10 VENDREDI 3 DÉCEMBRE 2021 Le musée des Arts décoratifs, à Paris, présente des objets montrant comment des enseignes de la grande distribution ont marqué l’histoire du design français Fabien Randanne Sans que vous vous en doutiez, votre frigo ou l’un des placards de votre cuisine renferme peutêtre des pièces dignes d’être exposées dans un musée. Comme ce tube de mayonnaise dont l’emballage proclame qu’il est « le tube de l’été et du reste de l’année », ou ce paquet de biscottes mentionnant en majuscules qu’« elles ne comptent pas pour du + DE 20 MINUTES CULTURE Des affiches publicitaires de Prisunic et Monoprix sont exposées au musée des Arts décoratifs de Paris jusqu’au 15 mai. F. Randanne/20 Minutes Exposition Le design de Monop a super marché beurre ». Deux exemples parmi d’autres des packagings imaginés par la graphiste Cléo Charuet depuis 2009 et devenus emblématiques des produits de la marque Monoprix. Si ces emballages trônent toujours dans les rayons de l’enseigne, on les retrouve aussi dans l’exposition « Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française », qu’accueille le musée des Arts décoratifs (Paris, 1 er) jusqu’au 15 mai. La visite raconte comment ces deux marques, qui ont fusionné en 1997, ont imprégné l’histoire du design tricolore et l’inconscient collectif. « L’idée était de faire entrer la grande distribution au musée, explique India Mahdavi, qui en a imaginé la scénographie. C’est ça, le pop art : percevoir dans notre « C’est touchant de voir ce paysage familier ainsi exposé : on le regarde différemment. » India Mahdavi, scénographe quotidien la beauté des objets qui nous entourent. C’est touchant de voir ce paysage familier ainsi exposé : on le regarde différemment. » À la fin des années 1950, Denise Fayolle, directrice du bureau de style, a fait prendre un tournant à Prisunic. Elle a développé des collaborations avec des grands noms du design et du graphisme pour créer meubles, vêtements et accessoires de maison. « Je voulais que cette exposition traduise l’optimisme et la joie de ces années-là, souligne India Mahdavi. Prisunic a réinventé l’art de vivre et cassé les codes bourgeois. » Elle a ainsi choisi une manière ludique de présenter les 500 objets jalonnant le Un coin cuisine a été recréé pour exposer des emballages dans un cadre quotidien. F. Randanne/20 Minutes Un intérieur très années 1970, avec un lit signé Marc Held. F. Randanne/20 Minutes Cu parcours. Les spécimens les plus exceptionnels côtoient les plus banals. Par exemple, dans la première salle, un lit en plastique et fibre de verre moulé d’un seul bloc, signé Marc Held, vendu chez Prisunic au début des années 1970, attire le regard. Deux étages plus haut, un sac de courses est présenté comme un bien précieux : il est flanqué du célèbre logo en forme de cible de l’enseigne. À quelques pas de là, des affiches, réalisées par l’agence DDB Paris rappellent comment Monoprix a communiqué en pleine pandémie : « Le rayon maquillage est de nouveau essentiel. Encore un coup du lobby des miroirs », mentionne l’une d’elles sur un fond pastel. En tournant le dos, on fait face à d’autres qui ont disparu de nos rues il y a cinquante ans : des affiches sérigraphiques réalisées par FriedemannHauss, devenues pièces de collection. Des créations contemporaines au fil des inspirations En 2012, l’Italienne Paola Navone s’est amusée à décliner son motif signature (des gros pois noirs ou rouges) sur des plateaux et des tabourets. En 2013, des grands noms du stylisme tels qu’Alexis Mabille et Yiqing Yin étaient sollicités pour livrer leur interprétation de « la petite robe noire » à l’occasion d’une collection de Noël. Les frères Youssouf et Mamadou Fofana, créateurs de Maison Château Rouge, ont, en 2018, lancé une collection capsule de vêtements et accessoires de décorations célébrant leur héritage africain. |