8 JEUDI 18 NOVEMBRE 2021 Stève Stievenart « J’ai tout simplement appris à ne pas dormir » Grâce notamment au thé à base de gingembre frais, le Nordiste est aujourd’hui capable de rester actif quarante-huit heures. e + DE 20 MINUTES HORS TERRAINS Hellio Le Nordiste est devenu le premier Français à réussir la traversée de la Manche aller-retour et du Loch Ness à la nage Propos recueillis par François Launay À44 ans, Stève Stievenart a déjà eu plusieurs vies. Marathonien, ex-champion du monde de jet-ski, pilote de rallye, le Nordiste s’est lancé dans la nage extrême en eau libre, il y a cinq ans. Depuis, il accumule les perfs : premier Français à traverser la Manche à la nage en aller-retour, premier Tricolore à réussir la traversée du Loch Ness puis, le 11 novembre dernier, premier nageur à traverser la Manche aussi tardivement dans une année. Des exploits pour celui qui n’aimait pas vraiment nager. Comment êtes-vous devenu un nageur de l’extrême ? En 2016, j’ai fait une dépression après une séparation. Rien n’allait dans ma vie. Je ne pouvais plus payer mon loyer. J’ai vécu un an dans un hangar sans chauffage, ce qui m’a bien appris à gérer le froid. Il a fallu que je m’accroche à quelque chose. Et, depuis tout petit, j’étais fasciné par ces nageurs qui traversaient la Manche. VOTRE VIE VOTRE AVIS -In Cu Comment vous vous y êtes pris ? Je savais qu’il y avait plus d’Anglais que de Français qui tentaient la traversée pour des raisons culturelles. Du coup, j’ai rejoint le club de Douvres où ça a matché avec Kevin Murphy, qui a déjà traversé 34 fois la Manche à la nage. Il m’a pris sous son aile. Et quatre mois plus tard, j’ai réussi une première tentative, ralliant Douvres à Calais en 21 heures. Vous avez dû grossir pour devenir nageur en eau libre… Oui, j’ai voulu compenser mes carences techniques par mon adaptation à l’élément. Pour traverser la Manche, il faut prendre 7 à 10 kg par rapport à son poids de forme. C’est indispensable pour des raisons physiologiques. Si vous n’avez pas assez de réserves, c’est compliqué. Comment fait-on pour rester trente-cinq heures dans l’eau sans dormir ? Ça a été très difficile, mais j’ai tout simplement appris à ne pas dormir. J’ai une capacité aujourd’hui à rester actif pendant quarantehuit heures. Je ne prends pas de café, mais je bois beaucoup de thé à base de gingembre frais. Il faut dire que, à la différence de la course à pied ou du vélo, où on peut s’arrêter pour se reposer, c’est impossible à faire dans l’eau. On peut penser que je suis barré, mais tout se joue à des petits détails. Réseaux sociaux La pilule du métavers dure à avaler De « Matrix » à « Ready Player One », la science-fiction ne donne pas forcément envie à nos lecteurs de vivre de plus en plus dans le virtuel D Charles Montmasson evant nos yeux, les écrans se succèdent, prennent la place des interactions de la « vie réelle » … En temps de Covid-19, pas besoin d’écrire de la science-fiction pour imaginer un monde où la technologie est reine. Mais quand le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, annonce qu’il voudrait que sa société devienne une « entreprise du métavers », avec l’objectif d’injecter de plus en plus de numérique dans notre quotidien, c’est bien à des films et des livres que plusieurs lecteurs ont pensé, répondant à notre appel à témoignages. « Le Cobaye et Ready Player One deviendraient alors réalité, minutes avertit Christophe. De toute façon, quand on voit les gens plongés dans leur téléphone dans la rue, on a parfois l’impression qu’ils sont déjà dans un autre univers. » Pour Jean-Luc, il s’agit carrément « de nous précipiter dans la matrice », en référence au film de 1999 Matrix, dans lequel le héros, Neo, découvre que sa réalité n’est qu’une illusion montée par des robots. Le besoin de relations humaines De son côté, Luc se demande si « Orwell ne va pas se retourner dans sa tombe » et annonce, en attendant, qu’il « retourne vite dans sa forêt ». Dans le livre 1984, de George Orwell, la société totalitaire écrase la possibilité d’échanger entre les individus. « Je crains que tout cela nous éloigne de notre réalité en termes d’humanisme, confie Pamela. Je ne suis pas charmée du tout par ce nouveau monde. » Ce risque pour notre « humanité » est la principale critique formulée par les internautes : « Le confinement nous a montré l’importance des relations sociales réelles et le contact physique pour le bien-être de l’être humain », rappelle ainsi Martine. Un point de vue rejoint par Romain, qui dénonce « la nouvelle lubie des géants du numérique ». Pour sa part, Seri n’est « pas contre la technologie elle-même, mais contre la manière dont celle-ci sera exploitée par les Gafam[les grandes entreprises du secteur] ». Chamussy/Sipa Attention, le métavers a aussi ses défenseurs : « Lorsqu’il fait gris et froid, des mondes colorés sont à notre disposition, décrit ainsi Naoki. Lorsque l’on se sent seul, des milliers d’autres personnes de tous horizons sont présentes pour jouer, parler, partager et apprendre. » Ce qui n’empêche pas cette lectrice de s’inquiéter du « suivi de nos faits et gestes » par Facebook, et du captage des données. Pour JC, amateur de jeux vidéo, le métavers, c’est des rêves de gosse réalisés : « Je survolerais les Sept Merveilles du monde reconstituées tel Superman, participerais à des tournois de poker dans des casinos numériques et prendrais part à des batailles spatiales. Grisant ! » Ce qui ne l’empêchera pas d’appuyer sur le bouton off, de temps en temps : « Les collines de ma Provence natale n’ont pas fini de me voir les sillonner. » Et là, pas de collants de Superman sur les chaussures de rando. |