6 mercredi 2 décembre 2015 Réfugiés syriens Le consultant à 1800 $ par jour suscite l’indignation Le contrat de 1800 $ par jour accordé par la Ville de Montréal à un consultant pour coordonner l’accueil des réfugiés syriens continue à faire réagir. Le président de l’Association des pompiers de Montréal, Ronald Martin, s’est insurgé face à cette embauche hier, d’autant plus que des compressions budgétaires vont entraîner l’abolition de 11 postes de pompiers au Service des incendies, et ce dès le 1er février 2016. « Je n’ai rien contre M. Dorais [le consultant], mais à 1800 $ par jour, c’est scandaleux. Mes gars ne comprennent pas ça », a-t-il déploré. Exemple de Calgary Par ailleurs, l’opposition officielle Projet Montréal a fait parvenir à TVA Nouvelles un courriel démontrant que la Ville de Calgary, qui doit bientôt accueillir 1200 à 1300 réfugiés syriens, n’a recours à aucun consultant. Inspecteurs de l’AMT suspendus pour une casquette « À ma connaissance, personne n’a été engagé pour préparer l’accueil des réfugiés. Les employés de la Ville de Calgary s’en occupent dans le cadre de leurs fonctions », a déclaré Katie Turner, chargée des relations avec les citoyens. Guillaume Lavoie, conseiller municipal à Montréal et porte-parole de Projet Montréal en matière de relations internationales, a vivement réagi. « Le maire Naheed Nenshi démontre qu’il est possible de gérer l’accueil des réfugiés syriens sans embaucher un consultant à haut prix. Si Calgary est en mesure de le faire, pourquoi le maire de Montréal n’en est-il pas capable ? » a-t-il questionné. Autonomie Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, a refusé de donner son opinion sur l’embauche du consultant parce que, dit-il, le maire Coderre n’a pas à justifier ses dépenses auprès du gouvernement provincial. « L’autonomie municipale, c’est le droit de prendre des décisions au niveau local et d’avoir l’obligation de les dé- Pierre Moreau Ministre fendre face à ces contribuables, et non face au ministre des Affaires municipales », a dit M. Moreau hier. Pierre Moreau a ajouté que ce n’était pas de son ressort d’évaluer chaque embauche de fonctionnaire dans les 1133 municipalités du Québec. – agence QMi Les trains de banlieue se sont retrouvés presque sans inspecteurs, lundi, alors que l’Agence métropolitaine de Transport (AMT) les a presque tous suspendus sans solde pendant un jour pour avoir porté « illégalement » une casquette aux couleurs de leur syndicat. Au total, 35 des 38 inspecteurs qui devaient surveiller les trains de banlieue ont été renvoyés à la maison après avoir refusé d’enlever une casquette ou une tuque affichant le logo d’Unifor ainsi que le message « votre et notre sécurité, une priorité ! » a indiqué leur syndicat Unifor. Chez l’AMT, on explique que les employés ont été suspendus pour avoir porté des moyens de pression visibles alors qu’ils ont une convention collective signée en bonne et due forme. – PhoTo courToisie unifor Judette et aristil Jeanty et leurs 3 enfants, Tabitha 5 ans, Zachary 3 ans et Tamah 18 mois, ont reçu un avis de déportation. – PhoTo caMille gaïor/24h Bientôt déportés Des Haïtiens se sentent abandonnés Alors que le Canada a accepté la venue de 25 000 Syriens, des Haïtiens dont le statut de réfugié a été révoqué demandent l’intervention du nouveau gouvernement Trudeau, avant leur déportation imminente. CAMILLE GAÏOR 24 Heures camille.gaior@ quebecormedia.com « C’est faire preuve d’humanisme que d’accueillir les Syriens qui fuient la mort et les violences, mais nous aussi on la fuit », lance Fitz, arrivé il y a 7 ans, qui attend de savoir si sa demande de résidence permanente a été acceptée. Pour la famille Jeanty, le verdict est déjà tombé. « Nous avons reçu un avis de déportation pour le 17 octobre », explique Judette, accompagnée de son mari et de ses 3 enfants. Résignée à rester au Québec « pour la sécurité et l’avenir de ses enfants », cette préposée aux bénéficiaires a rapidement fait appel à un avocat pour demander un sursis. Des démarches qui ont un prix, puisque la famille y aurait consacré plus de 11 000 $ jusqu’à présent. Depuis la fin du moratoire sur la suspension des renvois, 3200 réfugiés haïtiens accueillis pour des motifs humanitaires ont dû faire des demandes de résidence permanente afin de régulariser leur statut. « À mon avis, 90% des demandes ont été acceptées, mais 200 à 300 personnes refusées c’est déjà trop, croit M e Richard Goldman, de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI). Il ne s’agit pas de faire une opposition entre deux populations, il y a de la place pour tout le monde ici. » Haïti sécuritaire Le moratoire a été levé, car « les conditions se sont améliorées et le gouvernement considère qu’il n’y a plus de risque généralisé pour la population civile », indique Immigration Canada. Une affirmation qui ne laisse actualités personne indifférent. « Ma mère a été tuée », lance Jean Samuel. « Moi, mes voisines ont été violées », ajoute Alorde, 69 ans, arrivée après le séisme. Fatima, elle, tient à montrer la photo d’un homme décédé. « C’était un opposant politique. » Parmi eux, deux sont en attente d’une date de déportation. Mesure globale Sans remettre en cause l’accueil des réfugiés syriens, le Comité d’action des personnes sans statut (CAPSS), qui devait manifester ce matin devant les bureaux de Justin Trudeau, demande une mesure « globale et inclusive ». « On veut la régularisation de tous les Haïtiens concernés par le moratoire, mais aussi une mesure à l’image de l’opération Mon Pays, mise en place par Pierre Elliott Trudeau », plaide le porte-parole Serge Bouchereau. Immigration Canada n’a pas été en mesure de confirmer le nombre d’Haïtiens en attente de déportation alors que selon l’Agence des services frontaliers du Canada, « au Québec, aucun renvoi n’a été effectué ». |