010 INTERVIEW ERIC CORRADIN UN SUPPLÉMENT THÉMATIQUE DE SMART MEDIA « Les frais de courtage conventionnels sont excessifs » Cofondateur de l’agence de courtage immobilier Neho, Eric Corradin se positionne en tant qu’acteur disruptif dans un marché longtemps marqué par l’hégémonie des grands groupes. Avec des outils digitaux, une fine expertise humaine ainsi qu’une approche contractuelle nouvelle, la jeune agence bouscule les codes. Présentation. Au sein d’un secteur immobilier longtemps tenu par les grandes agences, et leurs tarifs élevés, Neho propose de changer la donne. Pour éviter d’engendrerdes frais de courtagetrop lourds, la jeune société mise sur une approche innovante. Prometteuse, sa solution séduit un nombre declients et d’acteurs du domaine toujours plus important. Face aux géants,Neho s’impose sans complexe,enréalisant des performances qui rivalisent, voire qui dépassent, celles deses concurrents restés sur un modèle conventionnelqui semble à bout de souffle. Explications avec Eric Corradin, cofondateur et CEO de Neho. Avant de nous focaliser sur Neho, et les avantages deson approche innovante, parlez-nous du constat que vous faites du marché immobilier, etdeses problèmes. Ce marché est en effet confronté àdes réelles interrogations, notamment en matière decoûts. Car durant ces 20 dernières années, les prix de l’immobilieront doublé en Suisse.Etaveceux, les frais de courtage pratiqués par les différentes agences qui évoluent dans ce domaine ont également pris l’ascenseur.Cequi s’explique logiquement, du fait que ces tarifs sont proportionnels au prix de vente d’un bien. Pour donner un ordre d’idée, les frais de courtage habituels s’élèvent à3à4%. Sur un bien moyen enSuisse, d’environ un millions de francs, on devra donc consacrer jusqu’à 40000 francs au seul courtage. En parallèle, onbénéficie depuis les années 2000 d’un accès àunréseau global, et non plus privé, suite àl’essor des plateformes et portails immobiliers en ligne. Leconstat est donc simple : on aunmarché très cher, avec des professionnels du secteur qui pratiquent des tarifs élevés, alors que leur expertise est remise en question, tant par sa nécessité que par sa cherté. Quelle est donc l’approche de Neho, votre société lancée au début de l’année dernière ? Notre approche consiste à proposer un forfait unique et exhaustif ànos clients. Pour un particulier qui souhaite vendreson bien, notre offre comprend toutes les prestations d’une agence conventionnelle àun prix fixe de 9500 francs. Un tarif des plus concurrentiels, que nous pouvons proposer grâceaumodèle contractuelsur lequel nous basons notre activité. Le forfait que nous proposons ànos clients implique pour eux de travailler exclusivement avec nous. De cette manière nous sommes donc certains de pouvoir réaliser la vente. Les agences conventionnelles travaillent quant à elles très souvent dans levide, car leurs clients sollicitent régulièrement les services de plusieurs entités. Parconséquent, on estime que seul un tiers des ventes sur lesquelles elles travaillent est concrétisé.Afindecompenser cette importante perte,elles doivent appliquer des frais de courtage élevés pour pouvoir se rattraper sur les transactions qu’elles parviennent à finaliser. Comment estimez-vous la valeur d’un bien ? Nous nous basons sur différents outils d’estimation bancaire. Ce qui s’avère pertinent puisque ce sont les banques qui financent également les acheteurs. Outre cet outil digital, nous nous basons sur un scan régulier et complet des transactions réelles qui sont réalisées dans le marché. Enfin, nous nous déplaçons aussi sur place afin depouvoir compter sur la sensibilité et l’expertise humaine de nos agents sur le terrain, un paramètre fondamental pour l’estimation d’un bien. Avec une approche aussi disruptive, comment réagissent vos concurrents ? Il est évident que notre présence dérange certaines grandes agences. En même temps on voit clairement que notre approche répond à une réelle demande. Car cela fait déjà quelques années que les acheteurs et vendeurs remettent en cause la nécessité et le coût des prestations de courtage. On voit d’ailleurs que certaines personnes décident de s’en passer,enopérant directement entre eux via certains portails web. Tout cela démontredonc que notre offre est appréciée et arrive aubon moment. Durant ces 12 derniers mois, nous avons d’ailleurs acquis plus de 400 clients et réalisé plus de 250 ventes. Notre taux de vente se rapproche ainsi des 100%, en concrétisant une transaction par jour en moyenne et en accueillant un à deux nouveaux clients au quotidien. Des performances qui égalent, voire dépassent, celles des agences conventionnelles. Avotre avis, les acteurs traditionnels, et leurs méthodes et tarifs, sont-ils encore légitimes dans laconfiguration actuelle ? Il est clair que le métier doit se redéfinir et évoluer. Etles frais de courtage semblent en effet injustifiés …. Ce qui explique d’ailleurs que 40% des propriétaires ne font pas appel àuncourtier pour vendre leur bien. Dans ce sens, on peut dire qu’il s’agit d’un intermédiaire dont on commence à vouloir se passer. Surtout que dans le contexte actuel, avec le digital notamment, il est devenu facile d’accéder à des informations et données publiques sur la valeur des biens et les prix auxquels sont réalisées les transactions. Dans ce cadre, il devient inutile de recourir aux services de plusieurs agences. Ce qui supprime également la nécessité pour les agences conventionnelles de pratiquer des frais de courtage élevés pour combler les ventes non réalisées sur lesquelles elles ont travaillé. INTERVIEW THOMAS PFEFFERLÉ |