4 VENDREDI 7 JANVIER 2022 « Le président Macron m’a bien «emmerdé» » Réfractaires de la première heure, des lecteurs de « 20 Minutes » racontent pourquoi ils ont décidé de se faire vacciner o P Anissa Boumediene as envie, « pas besoin », ou « pas confiance » : le vaccin anti-Covid-19, ces hommes et ces femmes étaient bien décidés à passer leur tour. Mais ça, c’était avant que le chef de l’État ne leur complique la vie. « Les AVEC VOUS Hélène Sergent D non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder », a déclaré mardi soir Emmanuel Macron dans un entretien au Parisien. Par ailleurs, jeudi, le projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal a été adopté à l’Assemblée nationale. Certains réfractaires qui ont sauté le pas racontent leurs motivations. « LA PRESSION POLITIQUE A EU RAISON DE MOI. » Gérard, 75 ans, vient de recevoir sa première dose : « J’en avais Le procès du 13-Novembre suspendu epuis le 8 septembre, la cour d’assises de Paris a souvent fait office de bulle. Une enceinte imperméable au fracas du monde extérieur construite avec un objectif : rendre justice. Interrompu à l’occasion des fêtes de fin d’année, le procès des attentats du 13-Novembre s’est jusqu’ici déroulé sans heurt. C’était sans compter sur le variant Omicron. Avec l’envolée des contaminations de Covid-19, une inquiétude est montée de part et d’autre des bancs des parties civiles et de la défense : l’audience pourra-t-elle se poursuivre « normalement » ? L’annonce fin décembre de la contamination du principal accusé, Salah Abdeslam, a renforcé ces craintes. Symptomatique depuis le 23 décembre, l’unique survivant des commandos terroristes de Paris et Saint-Denis a été expertisé lundi pour savoir s’il était en état d’assister à son procès. Selon le rapport du médecin qui l’a examiné, et lu jeudi à l’audience, Salah Abdeslam ne présentait pas de risque sanitaire. Une « fumisterie » pour ses avocats, qui ont réclamé une contre-expertise et un report de l’audience. « Nous avons une vraie difficulté, parce que nous avons un expert qui nous dit qu’il serait nécessaire ACTUALITÉ assez de la privation de mes plus élémentaires libertés. Là, le président Macron m’a bien «emmerdé», et je saurai m’en souvenir au moment des élections. » « Cette pression politique pesante pour nous contraindre à la vaccination a eu raison de moi, renchérit David, 41 ans. Assumer financièrement les tests antigéniques pour pouvoir continuer à vivre ne me dérangeait pas plus que ça, mais le pass vaccinal, ça a été la goutte d’eau. » « SINON JE PERDS MON TRAVAIL. » Pour beaucoup, c’est la peur d’être privé d’emploi qui a été le déclencheur, alors que de plus en plus de secteurs et d’entreprises réclament un schéma vaccinal complet à leurs collaborateurs. « Je reprends le travail dans deux mois dans un établissement recevant du public et mon employeur m’impose la vaccination, confirme Philippe, 48 ans. Je ne peux pas vivre sans ressource, donc le vaccin est un passage obligé, mais je le fais à contrecœur. » Marie, qui a contracté le Covid-19 en juillet, a pris rendez-vous pour se faire vacciner : d’avoir des horaires aménagés sous réserve d’un test PCR négatif », a souligné l’avocate de Salah Abdeslam, M e Ronen. Or le test PCR réalisé en début de semaine était positif. Crainte de contaminations au Covid-19 Isolé depuis quatorze jours, le Belgo- Marocain est installé dans un box vitré à côté de 10 autres accusés et d’une vingtaine de gendarmes chargés de les escorter. Une situation qui rend le respect des gestes barrières « impossible », selon la défense et certains de leurs confrères des parties civiles. « La seule information claire, c’est qu’il est positif », a insisté M e Chirez, redoutant « les contaminations en cascade ». Parmi les acteurs judiciaires du procès, beaucoup se trouvaient au procès des attentats de janvier 2015, qui s’est tenu l’année dernière. Audiencé en plein rebond épidémique, il avait été interrompu un mois après la contamination de plusieurs accusés. « Il est plus prudent de perdre quelques jours plutôt que prendre le risque de créer un cluster dans le box et paralyser le procès », a résumé M e Edward Huylebrouck. Une demande entendue par la cour, qui a ordonné une contre-expertise. Deux médecins seront chargés d’examiner Salah Abdeslam et de « donner toutes précisions utiles sur sa contagiosité ». L’audience est suspendue jusqu’à mardi. Salah Abdeslam (à dr.) derrière un box vitré, à l’audience de jeudi.. B. Peyrucq/AFP Certains ont accepté une première dose par obligation. D’autres ont changé d’avis. F. Tanneau/AFP « Mon certificat de rétablissement, valable six mois, va expirer si je ne reçois pas une dose dans les prochains jours. Et comme je suis saisonnière à Val Thorens (Savoie), je n’ai pas le choix, sinon, je perds mon travail et ma vie sociale. » « L’ÉPIDÉMIE QUI S’EMBALLE ME FAIT PEUR. » Avec des nombres records de nouvelles contaminations quotidiennes (plus de 330 000 en France mercredi), les bénéfices de la vaccination l’ont emporté sur les craintes pour certains réfractaires. « Ce n’est pas le pass vaccinal qui m’a fait changer d’avis, ni le manque de viennL U SECONDES 2" u sociale, assure Marine, 29 ans, vaccinée lundi. C’est l’absence de restrictions et l’épidémie qui s’emballe qui me font peur. Et aujourd’hui, ma peur des effets à long terme du vaccin est moins grande que celle d’attraper le virus et de développer une forme grave. » « Désormais, je vois que la balance bénéfices risques penche en faveur du vaccin, estime Charlène, 24 ans. Tous mes proches sont vaccinés, ils me protègent. Alors je me dois d’en faire autant. » Comme elle, Sibel, 30 ans, a changé d’avis : « Je me suis rendu compte que j’avais plus peur du Covid-19 que du vaccin. » Retour du couvre-feu à Mayotte. Le préfet de Mayotte a annoncé jeudi le rétablissement d’un couvre-feu nocturne dans les prochains jours. Le département fait face à une flambée épidémique sans précédent liée à Omicron. Le Kazakhstan secoué par des émeutes meurtrières. Au moins 18 membres des forces de sécurité ont été tués et 748 ont été blessés au Kazakhstan, ont rapporté jeudi les agences de presse russes. Depuis plusieurs jours, des émeutes chaotiques, qui ont commencé par des manifestations contre la hausse du prix du gaz, ont lieu dans le plus grand pays d’Asie centrale. Photo : A.Bogdanov/AFP |