8 MERCREDI 17 NOVEMBRE 2021 + DE 20 MINUTES PLANÈTE Wee." ! ! 4'e'e re g.. - je* L’électricité devrait représenter 55% de la consommation d’énergie totale en 2050 (contre 27% aujourd’hui), selon une étude publiée fin octobre par Réseau de transport d’électricité. F. Florin/AFP Transition énergétique Un débat sous haute tension Différents scénarios anticipent une hausse de la consommation d’électricité en France d’ici à 2050. Mais à quel point ? Fabrice Pouliquen Pour ou contre le nucléaire ? La transition énergétique est souvent ramenée à cette question en France. Illustration avec l’étude publiée fin octobre par Réseau de transport d’électricité (RTE), sur les évolutions possibles de notre système de production électrique d’ici à 2050. Trois scénarios tendent vers le 100% renouvelable, et trois autres prévoient de nouveaux réacteurs nucléaires. D’une certaine façon, Emmanuel Macron a tranché le débat le 9 novembre en actant la construction de nouveaux réacteurs EPR. C’est mettre la charrue avant les bœufs ? « Il y a un débat à avoir en amont autour de notre consommation d’électricité, à quel point on fait de sa maîtrise une priorité », estime Jean-Baptiste Lebrun, directeur du Cler-Réseau pour la transition énergétique. Après avoir augmenté entre 1973 et 2010, cette consommation stagne, voire tend à diminuer (473 térawattheures [TWh] en 2019, lire l’encadré). Pourtant, il est probable qu’elle augmente d’ici à 2050. « On l’oublie, mais les deux tiers de notre consommation d’énergie finale reposent sur le pétrole et le gaz naturel », répète Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Or atteindre la neutralité carbone implique de sortir de ces deux énergies fossiles. Il y a trois principaux leviers pour y parvenir : l’efficacité énergétique des équipements, la sobriété (des usages plus appropriés) et l’électrification des usages (par exemple, en remplaçant sa voiture thermique par une électrique). La consommation d’énergie totale devrait donc baisser d’ici à 2050, et celle d’électricité augmenter. Tout l’enjeu est de savoir où placer les curseurs. RTE s’appuie sur la stratégie nationale bas carbone, qui prévoit une baisse de 40% de la consommation d’énergie finale. L’électricité, elle, devrait passer de 27% à 55%, pour atteindre 645 TWh en 2050. La sobriété, simple « variante » À ce scénario, RTE ajoute deux variantes. L’une fait l’hypothèse d’une forte réindustrialisation, avec une consommation d’électricité grimpant à 750 TWh en 2050. L’autre fait l’hypothèse d’une plus grande sobriété des usages. On serait à 555 TWh. Jean- Baptiste Lebrun tique sur le fait que cette trajectoire de sobriété soit considérée comme une « variante » par rapport au scénario central. « Ce dernier est-il le plus probable selon RTE, ou celui que pousse en coulisses le gouvernement ? », interroge le directeur du Cler. « Plus vous faites passer l’idée -In Cu que nous allons vers une forte hausse de nos consommations d’électricité, plus vous légitimez les scénarios qui impliquent la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. » L’alternative ? Mettre au cœur des politiques énergétiques l’efficacité énergétique et la sobriété, « dont on est loin d’avoir exploité les potentialités », disent Jean-Baptiste Lebrun et Nicolas Goldberg, expert énergie au cabinet Colombus Consulting. « En particulier la sobriété, note ce dernier. Elle est trop souvent réduite à des privations de liberté. Pourtant, elle peut être synonyme du contraire, comme avec le télétravail. » Le cas particulier de l’année 2020 La consommation électrique française a chuté plus encore en 2020 qu’en 2019, en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19. Elle a entraîné, selon RTE, une baisse de l’activité de l’industrie et de nombreux secteurs de l’économie. Au total, elle s’était établie à 460 TWh, soit une baisse de 3,5% par rapport à 2019. |