8 JEUDI 25 NOVEMBRE 2021 + DE 20 MINUTES HORS TERRAINS Bras de fer sportif À la force du poignet Ce jeudi, les Mondiaux d’« armwrestling » commencent en Roumanie. Une discipline très sérieuse, loin des clichés À Toulouse, Nicolas Stival C’est le grand jour. Après une année d’éclipse à cause du Covid- 19, les Championnats du monde de bras de fer commencent ce jeudi à Bucarest (Roumanie). « Quarante pays et 800 athlètes sont attendus, indique Aymeric Pradines, viceprésident de la Fédération française de force, à laquelle la discipline est rattachée. Nous aurons 18 représentants, contre 160, par exemple, pour les Kazakhstanais. Nous en sommes aux balbutiements, mais je m’appuie sur la Fédération mondiale [WAF], qui est très développée. Pour l’instant, nous sommes 300 licenciés cette saison, pour 22 clubs, et entre 400 et 450 pratiquants [les femmes se comptent sur les doigts des deux mains]. » Mais qu’entendon exactement par « bras de fer sportif » ? « Il faut qu’on arrête de croire que c’est un truc de poivrots qui se défient sur « Notre sport était sur la shortlist des JO de Paris 2024. Il n’a pas été sélectionné. » Aymeric Pradines, vice-président de la Fédération française de force un tonneau ou n’importe quoi d’autre dans un bar », prévient Pradines, par ailleurs président du Toulouse Armwrestling Club (TAC), dans la ville dont il est originaire. 20 Minutes a pu assister à une démonstration donnée par le vice-président du TAC, Thor Boutet. Ingénieur informatique, le jeune homme de 29 ans, plusieurs fois champion de France, défendra les couleurs tricolores à Bucarest chez les -75 kg. En bras gauche comme en bras droit. Thor Boutet pourrait parler de sa discipline bien plus longtemps que les dix heures d’entraînement qu’il enchaîne (muscu comprise) chaque semaine : « En anglais, on dit armwrestling, autrement dit « lutte de bras ». C’est très parlant. Cela nécessite un long apprentissage. Il faut avoir des doigts et une main forte. Tout part de là. C’est un sport complet. On fait appel à une chaîne musculaire Duel entre l’Américain Michael Todd (à g.) et le Canadien Devon Larratt. D. Goldman/AP/Sipa qui part des doigts jusqu’à la jambe, en passant par le poignet, l’avant-bras, le bras, l’épaule et le dos. La jambe permet de pousser et d’être stable. » Et pas question de se défier sur un tonneau, mais sur une table normée, aux dimensions identiques de Kinshasa à Vladivostok, avec deux elbow pads (un pour le coude de chaque participant) et deux winpads, un de chaque côté. « Celui dont le poignet touche le winpad ou passe sous la ligne imaginaire entre les deux winpads a perdu, explique Thor Boutet. Deux fautes de coude [le coude décollé de l’elbow pad] sont aussi éliminatoires. En compétition, il y a deux arbitres pour tout voir. » Le vocabulaire emprunte beaucoup à l’anglais, même si la discipline est aussi très populaire en Europe du Nord et, surtout, dans les pays de l’ancien bloc soviétique. En France, avec son club, Pradines tourne avec un budget de seulement 10 000 € , soit 5% de ce que peut toucher chaque année Le Français Thor Boutet. N. Stival/20 Minutes 2r1 Trois techniques principales Thor Boutet enfile sa tenue de professeur pour décrire les trois techniques principales : le hook (« On va rentrer dans le bras de l’adversaire en faisant un crochet avec notre poignet, pour l’amener vers soi ») , le top roll (« On va aller vers l’extérieur du poignet pour pouvoir ouvrir les doigts et le poignet de l’adversaire ») et la presse (« On va essayer très rapidement de faire passer notre poignet et celui de l’adversaire derrière notre épaule, pour pouvoir appuyer avec l’épaule et le triceps, à la manière d’un marteau »). Levan Saginashvili, énorme star de la discipline en Géorgie. Mais un prochain événement pourrait bien faire décoller la discipline pour de bon. « Notre sport était sur la shortlist des Jeux olympiques de Paris 2024, rappelle Aymeric Pradines. Il n’a pas été sélectionné, mais il est quasiment sûr qu’il sera au programme des Jeux paralympiques en 2028, à Los Angeles. » Avant de s’inviter aussi chez les valides ? Tout le petit monde du bras de fer croise les doigts. |