alpines, des bosquets méditerranéens au kiosque romain qui surplombe l’île du Belvédère et son étang poissonneux… Vous voici embarqué dans la plus dépaysante des balades parisiennes, au cœur du plus grand parc intra-muros de la capitale. Splendeur napoléonienne Avec ses 25 hectares, le parc des Buttes- Chaumont est une ode à la France et à ses paysages, reconstitués de toutes pièces au XIX e siècle. « Nous sommes ici dans la représentation de la splendeur napoléonienne », explique Claude Rouanet, agente supérieure d’exploitation à la Ville de Paris et cheffe de l’atelier de jardinage des Buttes- Chaumont. C’est en effet Napoléon III qui ordonne la construction de ce jardin à l’anglaise, à la scénographie irrégulière, dans le cadre d’une politique d’urbanisation entreprise avec le baron Haussmann. L’idée : créer le premier DÉCOUVERTES — jardin public pour « amener la France et l’Empire aux Parisiens sans se déplacer », détaille Claude Rouanet. Il faudra trois petites années à l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand pour faire sortir de terre cet incroyable parc paysager. Un exploit technique, alors que toute la zone était rendue inconstructible par l’exploitation d’une carrière de gypse, désormais condamnée par une cascade de 32 mètres. Aujourd’hui, le parc est presque devenu un lieu de villégiature pour les Parisiens. Face à la mairie du 19e, une des six entrées possibles donne sur l’île du Belvédère, au sommet de laquelle culmine à plus de 30 mètres la reconstitution du temple de Sibylle. Pour y parvenir, le promeneur empruntera de petits chemins de « montagne » longés par des balustrades 28 — À PARIS ÉTÉ 2019 Amener la France et l'Empire aux Parisiens. en rocaillage, technique décorative très en vogue à l’époque. Priorité aux panoramas « Toute la scénographie du parc est réfléchie pour donner à voir aux Parisiens », précise Claude Rouanet, qui a dû redéfinir le périmètre de certains massifs pour le panorama. Cette passionnée de nature gère l’entretien, avec l’aide de 35 agents, des 108 massifs arbustifs et arborés du parc. Et de s’émerveiller devant les « arbres remarquables » des Buttes-Chaumont : ici, trois immenses platanes d’Orient déploient leur majesté sur un épais lit de lierres incliné vers le lac ; là, un splendide sophora du Japon (photo page suivante) penché au bord du rivage semble faire la cour à la Sibylle haut perchée. Une aura impériale plane indéniablement sur les Buttes-Chaumont. Émilie Chaix/Ville de Paris |