CultureIlévénement 28IlàParisIltrimestriel septembre 2006 Cabu croque Paris L’arrivée à la gare de l’Est à 16 ans En venant de Châlons-sur-Marne à l’âge de 16 ans pour travailler comme apprenti, l’arrivée à Paris par la gare de l’Est m’a laissé l’image d’une tranchée, avec le train encaissé autour d’immeubles très hauts. En 1954, les ponts qui enjambent les voies ferrées ressemblent à un décor de Léo Mallet ! La première chambre sur les Champs-Elysées De mon arrivée à 16 ans jusqu’à mon service militaire, quatre ans plus tard, j’habitais dans une chambre de bonne au 8 e étage d’un immeuble haussmannien, rue Beaujon. J’aimais les Champs le matin. Même si ce fut un choc terrible pour moi. Quand tu arrives de province, tu perds tes repères, et sur les Champs, il n’y avait pas de vie de quartier. J’étais apprenti dans un studio de dessin spécialisé dans l’emballage alimentaire installé avenue Georges-V, au-dessus du Crazy Horse Saloon. L’autre moitié de la semaine, j’allais à l’école Estienne et à l’académie Julian, rue de Berry. La rue Choron et le début de Hara Kiri Dans cette petite rue qui donne dans la rue de Maubeuge, pas loin de la gare de l’Est qui m’a accueilli à Paris, j’ai assisté au début du journal Hara Instantanés inédits de Paris-Plage A l’occasion de l’exposition gratuite organisée à l’Hôtel de Ville par la Mairie de Paris, du 21 septembre au 27 janvier, le dessinateur Cabu nous dévoile sa géographie parisienne. Kiri en 1960. C’était un quartier assez sévère. Les locaux se trouvaient au deuxième étage d’un immeuble haussmannien avec un petit balcon. Mais, il y avait là une joyeuse équipe, chacun faisait un peu tout, je réalisais parfois la maquette. J’y suis arrivé au retour de mon service militaire en Algérie. J’ai d’ailleurs baptisé Georges Bernier professeur Choron, du nom de cette rue. De 1968 à 1972, l’équipe s’est installée rue Montholon, où on a lancé Charlie Mensuel. Puis nous sommes passés sur la rive gauche, rue des Trois-Portes, près de Maubert. En 1981, ça a été la fin (provisoire) de Charlie Hebdo, puis en 1983 la mort d’Hara Kiri. Le jazz et Charles Trenet Quand je suis arrivé à Paris, je sortais beaucoup, j’allais dans les music-halls. J’y ai d’ailleurs découvert Charles Trenet. J’allais dans des salles comme l’Alhambra, rue de Malte, qui n’existe plus aujourd’hui.C’est à 16 ans que j’ai vraiment découvert le jazz, en 1954, lors d’une tournée de l’équipe de basket-ball des Harlem Globe Trotters. Entre chaque match, il y avait un chanteur complètement fou, c’était Cab Calloway. Par la suite je suis allé écouter Lionel Hampton à l’Olympia, Count Basie à la Porte de Versailles, Duke Ellington à l’Alhambra… |