12 JEUDI 18 NOVEMBRE 2021 La WTA durcit le ton face à la Chine Alors que la joueuse Peng Shuai a disparu depuis le 2 novembre, l’instance est en train de changer de position E Aymeric Le Galllle avait attendu douze jours avant de s’inquiéter de la disparition de Peng Shuai, qui avait accusé un ancien vice-Premier ministre chinois de viol, le 2 novembre, sur le réseau social Weibo. Mercredi soir, la WTA n’a laissé que quelques minutes avant de réagir au communiqué attribué à l’ancienne n°1 mondiale de double, relayé par la chaîne d’État chinoise CGTN. Peng Shuai écrirait que « les informations, notamment concernant l’accusation d’agression sexuelle, sont fausses. Je ne suis ni disparue ni en danger. J’étais au repos chez moi, tout va bien. » La WTA, via son big boss, SteveSimon, ne croit pas en l’authenticité de ce communiqué : « J’ai beaucoup de mal à croire que Peng Shuai a écrit ce mail. La WTA et le reste du monde ont besoin d’une preuve indépendante et Vraiment en sécurité ? Avant le communiqué publié par la chaîne d’État chinoise CGTN, mercredi soir, l’ancien entraîneur de Peng Shuai, Romain Deffet, s’inquiétait du sort réservé à la tenniswoman. « Ce qui m’étonne, c’est qu’elle n’ait pas communiqué elle-même si, comme le disent les autorités chinoises à la WTA, elle est libre et n’a aucun problème. J’espère que tout va bien, j’ai envie de me persuader que tout va bien. » Pas sûr que le communiqué le rassure plus que ça. Romain Ntamack devrait être ouvreur face à la Nouvelle-Zélande. R. Perrocheau/AFP vérifiable qu’elle est en sécurité. J’ai essayé à de nombreuses reprises de la contacter, sans succès. Peng Shuai doit pouvoir s’exprimer librement, sans contrainte. » C’est un véritable tournant dans la communication de l’instance qui, jusqu’à présent, « avait une prise de position très diplomatique », notait Carole Gomez, directrice de recherche en géopolitique du sport à l’Iris. D’énormes intérêts financiers Comment interpréter jusqu’alors cette frilosité de la WTA ? Pour l’ancienne tenniswoman française Nathalie Tauziat, pas besoin de chercher bien loin : « L’instance a des intérêts financiers trop importants avec la Chine pour se montrer trop offensive contre elle. » Depuis plus d’une décennie, l’Asie en général, et la Chine en particulier, est devenue le terrain de jeu favori du tennis féminin, matérialisé par la construction du troisième siège social de la WTA à Pékin, en 2008. Il n’y a qu’à voir avec quelle ferveur l’ancienne boss Stacey Allaster parlait des Chinois, lors d’un forum organisé en 2015, pour comprendre tout l’amour qu’elle porte au pays asiatique : « Quand ils viennent sur un tournoi du Grand Chelem, ils disent : «Oh, regardez ce nouveau stade, regardez ce nouveau toit, il nous faut le même.» Et, un an plus tard, quand je retourne là-bas, ils l’ont construit ! » Résultat, aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 11 tournois féminins qui se déroulent là-bas. La WTA vient aussi de signer un juteux contrat pour que le Masters de fin d’année prenne ses quartiers à Shenzhen pour les dix prochaines années. De l’aveu de SteveSimon, ce deal est « de loin le plus important et Zip SPORT le plus significatif signé par la WTA depuis quarante-cinq ans ». Mieux, avec 14 millions de dollars de prize money (12,37 millions d’euros), le Masters de Shenzhen est devenu l’événement le plus lucratif de l’histoire du tennis. Et, plus largement, le marché asiatique représente la moitié des revenus de l’instance. Difficile de mordre la main qui vous nourrit. D’autant plus avec le manque à gagner engendré par l’annulation de tous les tournois en Asie à cause de la pandémie. Interrogée par Tennis Magazine Ntamack, au centre de l’attention William Pereira Petite ironie journalistique. C’est au moment où il est pressenti pour jouer à l’ouverture, tandis que Matthieu Jalibert glisserait sur le banc, que Romain Ntamack a pris le temps de parler de ses deux matchs au centre avec le XV de France, à trois jours d’affronter la Nouvelle-Zélande. « Avec n’importe quel numéro dans le dos, je vais me donner à 100%, promet le fils d’Émile Ntamack. Les automatismes sont vite venus : on s’entend très bien avec les mecs derrière, on parle le même langage rugby donc, pour se trouver, c’était assez facile. Et on Peng Shuai a accusé de viol l’ancien vice-Premier ministre chinois sur Weibo. J. Samad/AFP a vu ce que ça donnait contre la Géorgie. » Contre les Pumas, c’était un peu moins ça. Ce qui avait eu le don d’agacer le Français, qui ne l’avoue qu’à demimot : « Je voulais montrer une meilleure image, je sais que j’étais attendu et je voulais faire mieux. J’ai eu l’impression de faire un match un peu en demi-teinte. » Quant à la concurrence avec Jalibert, Ntamack n’en fait pas tout un fromage : « Il y a beaucoup d’engouement autour de nous deux et les gens peuvent avoir l’impression qu’on est en compétition tout le temps. Mais on sait qu’on s’entend bien, on discute, comme avec tous les joueurs. Il n’y a aucune animosité entre nous, bien au contraire. » n I1_I SECONDES 2" en septembre, la présidente de la WTA, Micky Lawler, admettait que cela avait eu « de lourdes conséquences » pour les caisses de l’instance. Dans son précédent communiqué, le 14 novembre, SteveSimon, n’avait cependant pas hésité à dire que la WTA ne ferait « aucun compromis » et pourrait « prendre des décisions » contre la Chine si celle-ci ne donnait pas des nouvelles de Peng Shuai ? « J’espère que la WTA osera mettre ses menaces à exécution », conclut l’ancien joueur Arnaud Di Pasquale. Federer vise un retour à l’été 2022. Opéré deux fois du genou, le Suisse (40 ans) ne devrait pas revenir sur les courts avant de longs mois. « Je serais incroyablement surpris de jouer Wimbledon », a indiqué Federer au quotidien 24 Heures. Steven Da Costa en finale des Mondiaux de karaté. Trois mois après l’or olympique, le Français Steven Da Costa s’est hissé en finale des -67 kg aux Championnats du monde de karaté, mercredi à Dubaï. Il combattra pour le titre samedi. |