6 MERCREDI 6 OCTOBRE 2021 Le rapport décrit les violences et les agressions sexuelles commises dans l’Église comme un « phénomène massif », couvert pendant des décennies par le silence. F. Tanneau/AFP (illustration) Des victimes et des attentes Le rapport Sauvé, dévoilé mardi, décrit l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église depuis 1950 en France a Delphine Bancaud T rop longtemps, les associations de défense des victimes d’abus sexuels dans l’Église ont eu l’impression de prêcher dans le désert. Elles espèrent que ce ne sera plus le cas après la parution, mardi, du rapport Sauvé. Ce document, élaboré par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), évalue à 216 000 le nombre de mineurs victimes de prêtres, diacres et religieux depuis 1950 en France. Un constat qui appelle des mesures de réparation, même si le traumatisme subi par les victimes ne pourra jamais être effacé. « Ce qu’elles veulent avant tout, c’est une reconnaissance des faits par l’Église », explique Didier Ferriot, coordinateur du Collectif des victimes des abus sexuels dans l’Église. Le mouvement semble être amorcé, car le pape François a exprimé dans la journée son « immense chagrin » face à l’« effroyable réalité » dévoilée par le rapport. Mais ces mots sont jugés insuffisants par certains représentants des victimes. « On attend surtout que les évêques de France valident les 45 recommandations du rapport », indique 200 VOUS AVEC minutes ACTUALITÉ « Il faut que la Conférence des évêques se taise et agisse. » François Devaux, victime du père Preynat Didier Ferriot. « Nous voulons une reconnaissance de la responsabilité de ceux qui ont couvert les auteurs de ces crimes, qui ont étouffé les affaires », déclare aussi Laurence Poujade, présidente de l’association Sentinelle, qui vient en aide aux victimes majeures d’abus dans les communautés religieuses. « Il faut que la Conférence des évêques se taise et agisse », lance de son côté François Devaux, victime du père Bernard Preynat. Pour aller plus loin dans l’épreuve de vérité, les associations sont favorables à la mise « Oser regarder la vérité » Selon le rapport Sauvé, il y a eu « entre 2 900 et 3 200 pédocriminels », prêtres ou religieux dans l’Église catholique en France depuis 1950. Des révélations que la majorité de nos lecteurs catholiques accueillent comme une vérité certes douloureuse, mais salvatrice. À l’instar de Grégoire : « Nous devons oser regarder la vérité. La vérité est dure, mais tellement en place des dispositifs concrets de reconnaissance que suggère la Ciase, comme des cérémonies publiques ou un mémorial des victimes. Outre cette reconnaissance globale, les associations souhaitent que les victimes soient reconnues individuellement. « Beaucoup d’entre elles ne peuvent pas passer par la case justice car les faits sont prescrits, souligne Laurence Poujade. Ou parce que la justice n’a pas pu condamner l’auteur, faute de preuves suffisantes. Ce qui arrive très souvent en cas de viol ou d’agression sexuelle. » Forte de ce constat, la Ciase recommande la création d’une instance indépendante, extérieure à l’Église, qui serait chargée de reconnaître ou non la qualité de victime. Cet organe indépendant serait aussi chargé de fixer une indemnisation correspondant à la réparation d’un préjudice. À VOIR AUSSI Dans l’Église, 216 000 victimes de religieux depuis 1950. nécessaire. » Pour Adrien, « il est temps que l’Église reconnaisse qu’il y a en son sein des hommes répugnants qui n’ont pas leur place dans notre communauté ». Il reste que, pour de nombreux lecteurs, cette épreuve dans la vie des catholiques n’ébranlera pas leur confiance dans l’institution. « Ce scandale n’affecte pas ma relation à la foi, explique Vincent. Car je crois en Dieu, et non en un prêtre. »/nnC u SECONDES 2" u Facebook et le coût de la panne Jean-Loup Delmas Lundi, Facebook a clôturé en baisse de 4,9% à Wall Street, après avoir cédé 6% en séance. En cause, une panne géante, qui a bloqué trois des principaux réseaux sociaux mondiaux, Facebook, WhatsAppet Instagram, pendant environ six heures, entre 17 h 45 et minuit. Ce qui en a fait la panne « la plus importante jamais observée » par Downdetector, qui recense les signalements des utilisateurs. « Nous présentons nos excuses à ceux qui ont été affectés », a indiqué Facebook. Au total, la fortune de Mark Zuckerberg, le patron du réseau social, a fondu de 6 milliards de dollars (5,18 milliards d’euros) en Bourse. Pour le moment, rien ne laisse penser qu’il s’agit d’une cyberattaque visant les trois plateformes appartenant à Facebook. L’incident pourrait être lié à une mise à jour ayant dérapé. Dans un communiqué, la société de Zuckerberg évoque un « changement de configuration défectueux ». Ce que confirme Cécile Morange, technicienne réseau et data center, interrogée par 20 Minutes : « Il n’y aurait pas eu de piratage lors de cet incident, comme certains auraient pu le suggérer. » Photo : Sopa Images/Sipa Les pays occidentaux exigent des explications au sujet de Navalny. Un groupe de 45 pays, dont la France, l’Allemagne et le Canada, ont exigé mardi devant l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques que la Russie fournisse des explications après l’empoisonnement en 2020 d’Alexeï Navalny. Moscou dispose de dix jours pour répondre. Pour les experts occidentaux, l’opposant au Kremlin a été victime en août 2020 de l’agent neurotoxique Novitchok conçu à l’époque soviétique. |