18 NOVEMBRE 202 1 SPORT L’alpiniste, atteint de la maladie de Stargardt, ici au pic des Spijeoles le 15 septembre, a traversé les Pyrénées en treize jours et quatre étapes. V. Chapuis/AFP Alpinisme David Labarre, les yeux dans les cieux Depuis 2017, l’alpiniste David Labarre gravit les plus hauts sommets des Alpes et des Pyrénées. La particularité de cet ancien footballeur : il est aveugle de naissance U Assia Hamdi n exploit ! Début septembre, l’alpiniste David Labarre a traversé les Pyrénées en treize jours et quatre étapes, à pied et à vélo. Une performance d’autant plus exceptionnelle que, à 33 ans, il est atteint depuis son enfance de la maladie de Stargardt : sa rétine ne peut distinguer autre chose que des formes et des taches. En partant de Pau (Pyrénées-Atlantiques), David Labarre et Morgan Périssé, son guide de haute montagne, ont rallié Aspet (Haute-Garonne), la ville d’origine de l’alpiniste. Sur leur chemin, ils ont affronté le pic du Midi d’Ossau (2 884 m), ou encore le pic des Spijeoles, ainsi que des cols phares du Tour de France, comme ceux du Tourmalet ou de Peyresourde. Christian Ravier, Rémi Thivel ou Fred Talieu, des guides références, se sont joints au binôme sur certaines étapes. À vélo avec 60 kg sur le dos « Écouter ces passionnés nous enseigner la montagne et leur expérience, c’est enrichissant !, souligne David Labarre. C’est pour ces rencontres que je me suis lancé dans cette aventure. » Mais l’expédition n’a pas été de tout repos, entre les prises périlleuses, ces moments où la végétation a menacé l’alpiniste de glissades, et les journées à rouler à vélo avec 60 kg sur le dos. Sur le parcours, les guides permettaient à David Labarre de percevoir « la bonne direction » ou « les prises qui pouvaient faire économiser de l’énergie ». Reste qu’il faisait luimême son sac, s’encordait seul, et gérait ses rappels, son piolet et ses crampons. « Je tiens à mon autonomie, précise-t-il. S’il vente ou s’il grêle, on ne peut compter que sur soi-même. » Enfant, pourtant, David Labarre ne jurait que par un sport collectif, le football. En 1998, le Mondial l’a rendu accro au ballon rond, mais le cécifoot « Je tiens à mon autonomie. S’il vente ou s’il grêle, on ne peut compter que sur soi-même. » était peu pratiqué. Ce n’est que quelques années plus tard, à 14 ans, qu’il s’y met : « C’est à cet âge que j’ai dû surmonter le décès de ma mère… Le sport m’a beaucoup aidé. » Après une carrière en club, le sportif décroche en 2012 l’argent paralympique à Londres. Mais, cinq ans plus tard, il arrête tout : « J’ai voulu revenir vers mes racines. » David Labarre se tourne vers l’alpinisme et gravit en 2017 le point culminant des Pyrénées, l’Aneto, 3 404m. « Je manquais d’entraînement, mais je n’avais jamais autant galéré dans ma vie, témoigne celui qui relate aujourd’hui ses expéditions devant des entreprises. Je me suis juré de ne plus revivre cela. » Mont-Blanc, Pyrénées… L’alpiniste, ou « pyrénéiste », comme il préfère, s’entraîne en forçat, compense sa cécité par son ouïe, performe, mais trouve le mot « défi » maladroit : « On ne défie pas la montagne car, si elle veut, elle peut nous emporter. Un jour, j’ai failli me tuer. » Aujourd’hui, cette peur et cette conscience de la mort lui font tout vivre à fond. Après un repos bien mérité, David Labarre ne sait pas encore s’il va viser plus haut. Mais est-ce bien important ? « Aujourd’hui, c’est grâce à mon problème de vue que je m’éclate autant. Je m’entraîne au quotidien, je suis tout le temps en montagne, je fais du vélo, du VTT, du ski de randonnée, des treks, beaucoup d’escalade, beaucoup de montagne… C’est ça, la vie. » Objectif sports co aux JO 2024 Après les Jeux de Tokyo, la présidente du Comité paralympique et sportif français, Marie-Amélie Le Fur, évoque un bilan très positif. « Sur un objectif de 35, on atteint 54 médailles », se réjouit la Française, triple championne paralympique en athlétisme et jeune retraitée. Mais la France ambitionne plus de médailles d’or à Paris 2024 : « On doit progresser sur les sports collectifs, en nombre d’athlètes hémiplégiques et en performances féminines. » 2^ u Le succès de la team Frédéric Sausset au Mans A.H. Pari réussi pour l’équipe du pilote automobile invalide qui a couru l’épreuve mancelle en 2016. Composée de deux pilotes paraplégiques et un valide, l’équipe de Frédéric Sausset a terminé 31 e du classement général aux 24 Heures du Mans 2021, sur 62 engagés. « Ce programme a été très compliqué à mettre en place, par sa nature, et à financer, sans oublier le Covid-19, explique-t-il. Donc le bilan est excellent ! » Accélérateur sur le volant Premier pilote quadri-amputé à terminer les 24 Heures du Mans en 2016, Frédéric Sausset a créé en 2018 la Frédéric Sausset by SRT 41, une filière dont l’objectif est d’envoyer une team composée en majorité de pilotes invalides sur l’épreuve mancelle. « C’est la course la plus difficile au monde pour un valide, précise-t-il. Alors, avec un handicap… » Pour l’épreuve, l’Oreca 07 avait été ajustée pour le Belge Nigel Bailly et le Japonais Takuma Aoki. Elle comportait un système de frein, d’embrayage, d’accélérateur au niveau du volant. Le duo paraplégique a été complété par Matthieu Lahaye, pilote valide. Maintenant que l’objectif est atteint, Frédéric Sausset prend le temps de développer des projets autour du handicap et de l’inclusion. Quant à rouler au Mans de nouveau, un jour ? « Bien sûr !, répond-il. Il faudrait rechercher des financements, y réfléchir… Mais, en 2021, le doyen des pilotes a 75 ans, donc ça me laisse de la marge ! » En 2016, Frédéric Sausset est le premier pilote handicapé à terminer les 24 Heures du Mans auto. W. Fourneau/Sipa |