10 VENDREDI 7 JANVIER 2022 Militantisme Leslie Barbara Butch dézingue les codes à la mode La mannequin est l’égérie de Jean Paul Gautlier. Depuis plusieurs années, des internautes ont décidé de rester sobres tout au long du mois de janvier, pour le meilleur et le meilleur a O Charlotte Murat bjectif zéro goutte d’alcool en janvier. Dry January a débuté samedi et, pour certains, ce mois sobre est devenu une tradition. Olivier, Valentin, Nina ou encore Séverine le font depuis plusieurs années. Avec d’autres internautes, ils ont répondu à notre appel à témoignages. Après les excès de Noël et du Nouvel An, faire une petite pause s’impose. C’est comme ça que ça a commencé pour Nina, il y a quatre ans. « Ma motivation de départ, c’était un ras-le-bol de toutes les soirées trop grasses, trop riches, trop arrosées après les fêtes », + DE 20 MINUTES CULTURE VOTRE VIE VOTRE AVIS Dry January Une bonne résolution devenue tradition explique-t-elle. Pour d’autres, ce défi tout droit venu des pays anglo-saxons, et pas (encore ?) soutenu par les pouvoirs publics français, est une manière de tester son rapport à l’alcool. « On a un référentiel tordu avec l’alcool » « L’objectif est de me mettre au défi et de voir à quel point la dépendance à l’alcool était présente, détaille Olivier, qui a entamé son troisième Dry January. « Je n’ai jamais considéré avoir de problème avec l’alcool. J’en consomme pourtant régulièrement depuis mes 18 ans, ajoute Florent, qui en est à sa deuxième année. Est-ce que c’est trop ? À vrai dire, je n’en savais rien. On a souvent un référentiel tordu avec l’alcool. » Cécile, elle, se « posait des questions sur [sa] consommation d’alcool, sur le fait qu’elle soit influencée par [ses] interactions sociales, pour [se] sentir à l’aise en société ou en cas de coup dur ou coup de mou. Je Fifou La mannequin, DJ et comédienne se sert de son travail artistique pour aider les autres à s’accepter V voulais voir si j’étais capable de passer de bons moments sans alcool. » Est-ce que c’est dur ? Pour certains, oui. La première année, Nina n’a « tenu que douze jours ». Il y a des habitudes à perdre, et surtout la pression sociale à gérer. « Jean-Paul Sartre a dû tenter de faire un Dry January quand il a écrit L’enfer, c’est mn LU minutes Benjamin Chapon Si vous voulez, en ce début d’année, un bon gros shoot de pure joie et reconnaissance, revoyez donc la fin de la cérémonie des Out d’Or du 9 décembre, trophées remis par l’Association des journalistes LGBT. Leslie Barbara Butch y a reçu le prix, remis par le public, de la personnalité LGBT de l’année. « C’était un grand moment d’émotion, parce que c’est la première reconnaissance du travail militant et artistique que j’essaie de mener depuis pas mal d’années », explique l’artiste. À tout juste 40 ans, celle qui s’est fait connaître en tant que DJ et organisatrice de soirées sous le pseudo de Barbara Butch y a adjoint son prénom de naissance, Leslie. « Barbara Butch m’a sauvée plus d’une fois, j’avais besoin de ce pseudo pour me créer un masque social. J’ai ajouté Leslie parce que je suis plus en accord avec ces deux identités. » « Tout ce que j’ai, j’ai dû l’obtenir » Avant d’en arriver à accepter cette double identité, Leslie Barbara Butch a galéré : « Je suis une femme, je suis les autres, plaisante Séverine. Les amis, la famille… Toutes ces personnes qui ne comprennent pas et qui vous disent "Allez ça va, juste un verre". Dire non, ce n’est pas compliqué quand on a besoin de le dire qu’une seule fois, mais on doit le répéter à chaque fois que la -In Cu lesbienne, et je suis grosse. Tout ce que j’ai, j’ai dû l’obtenir. » Aujourd’hui également mannequin, comédienne et égérie de Jean Paul Gaultier, l’artiste tire une leçon de son parcours : « Avoir plus de visibilité, ça n’a de sens que si ça me permet de faire la lumière sur les autres. Par mon parcours, je veux aider les gens à faire leur chemin. Peu importe à quoi ils ressemblent, quel que soit leur corps, leur identité de genre, leur orientation sexuelle… On peut toutes et tous atteindre des objectifs. » Au cœur du confinement de 2020, Leslie Barbara Butch avait imaginé les fêtes virtuelles, « L’appart chez moi ». « Ces soirées, mais aussi les lives militants et politiques que j’ai organisés, étaient conçues pour éviter l’isolement, le mien notamment. » Puis en tant que mannequin, Leslie Barbara Butch a fait la une de l’hebdomadaire culturel Télérama : « La photo a été énormément vue. Et voir juste un corps gros et beau, c’est quelque chose. Cette histoire a porté un message d’acceptation de l’autre, de la différence, ça a eu un impact. C’est grâce à ça que je suis devenue une égérie de Jean Paul Gautlier… » Si la musique reste son principal média, elle navigue désormais dans le milieu de la mode. Pour résumer sa méthode, elle garde une formule : « Je m’infiltre puis je fonce. Je veux bouger les codes avec humour, bienveillance et pédagogie. » Après les excès des fêtes, une pause dans sa consommation est bienvenue, assurent des lecteurs. bouteille arrive à notre niveau. » « Heureusement, année après année, l’objectif de ce défi est mieux compris par mon entourage, se félicite Olivier. Mais je ne parviens pas encore à enrôler de nouvelles personnes. » Pourtant, les bénéfices sont nombreux pour la santé. « Dès les premiers jours, on dort mieux, on mange mieux, on a le teint plus frais et on perd du poids. Je perds en général 4 kg sur le mois », détaille Séverine. Nina, elle, a constaté « plus d’énergie et d’envie de faire les choses ». Valentin pointe les économies réalisées et, Simon, l’habitude gardée de ne plus boire d’alcool en semaine le reste de l’année. Alors, partants ? OntheRunPhoto/iStock/Getty images plus |