18 JEUDI 25 NOVEMBRE 2021 CI CULTURE Remise du prix littéraire « 20 Minutes » à Giselda Gargano, dans les locaux de Prisma Media, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), mardi. O. Juszczak/20 Minutes « L’Ultime Frontière » entre engagement et désenchantement L’épopée de Giselda Gargano, qui entremêle le destin des membres d’une ONG humanitaire, prix « 20 Minutes » du roman 2021, sort ce jeudi en librairie L Stéphane Leblanc’Ultime Frontière ? « Un récit aussi poignant que passionnant », selon l’écrivain Maxime Chattam, président du jury du prix 20 Minutes, dont les mots éclairent le bandeau de couverture du beau roman que Giselda Gargano sort ce jeudi en librairie, aux éditions Nouveaux Auteurs. L’autrice italienne avait remporté ce prix 20 Minutes du roman à la rentrée. Elle plonge son lecteur dans un monde en guerre, dans lequel les destins individuels, aussi touchants soient-ils, comptent moins que le combat que chacun mène pour sauver des vies. Peu importent les lieux et les époques : entre le Vietnam des années 1970, la Bosnie « Les situations racontées dans le livre sont inspirées de la réalité. » Giselda Gargano des années 1990, la République démocratique du Congo des années 2000 et aujourd’hui, rien n’a changé, ou si peu. « Les situations racontées dans le livre sont inspirées de la réalité, souligne Giselda Gargano, ancienne journaliste pour une association humanitaire. Mais les personnages sont inventés. » Un chirurgien vétéran du Vietnam, son fils casque bleu, une infirmière rescapée de la guerre de Bosnie, la direction d’une ONG à Paris, quelques têtes brûlées sur le terrain. Des endroits où, quand la mort frappe, c’est rarement joli-joli. L’influence d’« Apocalypse Now » « L’ultime frontière, c’est celle que l’aide humanitaire repousse pour aller secourir les peuples en guerre, explique l’autrice. Mais c’est aussi celle que les pays referment dès qu’une menace point à l’horizon. » On pense crise sanitaire ou crise migratoire, mais la frontière du titre n’est pas que géographique. « J’ai pensé à celle que l’on bâtit dans sa tête ou dans son corps. L’ultime frontière, c’est celle que l’on traverse quand on passe de la vie à la mort », précise Giselda Gargano, qui évoque aussi les frontières entre la raison et la folie. « À l’origine, le roman devait s’appeler « Border Line », pour la référence au profil psychologique, ajoute-t-elle. Parce que, pour faire ce métier-là, il faut être borderline. » Dans son récit, parfois fragmentaire, éclaté comme des séquelles de blessures de guerre qui peinent à cicatriser, on sent le côté assourdissant des armes, les effets du stress et la fatigue, jusqu’à l’étourdissement. Giselda Gargano excelle pour mettre des images dans la tête de ses lecteurs. Parmi ses influences, « Si j’ai choisi la France, c’est pour sa réputation de terre d’asile. » Giselda Gargano elle cite Apocalypse Now (pour le Vietnam), bien sûr. Mais aussi Au cœur des ténèbres (Congo) ou No Man’s Land (Bosnie). Elle a du mal à remettre des titres sur tous les films auxquels elle pense. On lui glisse La Ligne rouge, de Terrence Malick, ou Underground, d’Emir Kusturica. Son visage s’éclaire : « Mais oui, cette façon si particulière de mettre en scène les animaux ! » Sans doute parce que l’autrice n’est pas francophone de naissance, son écriture n’est pas galvaudée, et son expérience la pousse à éviter les clichés. « En guerre, il n’y a ni gentils ni méchants », rappelle Giselda Gargano, dont le roman n’épargne pas les enfants. Venue d’Italie pour étudier en France, à l’âge de 25 ans, l’autrice a appris à écrire le français avant de le parler. Mais elle avait déjà des idées bien arrêtées : « Si j’ai choisi la France, c’est pour sa réputation de terre d’asile, avec des valeurs et un savoir-faire que j’admirais. » Les réalités géopolitiques l’ont fait déchanter : « J’avais besoin de parler de tout ça, non pas pour régler mes comptes, mais pour faire un bilan. » Il est teinté d’impuissance, comme si la guerre condamnait l’être humain à refaire les mêmes erreurs, et que le monde d’après ne pouvait se construire que sur des sables mouvants. Benoît Magimel fait du bien avec des larmes le Caroline Vié -in C u SECONDES 2" LJ En malade atteint d’un cancer incurable dans le film De son vivant, d’Emanuelle Bercot, sorti mercredi au cinéma, Benoît Magimel émeut aux larmes. Entre Catherine Deneuve et Cécile de France, il livre une performance remarquable dans ce mélodrame présenté hors compétition à Cannes en juillet. « Peu de scénarios m’ont autant ému, a-t-il confié à 20 Minutes. Après avoir lu l’histoire, je me suis assis par terre pour réfléchir. J’ai été comme assommé par le choc frontal que subit cet homme quand il apprend qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre. Je me suis demandé si j’aurais la force d’affronter une telle vérité. » Pour aborder ce rôle, il s’est identifié le plus possible au personnage, jusqu’à se métamorphoser physiquement : « J’ai fait trois régimes, durant lesquels j’ai perdu 20 kg à chaque fois, ce qui fait 60 au total sur un an. Je me suis aussi fait arracher des dents sur pivot pour paraître émacié. » Mais les spectateurs auront-ils envie de voir un film aussi triste après des mois de pandémie de Covid-19 ? « Pleurer au cinéma, ça fait du bien, répond l’acteur. C’est ce qui explique que les mélodrames ont autant de succès. On ressort de ce film avec l’idée que la vie vaut la peine d’être vécue. » La saison 2 d’Euphoria à voir le 10 janvier. Enfin ! La deuxième saison d’Euphoria sera lancée le 10 janvier en France sur OCS. La crise sanitaire du Covid-19 avait causé un report du tournage du teen show sombre et désenchanté, qui avait fait forte impression en 2019. Pascal Dusapin, l’un des compositeurs contemporains français les plus joués au monde, va présenter une création mondiale d’opéra inspirée de la Divine Comédie, de Dante, pour l’édition 2022 du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Changement de présidente au Festival de Salzbourg. La juriste Kristina Hammer va succéder à Helga Rabl-Stadler à la tête du Festival de Salzbourg, cette dernière tirant sa révérence après vingt-sept ans de règne. |