6 MERCREDI 17 NOVEMBRE 2021 Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a répondu en exclusivité à nos questions sur l’épidémie de Covid-19 et la crise dans les hôpitaux L Olivier Véran nous a reçue, mardi, dans son bureau au ministère des Solidarités et de la Santé, à Paris. Romuald Meigneux/Sipa pour « 20 Minutes » « Les contaminations montent vite » Propos recueillis par Oihana Gabriel es indicateurs du Covid-19 s’envolent. La France est entrée dans une cinquième vague alors que l’hôpital donne des signes d’épuisement. Au point de devoir serrer la vis une nouvelle fois face à l’épidémie ? Le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, répond aux questions de 20 Minutes. Aujourd’hui, où en est-on sur le front du Covid-19 ? La cinquième vague frappe à son tour la France, avec plus de 10 000 cas par jour, près de 20 000 ces dernières vingtquatre heures [mardi]. Les contaminations montent vite désormais. Pour le moment, les hospitalisations restent contenues grâce à la vaccination massive des Français, 90% des personnes éligibles au vaccin étant vaccinées. La quatrième vague, cet été, a été courte et ne s’est pas accompagnée d’une surcharge hospitalière massive. Mais les conditions climatiques sont beaucoup plus favorables à la circulation virale. Il est difficile d’estimer par avance quelle sera l’ampleur de la vague. ACTUALITÉ « Dans les conditions actuelles, un confinement serait disproportionné. » De premières modélisations font état d’un risque de dépasser les 1000 hospitalisations par jour d’ici à janvier. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a assuré samedi que « rien [n’était] à exclure », y compris un reconfinement. Risquons-nous d’en arriver là ? Nous n’en sommes clairement pas là. Dans les conditions actuelles de circulation du virus, de vaccination massive, d’utilisation des gestes barrières, un confinement serait disproportionné. Mais restons très prudents, car ce virus et ses variants nous ont déjà montré qu’ils pouvaient déjouer les pronostics et nous contraindre à des mesures de freinage collectives urgentes. Personne ne s’attendait à la vague épidémique actuelle aux Pays-Bas, qui a une couverture vaccinale à peine inférieure à la nôtre. N’y aurait-il pas un problème d’acceptabilité s’il fallait imposer des restrictions après vingt mois de crise et à quelques semaines de Noël ? L’OMS prévoit que, d’ici à la fin de l’hiver, on pourrait avoir jusqu’à un demimillion de morts supplémentaires en Europe, notamment si la vaccination ne progressait pas, spécialement à l’est. Il est normal d’être excédé. Mais on fait face à un ennemi qui nous contraint à adopter cette vigilance dans la durée. À quel point les hôpitaux ont-ils la capacité de faire face à cette vague ? Les hôpitaux français ont tenu. Nous n’avons pas vu en France de malades avec des bouteilles d’oxygène dans leur voiture, sur le parking d’un hôpital, ce qui a été le cas chez nos voisins italiens. Les soignants n’ont pas envie de faire face à une cinquième vague hospitalière. Mais si la situation l’exigeait, ils ont déjà montré qu’ils étaient courageux, solides et solidaires. Donc, évitons à nos hôpitaux une grosse épidémie de grippe, plus une cinquième vague de Covid-19. Beaucoup quittent l’hôpital public… Comment éviter que l’hémorragie continue ? Il n’y a pas une fuite des soignants. Mais il y a, c’est vrai, des services fragilisés. Les arrêts maladie ont légèrement augmenté, d’un point seulement. Des soignants récupèrent aussi légitimement des congés repoussés, des heures supplémentaires nombreuses depuis un an. N’est-ce pas la preuve que le Ségur a été insuffisant ? Avec le Ségur, nous avons augmenté les salaires de 183 € par mois pour tout le monde à l’hôpital. Au 1er janvier 2022, toutes les grilles salariales des soignants augmenteront à nouveau. Nous sommes en train d’investir dans des bâtiments neufs. Tout est en place pour une amélioration des conditions de travail. Mais ça n’enlève rien à la fatigue, à l’usure, à l’impatience. Il faut des années pour former des médecins, pour rénover un hôpital. Mais cette fatigue, vous pouvez la constater dans n’importe quel pays qui a vécu des vagues de Covid-19. L’UE soudée face à la crise des migrants Jean-Loup Delmas 2" Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a assuré mardi vouloir éviter que la crise migratoire à la frontière avec la Pologne (photo), qu’il est accusé d’avoir orchestrée, ne dégénère en « confrontation ardente » avec l’Union européenne. Un recul qui en dit long sur la fermeté des Vingt-Sept dans la réponse à cette crise, et sur la puissance des menaces que l’UE a fait planer. « L’Union européenne a obtenu une victoire géopolitique qu’il ne faut pas sous-estimer, estime Joséphine Staron, docteure en philosophie politique à Sorbonne Université et directrice des études et des relations internationales du think tank Synopia. Néanmoins, on peut se demander ce qu’il se serait passé si Loukachenko n’avait pas reculé, ou si la Russie avait mieux soutenu Minsk. » « Réponse franche et organisée » Certes l’Europe a eu des conditions favorables à sa victoire, mais « c’est une chance qu’elle a su provoquer par sa réponse franche et organisée », note la docteure. Surtout, c’est une affirmation de plus d’une nouvelle unité en matière de politique extérieure. Pour Sylvie Matelly, directrice adjointe à l’Institut de relations internationales et stratégiques, le début de la prise de conscience remonte à 2016. Entre l’élection d’un Donald Trump très hostile même envers ses alliés, le Brexit et l’émergence de la Chine, « l’Union européenne comprend qu’il va falloir choisir un camp, et que le meilleur camp, c’est lui-même ». Cette union, de plus en plus soudée, fonctionne d’ailleurs dans d’autres domaines que la géopolitique : le plan de relance européen face à la crise du Covid-19 montre là aussi, selon la directrice adjointe, comme l’Europe sait faire de mieux en mieux front commun. Photo : L. Shcheglov/Belta/AFP |