4 MERCREDI 5 JANVIER 2022 L’explosion actuelle des contaminations fait redouter de multiples absences d’enseignants au second trimestre ACTUALITÉ En décembre, le conseil scientifique estimait que 30% des enseignants pourraient être absents d’ici à la fin janvier à cause de la pandémie. M. Pattier/Sipa Covid-19 Éducation nationale cherche profs remplaçants « J Delphine Bancaud anvier sera tendu », a reconnu le ministre de l’Éducation, Jean- Michel Blanquer, dans une interview au Parisien publiée lundi en évoquant les prochaines semaines à l’école. En décembre, le conseil scientifique estimait que 30% des enseignants pourraient être absents d’ici à fin janvier, parce qu’ils seraient touchés par le Covid-19 ou parce qu’ils devraient garder leurs enfants à la maison. Selon Pierre Favre, vice-président du Syndicat national des écoles, la situation est déjà tendue dans certains établissements du premier degré dans quelques territoires, « comme le Sud- Est, le Nord, le Grand-Est, même s’il ne s’agit pas encore d’un scénario catastrophe », précise-t-il. Mais c’est surtout dans les établissements du second degré que les absences commencent à se faire ressentir. « Nous avons des remontées provenant des académies de Rennes, de Strasbourg et de Clermont-Ferrand, qui font part de 10% d’enseignants absents », indique Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU. Laurent Zameczkowski, porte-parole de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public, constate aussi que « les académies de Créteil et de Versailles sont touchées par de nombreuses absences d’enseignants qui ont été aggravées par la crise sanitaire ». Un souci pour l’Éducation nationale, qui a déjà du mal à gérer les absences de profs en période hors Covid-19. Anticipant les désorganisations en raison de la flambée des cas d’Omicron (lire l’encadré), le ministère de l’Éducation a élaboré une stratégie. Le nouveau protocole en place depuis lundi prévoit que les professeurs cas contacts, s’ils sont vaccinés, pourront donner cours après avoir fait un Pour limiter les absences, le ministère a suspendu pour les prochains mois les départs en formation continue. test négatif. Pour limiter les absences, le ministère a aussi suspendu pour les prochains mois les départs en formation continue. Et il souhaite recruter plus massivement des contractuels. « Ce qui permet, dans le premier degré, de passer d’une capacité de remplacement de 9% [sur la totalité des effectifs des professeurs écoles] à 12-15% selon les académies », affirme Jean-Michel Blanquer dans Le Parisien. Des campagnes de recrutements de contractuels sont déjà organisées toute l’année par les académies, « mais elles ne suffisent pas car, dans le second degré, en novembre, des élèves n’avaient pas eu de cours dans certaines disciplines faute d’enseignants », souligne Sophie Vénétitay. Les retraités à la rescousse Pour étoffer son vivier de remplaçants, le ministère mise notamment sur les anciens profs : « On a des vacataires volontaires qui ont pris leur retraite il y a un, deux ou trois ans, peut-être un peu plus, a indiqué Jean-Michel Blanquer lundi sur LCI. On parle de plusieurs centaines par académie. » Autre moyen pour le ministère de booster le vivier de remplaçants : faire appel aux étudiants « qui n’ont pas réussi leur concours mais ont des aptitudes à l’enseignement », dixit Jean-Michel Blanquer. Mais y aura-t-il assez de candidats ? Laurent Zameczkowski est pessimiste : « Les collégiens et les lycéens risquent d’avoir des emplois du temps en gruyère lors du second trimestre. Et plus les enfants accumuleront de retard dans les programmes, plus cela handicapera leur parcours scolaire. » Record de contaminations Dans un contexte toujours marqué par la flambée du variant Omicron, près de 300 000 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés en France au cours des dernières vingt-quatre heures, a annoncé mardi le ministre de la Santé, Oliver Véran. Le dernier record remonte à fin décembre, avec un peu plus de 230 000 nouveaux cas en une journée. * AVEC 200 VOUS minutes 2" u Pour les parents, « le protocole est compliqué » Fiona Bonassin À la veille de la rentrée, dimanche soir, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, a décidé de modifier le protocole sanitaire des établissements scolaires. Depuis lundi, les élèves de primaire doivent se faire tester trois fois s’ils sont cas contact. Les parents doivent ensuite attester par écrit sur l’honneur que les tests ont bien été réalisés et qu’ils sont négatifs. Maëlle a répondu à notre appel à témoignages : « [Mardi], un élève a été déclaré positif dans la classe de ma fille en CM1. Tous les parents ont été appelés pour venir chercher leur enfant et l’emmener se faire tester. Problème, le prochain rendez-vous pour un test en pharmacie n’est que jeudi à 15h. » Bienvenue dans le « casse-tête » – le mot revient souvent dans les témoignages – de la rentrée d’hiver. « Mes enfants n’en peuvent plus ! » « Le nouveau protocole est lourd, compliqué pour les parents et les enfants », se désespère Élise. Même son de cloche du côté de Gaëlle : « Le casse-tête dans l’histoire : trouver un endroit pour faire tester ma fille. Alors c’est presque 50 km aller-retour pour le test, le tout pendant mon temps de travail. » Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, les enfants et les parents enchaînent les contraintes et les changements de protocoles. « L’école est un lieu où se propage le virus, c’est inévitable », souligne Yasmine, qui imagine les scènes à venir : « Mes enfants connaissent [les tests], ils ne se laissent plus faire, et surtout pas trois fois en quatre jours. Péniblement je vais réussir à leur chatouiller les narines. Quelle mascarade ! » Christelle, elle, est au bord de la crise de nerfs : « Ces nouvelles mesures sont de trop. Déjà, les masques toute la journée, mes enfants n’en peuvent plus ! Si un cas positif arrive dans leur classe, je ferai le premier test… Mais ils ne retourneront pas à l’école, je ne veux pas leur imposer les deux autres tests à faire pour retourner dans leur classe. » Les élèves doivent passer trois tests s’ils sont cas contact (ici, jeudi à Lyon).L. Cipriani/AP/Sipa |