IV àParis (2 e DB), de marcher sur Paris avec la 4 e division américaine en appui. L’unité française qui se bat à deux cents kilomètres dans les environs d’Argentan (Normandie) fonce sur la capitale. Le 24 août, à 20 h 45, le détachement du capitaine Dronne entre le premier dans Paris, par la porte d’Italie. L’arrivée des « Français de Leclerc » est annoncée par la radio française et leur passage, avenue d’Italie, soulève une joie immense. Il est près de 21 h 30 lorsque les trois chars et les onze half-tracks (véhicules légers) atteignent l’Hôtel de Ville sous les acclamations de la population. Ils sont accueillis par les états-majors des instances dirigeantes de la Résistance. André Carrel, vice-président du comité parisien de Libération (CPL), âgé de 87 ans, raconte : « C’était une joie sans pareille des Parisiens qui savaient la victoire proche. Une à une, les cloches des églises de la capitale se sont mises à sonner. Paris saluait sa libération en cours, la jonction entre la Résistance intérieure et celle venue de l’extérieur. Le capitaine Dronne, bousculé par la foule, a été porté en triomphe. Puis nous avons monté les grands escaliers de l’Hôtel de Ville. La Marseillaise a retenti à notre arrivée dans le bureau du préfet et Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance (CNR), a fait son discours de bienvenue. Tout à coup, un tir de mitrailleuse a percé les carreaux du grand salon. Quelqu’un a crié : « Tout le monde à plat ventre ! » A côté de moi, un de mes adjoints s’est plié de douleur. Une balle lui avait traversé la main. On ne savait pas d’où venaient les coups de feu. Sans doute des locaux de la direction des hôpitaux de Paris, face à l’Hôtel de Ville, où se trouvaient encore des soldats allemands ou des miliciens. Nous étions toujours couchés lorsque les chars de Dronne ont riposté. Le calme est revenu puis Dronne est parti à la préfecture de police où il était attendu par le préfet Luizet et Jacques Chaban-Delmas ». Le lendemain, le 25 août, les colonnes de la 2 e DB entrent à leur tour dans Paris, par les portes d’Orléans, de Gentilly et de Saint-Cloud tandis que la 4 e division US arrive par la porte d’Italie. Le long des trottoirs des milliers de Parisiens crient leur joie, embrassent les soldats, grimpent sur les chars. Robert Lauga, 23 ans à l’époque, faisait partie du groupement tactique Langlade arrivé par la porte de Saint- Cloud : « L’accueil était délirant, c’était une grande émotion, se souvient-il. La foule était tellement compacte du côté de Boulogne qu’on n’arrivait pas à avancer. Sur ma jeep, Dans l’Hôtel de Ville repris aux Allemands, Léo Hamon (assis, à droite), membre du Comité de Libération, réunit des résistants dans le bureau du Préfet. j’étais facilement accessible et les gens m’agrippaient pour m’étreindre, pour m’embrasser. J’avais le visage barbouillé de rouge à lèvres. Mais notre objectif était de passer par la place de l’Etoile et de libérer tout ce secteur. Or plus on progressait, plus la foule était clairsemée, et puis très rapidement, il n’y avait plus personne. On a compris que ça devenait sérieux. Le premier engagement a été l’hôtel Majestic, avenue Kléber. On a fait sauter les portes et le commandant Massu s’est précipité à l’intérieur avec ses fantassins. Les soldats allemands n’ont pas opposé une grande résistance et ils sont sortis les mains en l’air. » A la préfecture de police, c’est un général von Choltitz blême et épuisé qui signe à 15 h 30, avec le général Leclerc, l’acte de reddition. Le commandant allemand est ensuite accompagné au poste de commandement de Leclerc, gare Montparnasse, où il signe une vingtaine d’ordres de « cessezle-feu » destinés aux points d’appui allemands. Alors que les dernières poches de résistance ennemies sont neutralisées, le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la République française, arrive à la gare Montparnasse. La victoire Ensuite, de Gaulle se rend au ministère de la Guerre, qu’il avait quitté en 1940, rue Saint-Dominique. Il constate : « Rien n’y manque, excepté l’Etat, il m’appartient de l’y remettre. » Il est 19 heures lorsque « l’homme du 18 Juin » gagne l’Hôtel de Ville. Là, l’attendent les membres du Conseil national de la Résistance (CNR), du comité parisien de Libération (CPL). Dans le bureau du préfet, au premier étage de l’Hôtel de Ville, le Général s’adresse aux chefs de la Résistance et rend hommage, dans une allocution empreinte d’une grande émotion, à la capitale de la France : « […] Paris ! Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple, avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France toute entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle ! […] » Dehors, du parvis jusqu’au pont d’Arcole, c’est une marée humaine vibrante d’enthousiasme qui scande le nom de de Gaulle. Le lendemain, c’est le grand défilé de la victoire sur les Champs-Elysées. Après avoir ranimé la flamme du soldat inconnu, le général de àParis Le magazine d’information de la Ville de Paris juillet- août 2004 |